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Critiques de Julien Sansonnens (9)
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Septembre éternel

« On ne peut pas se serrer la ceinture et baisser son froc ! » scandent les manifestants en mai 2019, lors d’un mouvement revendicatif inspiré des « gilets jaunes ».



C’est dans ce bazar que Marc Calmet, 60 ans, libraire à Voiron (Isère), roule vers Paris pour signer la vente de sa boutique à un groupe de distribution chinois. Après plus de vingt ans d’activité, Marc a décider d’arrêter quand une lectrice lui a conseillé d’adopter l’écriture inclusive actant ainsi la mort de notre culture.



Marc longe la Loire via Firminy, Saint Etienne, Digoin, Gien, Vierzon, Orléans, selon « la diagonale du vide », ces territoires abandonnés où chômage, désertification, laideur, gravent notre faillite dans la géographie provinciale. « Le modèle républicain s'était fracturé contre ces façades de béton vérolé, contre le communautarisme qui régnait derrière ces fenêtres opaques, repli causé moins par choix que parce que face à la précarité et à l'absence de perspectives, l'homme cherche appui et sécurité auprès de ceux qui lui ressemblent. » Les neufs chapitres impairs du roman décrivent ce cheminement vers la capitale, en compagnie de Myriam, une infirmière partie à la rencontre de son frère.



En roulant le conducteur et sa passagère se remémorent leurs vies : Marc, fils d’un petit patron du secteur vinicole, a été postier puis journaliste avant d’acquérir le commerce d’un libraire partant en retraite. Son espoir d’un monde meilleur, bercé par les mélodies de Michel Sardou, est né à Mâcon, dans la section locale du PS (septennat VGE), s’est désenchanté en 1982, puis est mort avec « touche pas à mon pote » où Karim Hadj Nassar, un ami d’enfance, a essayé de l’entrainer. « Nous n'envisagions pas alors qu'après la légalisation des radios libres, l’augmentation de dix pour cent du SMIC et la création de l'impôt sur la fortune, on s’apprêterait à couler le Rainbow Warrior et à placer sur écoute tout ce que la République comptait d'opposants. »



Son mariage avec Marta, « une aubaine de libraire, elle achetait des ouvrages pour ses cours et une littérature plus contemporaine pour elle-même, des récits de voyage, des auteurs féminins. Elle m’a fait découvrir et apprécier l'écriture Minuit, ces Oster, ces Echenoz qui font jaillir la vie d'une économie de mots, de situations ordinaires. Je n'aurais pas lu ‘L’été, deux fois’ sans son conseil. », s’est brisé à la suite d’une aventure « 3615 Caroline ». Les huit chapitres pairs de l’ouvrage disséquent les plaies et bosses de Marc, Karim, Marta (et les enfants) et Myriam.



C’est toute l’époque 1979-2019 que radiographie Julien Sansonnens, Suisse Vaudois, militant écolo socialiste ancien député POP (Ouvrier Populaire) et son regard accablé et engagé est d’une grande acuité sur les évolutions françaises, au sein d’une Europe et d’un monde administré par des politiques et formaté par les médias déviant habilement les revendications sociales vers les émancipations sociétales. «Le monde dans lequel je suis né n’existe plus : est-ce cela qu’on appelle vieillir ? Je demeure comme retenu dans un mois de septembre éternel, dans ce peu que constitue désormais le présent, matériellement confortable et sans beaucoup d’intérêt. »



Le tableau dressé par l’auteur est passé inaperçu dans l’hexagone, où personne n’imagine lire un auteur vaudois, de surcroit édité en Suisse, « exception culturelle » oblige. Son diagnostic, aussi décapant que celui d’un Michel Houellebecq, débarrassé de ses outrances déclinistes, ouvre bien des perspectives et ébauche des amorces de solutions. « Personne n'aurait imaginé que nous allions nous convertir en quelques années au néolibéralisme soufflant d'Amérique et à la nouvelle religion des Droits de l'Homme, appelée à constituer le sous-bassement idéologique de toutes les guerres à venir, celles que nous soutiendrions le poing levé, au nom du Bien ».



Ce texte mélancolique, plein d’humour et de mélodies, est aussi un formidable hommage aux libraires et aux livres … deux espèces menacées.
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L'enfant aux étoiles

4 octobre 1994, la presse suisse et internationale découvre les morts de Cheiry et Salvan et la secte de l’Ordre du Temple solaire. Enquête, témoignage, fiction, ”roman vrai ou même réaliste” tel que le qualifie l’auteur, ce livre part à la découverte des origines des drames, de sa mystique, de ses protagonistes et plus particulièrement d’Emmanuelle, enfant d’essence divine morte dans les flammes. Un ouvrage étayé de nombreuses sources et documents d’archives qui, au-delà du sensationnel, s’attarde sans juger sur les notions de croyance, de victime et de bourreau, de dépendance et de choix.
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Septembre éternel

On ne sait pas grand chose en France de l'auteur, et sa notice wikipédia est assez elliptique; elle nous apprend cependant qu'il a milité à gauche, ce qui lui fait un point commun avec son narrateur (il est vrai désencarté depuis lontemps du PS) ,sans pour autant que l'ouvrage soit en quoi que ce soitautobiographique.

