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Critiques de Karima Berger (11)
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Toi ma soeur Algerie france

Elles voulaient «goûter ensemble le sel de leur histoire». L'une est algérienne musulmane, une «indigène», une «Arabe», l'autre est une «roumia» de France ayant vécu une partie sensible de son enfance en Algérie (cinq années : 55-59, de l'âge de trois ans à huit), avec des parents «transplantés» professionnels.



Elles n'ont pas eu l'occasion de se croiser alors et encore moins «manger du sel ensemble» et pourtant, bien des années plus tard, elles ont bien des choses à dire et à se dire... les deux n'arrivant pas à se «libérer» du pays d'adoption (l'Algérie) pour l'une, du pays natal (l'Algérie encore et toujours) pour l'autre, car elles sont encore «habitées» par une histoire commune, un lieu commun, un soleil toujours éclatant et des événements partagés. Un livre à deux voix, beaucoup de questions et des réponses se terminant bien souvent... en questionnements. Il est vrai que, aussi bien pour l'une que pour l'autre, il est toujours difficile d'analyser et encore moins de juger de situations vécues durant l'enfance et les maux des autres.



La société algérienne, la guerre pour l'Indépendance, le racisme pied-noir, et /ou l'indifférence des autres à l'endroit des «indigènes», l'Islam, les religions, la tolérance, les personnalités qui ont marqué l'histoire coloniale ( dont l'Emir Abdelkader, le Cardinal Duval, Camus, Germaine Tillon,...), les croyances, la femme, les lieux (Tipasa, Alger, Timimoun....), l'exil... tout y passe, nous laissant parfois sur notre faim. Mais ce qui transparaît le plus, c'est bien un amour «fou» (avec ses souffrances, ses angoisses et ses joies) pour l'Algérie telle qu'elle a été vécue certes (avec des yeux d'enfant, cela s'entend), mais aussi telle qu'elle est aujourd'hui. Et, toujours, de l'espoir.

Avis : Un ouvrage à deux voix, et tout particulièrement en forme d'essai, est toujours difficile à lire. Et, quand les sujets sont délicats, la liberté de ton ne cache pas toutes les divergences, la guerre laissant toujours des traces même chez ceux et celles les moins engagées. Une psychothérapie à deux ? Un livre –défouloir ? Un livre qui tente de rassembler, surtout !

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Hégires

Depuis la conception de l’univers, l’exil, ou sous son appellation musulmane l’hégire, fait partie de l’histoire de l’humanité. Les Livres sacrés nous content comment les premiers hommes ont quitté terre, femme et enfants pour se protéger, se reconstruire et se renouveler. Faisant écho à son histoire personnelle, Karima Berger, elle-même exilée en France depuis plus d’une quarantaine d’années, nous raconte ces Hégires qui ont façonné le monde et l’Islam. De Hagar (servante du prophète Abraham), Marie et Jésus en Égypte, en passant par l’émir Abdelkader et même les harragas, cet essai, , reprend les écrits coraniques et bibliques dans un récit qui se transforme en quête. Quête de soi, après l’effacement de l’être face à son exil, quête de l’Autre, duquel on s’éloigne, physiquement et émotionnellement, ou dont on tente de se rapprocher quand la solitude insondable de l’exode se fait ressentir.



S’appuyant principalement sur le Coran, les traditions maghrébines et ses souvenirs d’enfance, Berger, forte d’une expérience qu’elle couche dans ce livre-témoignage, nous transmet à travers une plume poétique les émotions, les réflexions et les étapes par lesquelles passent le déchu, le banni, l’errant. Mais cette introspection passe par un retour en arrière. Pour comprendre son déracinement, il incombe à l’exilé de revenir des milliers d’années en arrière. Le point de départ de notre auteure sera l’hégire du prophète Mohammed (QSSSL) vers Médine, fuyant les persécutions des Qoreïchites, ou encore son ascension vers les Cieux. Le voyage Nocturne inspirera Dante d’ailleurs pour l’écriture de sa Divine comédie “où il instille scènes et personnages, non pour louer le prophète musulman, fort mal traité, raillé même, mais pour honorer Averroès ou Avicenne, les grands maîtres de la philosophie musulmane”.



L’auteure exprime par ailleurs un vœu, qui pourrait naître des exils de notre communauté en Occident. “Lointains héritiers de ces expatriés (mouhajiroune), pourquoi les musulmans d’Occident ne donneraient-t-ils pas re-naissance à un islam qui a respiré l’air du large ? Non pas en exhibant les signes manifestes de leur singularité mais en se tenant dans le risque, ce vif même de l’exil”. Mais cela est-il réalisable, quand, le Hadj, lié à l’exil d’Ismaël et de sa mère Hagar, n’est plus “cette grande migration de l’âme” et “n’incarne plus que la soumission au règne de la folie et de l’or noir, du béton et de la marchandise”, car “rapté par les tenants d’un islam en voie de dépérissement et se corrompt sous l’effet du business et de la finance”. Parlant de son expérience personnelle et des conséquences de son émigration, l’auteure, sous le chapitre «Amour», soutient que ce sentiment “a causé son ascension et sa chute”, parce que “mon pays natal n’a pas voulu de celle qui s’était altérée, pire, cet impur venu du lointain menaçait son unité”. Écrit avec finesse, ce bel essai saura parler aux personnes qui ont fait l’expérience de l’exil en faisant écho à leur périple et à leur vécu, et, dans une moindre mesure, ceux qui tentent de comprendre ce qui anime ces êtres prêts à laisser leur vie derrière eux.

