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3.76/5 (sur 105 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Colombus (Ohio) , le 16/05/1969
Biographie :

Julie Gregory a grandi dans le sud de l'Ohio. Diplômée en psychiatrie, elle œuvre à présent pour faire connaître le fléau de la maladie du syndrome de Münchhausen par procuration. Dans les vingt pays où il a été publié, Ma mère, mon bourreau a permis d'ouvrir le débat sur une forme de maltraitance méconnue, car très difficilement détectable.

Source : Amazon et Wikipédia
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Un après-midi, maman me colle dans la voiture.

— Il va falloir faire quelque chose pour tes cheveux.

Au salon de coiffure, je prends place sur la chaise pivotante pendant que maman demande à la femme aux ciseaux de couper très courts mes longs cheveux; la coiffeuse reste interdite. Je suis blonde depuis ma naissance mais maman affirme que, comme elle, mes cheveux vont foncer avec l’âge et prendre une teinte marron sale. Pourtant, voilà sept ans que mes cheveux sont blonds et soyeux, les pointes presque blanches à cause du soleil.

— Vous êtes sûre? demande la coiffeuse.

— Écoutez, je me bats depuis des années pour faire quelque chose de ces cheveux et regardez le résultat! Alors, faites-lui cette coupe!

C’est la première fois de ma vie que je viens chez le coiffeur; quand je regarde le résultat dans la glace, je ne comprends pas où tous mes cheveux sont passés: tout est court et complètement brun à cause de mes racines! La petite fille blonde que je voyais toujours dans le miroir a disparu.

— Mes cheveux! Je veux mes cheveux! dis-je en hurlant.

Je suis laide et je ressemble à un garçon. Je le sais parce que même maman se met à rire en me voyant.
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Je sais que ça va te faire de la peine, mon coeur, reprend-il, mais s'ils rigolent, c'est à cause de tes cheveux. Ils ne sont pas beaux et, contrairement aux autres petites filles, toi non plus tu n'es pas belle. Je sais que tu es trop bête pour comprendre mais je suis ton papa et je suis là pour te protéger, Julie. Les gens feront tout pour te faire du mal, mais ne n'inquiète pas, mon poussin : si tu restes avec moi, je prendrai soin de toi.

Je suis devenue une enfant fragile, rongée par un cancer invisible.

En général, ce sont les souvenirs les plus lourds à porter qui nous reviennent le plus facilement en mémoire. Ces souvenirs-là ont le pouvoir de changer une vie de manière fondamentale, et de façon définitive. Et peu importe que vous réussissez ou non à vous en débarrasser : ils auront laissé en vous des traces indélébiles.

Eh bien, tu vois mon sucre, je ne supporterais pas de voir mon bébé se balader en maillot de bain et être humiliée. Tu n'as pas de seins, pas de hanches, pas de fesses, Douillette. Tu es affreuse en maillot de bain. Tu sais, mon coeur, les enfants peuvent être très cruels. Ils vont rire de toi.

Papa passe la plupart de ses soirées seul, à bricoler dans le garage. Quand il est avec maman ils ne font que se hurler dessus. Ils se disputent à propos du licenciement de papa, de l'argent qu'il ne gagne plus ou du divorce qu'ils n'ont pas les moyens de payer. Nous sommes tous coincés les uns avec les autres : nerveux, désœuvrés, anxieux, stressés.

Mon père pouvait bien me frapper avec sa ceinture en cuir tressé ou avec ses poings ; m'enfoncer la pointe ferrée de ses bottes dans l'estomac jusqu'à ce que je croie mourir ; me meurtrir le visage ; me taper la tête contre l'angle de la table du salon ; m'agripper par les cheveux et me précipiter la tête contre le tableau de bord de la voiture. En revanche, il était hors de question que je laisse un étranger me frapper.

Et j'ai continué de pleurer. J'ai pleurer pour PJ. J'ai pleuré pour tout ce qu'il y avait de laid dans ce monde et que rien ni personne ne pouvait changer de toute façon.

Voilà ce qui rassasie ma mère : la promesse d'un homme à qui pouvoir se raccrocher ; troquer la mort contre l'espoir d'une nouvelle vie avec un nouvel homme.

Nous revoici Danny et moi comme au temps de la ferme, avec cette même mère enragée qui nous a toujours effrayés que nous en retenions notre souffle. Elle nous rabaisse avec une logique implacable, et il nous est impossible de remettre en question la véracité de ses paroles : nous sommes des idiots, c'est vrai. Preuves en étaient nos résultats scolaires médiocres ; preuve en est maintenant notre air maladif. Aujourd'hui encore, maman continue d'appuyer sur nos bleus douloureux pour nous faire plier.