Le narrateur, donc. Marc Calmet est français, né dans les années soixante, a exercé la profession de libraire la plus grande partie de sa vie; à la soixantaine, il a vendu son commerce et droit traverser la France pour aller signer l'actede cession à Paris.

Il est résolu à s'y rendre en empruntant les départementales, à travers la France périphérique de Christophe Guilluy, alors à un moment bien particulier de son histoire, puisqu'elle est secouée par des troubles sociaux qui ne peuvent être que la crise des Gilets Jaunes, malgré un certain nombre de différences et sans qu'on comprenne pourquoi l'identification n'est pas explicite.

Le récit de Calmet se compose de trois lignes narratives imbriquées, la première qui est l'histoire de sa vie personnelle, la deuxième qui est celle de la France, des années 70 à nos jours, magistralement rancontée, la troisième celle de la crise qu'il traverse dans son voyage où nous est peint le tableau d'une France en déshérence

Et c'est là qu'est le paradoxe du livre; alors que, comme je l'ai dit, l'auteur et le narrateur sont de gauche (sans doute d'ailleurs le premier plus que le second) leur analyse de la situation de la France est aussi rigoureusement de droite qu'hélas rigoureusement exacte. Je ne reprendrai pas les analyses de l'auteur sur ce point, dont les nombreuses citations de Migdal permettent de se faire une bonne idée.

La description du voyage ,crépusculaire à souhait, est très réussie. Le narrateur traverse un pays mourant, et s'enfonce avec lui dans le désespoir et la mort, dont une rencontre ne le sauvera pas.

Quant à la France...la fin est ouverte







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L'enfant aux étoiles

Déjà, je n’ai pas aimé le tutoiement dans le livre, ça a tendance à m’énerver plus qu’autre chose, ensuite les fautes d’orthographes un peu trop nombreuses, ce n’est pas sérieux dans un livre qui est censé être lu avant publication mais passons.

L’écriture ne m’a pas plu non plus mais c’est bien pour son sujet que je l’ai terminé, pourtant il n’apporte rien de plus que la fiche wikipédia mieux résumé et sans fioritures. Si le sujet de l’Ordre du Temple et des sectes en général m’intéresse, enfin surtout comment on tombe dedans plus que les horreurs qui sont commises au sein de ces sectes, l’écriture ne m’a pas donnée envie de le finir. J’en ai lu une bonne partie avant de sauter quelques pages par ci par là parce que le style est pauvre.

Le contenu est intéressant mais encore une fois, la fiche internet de l’ODT est tout aussi complète, ce livre romancé n’apporte rien. Pourtant l’idée est bonne, perpétrer la mémoire des disparus et mettre en garde contre le danger des sectes mais il ne sert pas ces propos. L’auteur a bien essayé de contacter des anciens membres mais tous ont visiblement refusés et je peux les comprendre. Leurs témoignages auraient été un vrai plus, mais revivre des souvenirs aussi douloureux demande beaucoup de force que beaucoup n’ont plus.

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Agnus Dei

L'auteur fait une description sans concession de la société de l'époque, voire de la mentalité du pays tout entier. Par ses phrases ciselées au cordeau, parfois tranchantes comme les lames fabriquées par le personnage principal, Julien Sansonnens nous amène droit au but de l'intrigue, sans détours ni fioritures.

Témoignage d'un temps révolu ? Certains parallèles avec l'époque actuelle sont inévitables et même troublants.

Haletant !
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Agnus Dei

Après quatorze ans de réclusion, Marcel C. sort enfin de prison. Il s’installe alors dans la capitale fribourgeoise, ne souhaitant pas retourner dans son village de Gletterens. Avant son emprisonnement, il était maréchal forgeron dans cette petite commune de la Broye et tout semblait lui sourire : une jolie femme, deux enfants, une activité prospère. Alors comment en est-il venu à passer autant d’années derrière les barreaux ?



Dans son nouveau roman, basé sur un fait divers réel, Julien Sansonnens déroule l’histoire de Marcel et de Jeanne-Sarah, son épouse. Après avoir fait connaissance lors d’un bal en 1937, ils se marient et ont rapidement un fils, puis une fille. Malheureusement, la guerre arrive. Même si la Suisse n’entre pas dans le conflit, les hommes sont mobilisés et surveillent les frontières. Cette épreuve sonnera le glas du couple. Au retour de Marcel, rien ne sera plus comme avant…



Agnus Dei se situe en pleine Broye fribourgeoise, un territoire catholique, morcelé et encerclé par les Vaudois protestants. Sur ce plateau fertile, on cultive le blé, le maïs, la betterave sucrière, et surtout le tabac. Dans cette communauté resserrée, les agriculteurs apparaissent comme des forces de la nature, des gaillards travailleurs et honnêtes. Mais planent aussi un état d’esprit craintif envers les étrangers et l’extérieur, et la religion oppressante et omniprésente. Julien Sansonnens dépeint extrêmement bien ce terroir, ces vies de labeur, et ces mentalités compliquées à faire évoluer.



