Je n’ai pas eu souvent l’occasion de courir après le bonheur mais j’ai eu le sentiment de le rattraper, quelquefois. Bien sûr l’amour est une chimère et s’aborde de bien des manières différentes. Mais qu’il soit exclusif, libertin, imprudent, dévoué, il est un sel dont il serait dommageable de se passer.
Les trottoirs longeaient le canal, les bâtiments semblaient flotter. Les voitures étaient remplacées par des bateaux.
Délivrer la croix, d'où le nom de croisade.
Cette aventureuse effrontée ne le laissait pas indifférent.
… répliqua Edgar avec un humour qui laissa Charlie de marbre.
Un ouvrage à plein temps qui exigeait de l'amour, mais aussi de la patience, de la générosité, et des sacrifices.
Ma révolte. L’écriture. Sans papier, ni crayon, mais noircissant d’idées l’infini territoire de mon esprit. Je tissais des histoires qui se nourrissaient des moments précieux rapportés de mon périple en Asie du Sud-Est. Des souvenirs de Thaïlande flottaient comme une heureuse rengaine entre ces murs de béton. Dès que l’occasion se présentait, et lorsque la douleur des tortures parfois moins ténues me l’autorisait, je regagnais cette campagne chimérique. Cette ultime zone de liberté que je dérobais aux gardiens se disputait ma survie avec ma conscience mutilée qui me conjurait d’en finir. Cette situation ébranla l’image que j’avais de moi. Je manquais de courage pour mettre fin à mes jours. J’espérais secrètement que cette expression de faiblesse n’était qu’un malentendu et que la nécessité de vivre l’emportait naturellement.
La mort, on l’évoque, on se la représente mais c’est un tabou que l’on élude. La vie retient toute notre attention. On s’y attache malgré son absurdité. Mais il arrive parfois d’avoir à rendre les armes prématurément. Ces sorties de routes sont dures à encaisser et lorsqu’elles ne sont pas fatales, on les interprète comme des piqûres de rappel, maintenant en éveil l’importance de chaque moment de vie. Dans ces cas-là, les fadaises, les futilités, le superflu qui retenaient notre attention ne nous accaparent plus. Aussi, quand on a senti le tranchant de la faucheuse de trop près, on réagit tous à notre façon mais il y a une vérité qui s’impose chez bon nombre des rescapés : négliger tout ce qui pollue l’essentiel.
Cyrielle fréquenta les bibliothèques et fouilla dans tous les ouvrages mis à sa disposition pour tenter de retrouver un lien entre ses bribes de songes et la réalité. Elle ne fut pas vraiment surprise de découvrir que les images capturées dans ses rêves étaient troublantes de précision, et collaient incontestablement aux photos de la Butte entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Mais cette découverte pour le moins étrange ne la renseignait pas plus sur ses origines, aussi relégua-t-elle ces images dans les abysses de sa mémoire. Pourtant, pour des raisons qu’elle ne saurait expliquer, elle se sentait en communion avec le Montmartre de cette époque.
Tous les occupants s’étaient mis d’accord sur le principe de déserter les lieux dès qu’une personne se réclamerait légitimement propriétaire de la demeure. Ils n’étaient pas mal avisés, mais cherchaient juste à se loger dans un lieu propre au loyer décent. Une chimère à proximité de Paris, avec leur petit salaire. Mais pour l’heure, le hasard s’était amusé à rassembler cinq personnes très différentes sous un même toit. Une aubaine pour mêler leur joie de vivre et confondre leur tempérament.
L’amour chahute une destinée, il s’abroge du chemin que l’on s’était tracé comme la mer d’un château de sable. Et il ouvre des fenêtres sur d’autres horizons insoupçonnés.
Bien sûr l’amour est une chimère et s’aborde de bien des manières différentes. Mais qu’il soit exclusif, libertin, imprudent, dévoué, il est un sel dont il serait dommageable de se passer. Si l’envie de mettre en mots les plus illustres pages de ma vie se trémoussait dans mon esprit depuis longtemps, je dois reconnaître à cette jeune fille qu’elle fut le déclencheur. Mais aussi parce qu’un évènement récent avait redistribué les cartes de ma vie.
Je n’ai aucune idée de qui décide du temps qui nous est imparti mais ce que je sais à présent, c’est que je saurai me montrer digne de chaque seconde de plus.