La vérité, c'est ce que croit votre esprit, et ce que croit votre esprit, c'est ce qu'on vous a inculqué petit. Mais si quelqu'un vous a façonné l'esprit de travers, alors il faut trouver la clé qui corrigera cette distorsion.
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« En ce temps-là, papa me faisait penser à un lamantin : énorme, la peau douce, aussi propre que s'il venait de passer au lavage automatique. Son ventre tendu et rebondi laissait apparaître une peau blanche et blafarde comme la glaise. Il n'entendait rien, ne voyait rien, ne pensait rien. Seuls des éclats de rire sporadiques manifestaient sa présence dans l'obscurité du salon.
Un jour, vers l'âge de sept ans, j'étais sur le point de m'endormir quand j'entendis papa hurler : «Douillette ! Douillette !» Je me levai d'un bond en pensant qu'il y avait le feu et dévalai le couloir, manquant glisser à chaque pas à cause de mon pyjama fermé au niveau des pieds.
- Tu veux bien me préparer un toast ? demanda-t-il sans même me regarder.
Les doigts tranquillement croisés sur la poitrine, ses lourds mollets appuyés sur les charnières à tête de tortue du repose-pied de son fauteuil inclinable, papa ne quittait jamais l'écran de la télé des yeux.
Hormis les sorties chez le docteur, nous restions la plupart du temps à la maison. En fait, notre vraie vie - là-bas, dans l'impasse au bout du chemin de terre - n'avait rien à voir avec l'image que nous donnions à l'extérieur. Je possède une photo de nous tous, à l'époque où j'avais à peu près onze ans et Danny à peine quatre, près des Chutes du Nia¬gara. On nous voit tous les quatre, debout dans un faux tonneau sur le point de chavirer dans les eaux des Chutes, arborant des sourires aussi faux que les remous qui nous entourent. Mes cheveux sont teints en blond et je suis vêtue à la dernière mode. Visiblement, je respire le bonheur. »
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Si vos vêtements sale ne pataugent pas d'abord dans leur eau sale, avant que la machine ne les secoue dans tous les sens avec la lessive, jamais ils ne ressortiront propres.
Je me donne du courage avec des platitudes : "Nous somme ce que nous sommes non pas malgré l'adversité mais grâce à elle" ; "On dit que la vérité peut faire souffrir, mais la seule chose que la vérité fasse vraiment souffrir, ce sont nos illusions". Toutes ces réflexions sont les piliers qui soutiendront mes nouvelles fondations...
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Quand j’ouvre la porte du réfrigérateur, je vois des courses, pas de la nourriture. Mon estomac gargouille, mais je n’ai pas envie de manger.
L’appétit et la faim sont deux choses bien distinctes. L’appétit est le stimulus mental qui donne envie d’aller prendre de la nourriture pour la mettre dans sa bouche la mâcher et l’avaler – c’est ce que j’ai appris à mon premier cours de psychologie. Manger n’est pas qu’une réaction mécanique ; la faim doit aussi s’accompagner de désir pour amener l’individu à ingérer des aliments. Mais chez moi, cette alchimie ne se produit pas.
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...Und weil ich das glaube, fühle ich mich auch so, und weil ich mich so fühle, verhalte ich mich auch so, und weil ich mich so verhalte, behandelt mich die Welt auch so...(203)
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Die Wahrheit in meiner Vorstellung und die Wahrheit im Spiegel können gegensätzlicher nicht sein. (203)
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En ce temps-là, papa me faisait penser à un lamantin : énorme, la peau douce, aussi propre que s'il venait de passer au lavage automatique. Son ventre tendu et rebondi laissait apparaître une peau blanche et blafarde comme la glaise. Il n'entendait rien, ne voyait rien, ne pensait rien. Seuls des éclats de rire sporadiques manifestaient sa présence dans l'obscurité du salon.

Un jour, vers l'âge de sept ans, j'étais sur le point de m'endormir quand j'entendis papa hurler : «Douillette ! Douillette !» Je me levai d'un bond en pensant qu'il y avait le feu et dévalai le couloir, manquant glisser à chaque pas à cause de mon pyjama fermé au niveau des pieds.

- Tu veux bien me préparer un toast ? demanda-t-il sans même me regarder.

Les doigts tranquillement croisés sur la poitrine, ses lourds mollets appuyés sur les charnières à tête de tortue du repose-pied de son fauteuil inclinable, papa ne quittait jamais l'écran de la télé des yeux.

Hormis les sorties chez le docteur, nous restions la plupart du temps à la maison. En fait, notre vraie vie - là-bas, dans l'impasse au bout du chemin de terre - n'avait rien à voir avec l'image que nous donnions à l'extérieur. Je possède une photo de nous tous, à l'époque où j'avais à peu près onze ans et Danny à peine quatre, près des Chutes du Nia­gara. On nous voit tous les quatre, debout dans un faux tonneau sur le point de chavirer dans les eaux des Chutes, arborant des sourires aussi faux que les remous qui nous entourent. Mes cheveux sont teints en blond et je suis vêtue à la dernière mode. Visiblement, je respire le bonheur.
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L’image que j’ai de moi-même influe sur mes sentiments ; mes sentiments influent sur ma façon d’être ; et ma façon d’être influe sur la manière dont les gens me traitent.
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En général, ce sont les souvenirs les plus lourds à porter qui nous reviennent le plus facilement en mémoire. Ces souvenirs-là ont le pouvoir de changer une vie de manière fondamentale – et de façon définitive. Et peu importe que vous réussissiez ou non à vous en débarrasser : ils auront laissé en vous des traces indélébiles.
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