Grâce à son écriture ciselée et poétique, Julien Sansonnens a le sens des belles descriptions et retrace la genèse d’un drame, en explicitant subtilement les tenants et les aboutissants. L’auteur broyard nous offre un récit puissant, sombre et remuant. Une certaine empathie pourrait même surprendre le lecteur, ressentant presque de l’empathie pour le forgeron. L’évocation du destin de Marcel C. permet également d'appréhender une partie de l’histoire de la Suisse, du point de vue des campagnes, des années vingt au sortir de la seconde guerre mondiale.



Après Septembre éternel (Ed. de l’Aire, 2021), Julien Sansonnens continue sa fine observation des petits gens et des drames humains, en livrant une vision critique de notre société. Ici, au cœur de son exploration, nous trouvons la thématique du carcan de la religion – culpabilisante et directive –, des cercles restreints dans des contrées isolées, et toujours ces hommes en proie à leurs démons.



En résumé : un roman coup de poing basé sur un fait réel !



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Septembre éternel

Un homme au fond du trou se suicide dans une rue. Puis un autre drame s’ajoute à cela et c’est la France qui s’embrase. Les gouttes d’eau qui font déborder le vase d’un peuple asphyxié qui crie sa révolte. En parallèle, notre héros, Marc Calmet, vend sa libraire et décide de suivre la Loire depuis sa source pour remonter vers Paris. Ce road-trip sur les routes françaises va lui réserver des surprises et une rencontre qui va le défier dans ses convictions et ses limites.



Le récit alterne entre le présent avec Marc sur la route et avec des flashbacks sur sa vie. On plonge dans son passé à partir des années 70 alors que le futur libraire a alors 20 ans. Ces années débridées, encore insouciantes dans lesquelles avec un ami, il s’essaie au militantisme politique, au sein du parti socialiste. Ils se prennent aussi de passion pour Michel Sardou et son évocation perdure tout au long du roman. S’ensuivent les autres décennies, toujours dans le souvenir du parcours de Marc, de son expérience comme journaliste puis de son installation comme libraire, en passant par la rencontre avec sa femme, sa vie de famille, puis une certaine déchéance liée à l’âge, aux désillusions et aux accidents de la vie… jusqu’à une fin qui laisse le lecteur sous le choc !



Julien Sansonnens nous offre en filigrane de la vie de Marc, une analyse très fine de la politique, de la culture et de la sociologie de la France. Le mouvement des enchainés dans le roman n’est pas sans rappeler les gilets jaunes. Cette France du bas qui souffre, qui veut se battre pour plus de dignité. Un pays qui a sombré peu à peu dans le désenchantement après les trente glorieuses et les années insouciantes.



Malgré quelques passages un peu longuets au début, on est ensuite rapidement happé par ce road-trip. A mon sens, il faut aimer un minimum la politique et vouloir en apprendre plus au sujet de l’Héxagone pour apprécier pleinement ce roman. Je connais passablement bien ce pays, beaucoup de faits évoqués par l’auteur m’ont rappelé des souvenirs mais d’autres ont été des découvertes très intéressantes.



En résumé : une fresque sociologique, politique et culturelle de la France vue au travers de la vie d’un homme. Un roman que j’ai aimé mais qui ne parlera sans doute pas à tout le monde…


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L'enfant aux étoiles

Une approche différente sur l’histoire de l’Ordre du Temple Solaire. C’est un roman particulier qui n’est pas que de la fiction ni que de la réalité, mais l’histoire reste plausible. Julien Sansonnens s’est particulièrement intéressé à l’enfant, Emmanuelle Di Mambro (morte à 12 ans dans les flammes de Salvan en 1994) et à sa mère Elisabeth. Pour l’auteur, la naissance de cette enfant qui est présentée un peu comme « l’enfant Jésus » née d’Elisabeth et, selon Jo Di Mambro d’un esprit divin, marque le début de la dérive de la communauté. Même si je ne suis pas friande de ce genre d’histoire, le style et le déroulement du livre m’ont tenu en haleine. YR
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Agnus Dei

Sordide, ou l’histoire d’un drame annoncé ! Ce récit, issu d’un fait réel, survenu à la fin de la guerre dans la Broye fribourgeoise, narre l’exploration de la noirceur humaine. L’austère forgeron, revenu de mobilisation, ne reconnaît plus sa douce épouse. Toute sa paisible vie va éclater. A force d’humiliations, de rumeurs et de croyances religieuses, le drame ne peut que survenir, et l’horreur indicible se confirme…Une narration qui est empreinte de la vie quotidienne de l’époque dans les petits villages. MB
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