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Mektouba

El Hadj Ben Amar est un vieil homme qui vit seul à Alger depuis le décès de sa femme Dalila. Il est au coeur de l'histoire que raconte Karima Berger dans son roman

Cette femme, Dalila, a donné à Yahia Ben Amar trois enfants. Deux filles (Souad et Louisa) et enfin un fils, comme il le désirait tant car Dalila voulait à tout prix lui donner une descendance masculine. C’est sans doute le tribut de toutes les sociétés patriarcales. Ce fils tant attendu a été prénommé Amine. La naissance de ce garçon sera toutefois fatale puisque sa maman décèdera peu après.



Yahia Ben Amar, ancien fonctionnaire, vit dans sa maison qu’il appelle "Mektouba", la destinée, entourée désormais de livres et du Coran. Il l’a achetée à un couple de Français juste après l’indépendance. "Lorsque je l’achetai mes forces étaient vives, tendues vers l’avenir, son acquisition compte parmi les rares signes de liberté que je m’autorisais, bravant la couche gelée de devoirs qui m’étreignait. Le pays était sans ses limbes, à peine libre il entamait déjà sa fermeture mais nous résistions, nous avions en nous des réserves infinies, l’In-dé-pen-dan-ce durait en nous, chaque syllabe ouvrait sur une éternité, une ambition qui nous rendait fiévreux et naïfs car l’Histoire nous avait violentés et privés de notre dignité, et bien les corrompus allait la charger d’un poids lourd pour nous immobiliser tout à fait et nous interdire de rêver", écrit l’auteur sur le contexte. Le lieu lui-même est fascinant, comme d’ailleurs les milliers de demeures cossues laissées à l’indépendance par les colons et que la nomenklatura au pouvoir allait s’approprier. Lui le haut fonctionnaire est un homme intègre, qui exècre la corruption qui ronge les strates du pouvoir et de la société. Seul donc, ses enfants sont en exil. Louisa qui travaille dans l’humanitaire lui a fait découvrir un village d’orphelins. Il s’est attaché à ces enfants souhaitant même en faire des héritiers.



Bref, Ben Amar se sent bien dans sa résidence où il laisse vivre ses passions. Alors quand ses trois enfants lui envoient une lettre pour lui demander quelles étaient ses dernières volontés, il le prend très mal. Il nourrit des doutes sur leur envie de lui enlever le bien le plus précieux qui lui reste : "Mektouba". Il se sent blessé au plus profonds de son être. "Cette lettre est une entaille. Ils me croient riche ; son venin est vif, une fièvre froide".



Le vieil homme convoque un conseil de famille. Le père se retrouve avec ses enfants le jour de l’Aid. C’est le clash générationnel. Les passions s’explosent. Eclats de voix, sarcasmes, regrets recuits…. La rupture. A travers, les rapports de ce fonctionnaire censé être moderne, et ses enfants, l’auteur dépeint les miasmes d’une société, encalminée dans la tradition éculée et en mal avec la modernité.



Karima Berger livre le portrait fascinant d’un homme déchiré, passionné par la lecture, mais surtout aux prises avec lui-même et la société qui l’a fait. L’image de cette famille éclatée est une parabole qui rappelle ce pays déchiré. Un père attaché à sa terre, sa maison (un havre de paix), ses valeurs familiales, et des enfants qui ont tourné le dos à tout ça, partis vivre ailleurs. Lyrique, plein de souffle "Mektouba", Ce livre évoque les paradoxes de la société algérienne



Au fil des passages affleure un contraste saisissant entre le père et ses enfants. Avec une écriture sensible, sans faire dans l’emphase, l’auteur a magistralement su montrer l’attachement de ce vieil homme à sa terre…

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Mektouba

Un père en colère, des adultes dont les blessures d'enfance ne sont pas refermées, y a-t-il place entre eux pour l'amour et le pardon. Deux générations pour raconter l'evolution d'un pays entre colonialisme et libération et en déroute démocratique... interessant.
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Eclats d'Islam : Chroniques d'un itinéraire s..

Quel bonheur ! Entendre parler de l’islam et de la Bible sans parole qui humilie, cloître, rejette ! Lire des sourates qui n’enferment pas dans une tradition dépassée, fruit d’une société qui n’existe plus. Une femme parle de la félicité de sa relation à Allah, Dieu, Yahvé, qu’importe, puisqu’elle Le rencontre dans le Coran et la Bible. Le vif du sujet c’est le plaisir des textes, et des remarques sans haine comparant les religions du Livre. C’est à l’opposé des visions sinistres des fondamentalistes de tout poil, dont les lectures littérales n’incitent pas au respect de l’autre. Ce livre est le prétexte à l’exploration de nos religions, un lieu de ressourcement, d’ouverture, de vie.
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Mektouba

Ben Amar est un vieil algérien dont la santé fragile annonce un fin prochaine. Il vit dans une belle et grande maison, où il a vu grandir ses enfants qui ont réussi leur vie à l'étranger depuis. Une maison où il a tant aimé sa femme, décédée après la naissance du petit dernier. Une maison maintenant très calme où il prend le temps d'écrire et de calligraphier. On croit ses derniers moments de vie paisibles et serins mais il n'en est rien, ses enfants ont tout gâcher. Il a reçu une lettre de leur part, ils veulent savoir qu'en sera-t-il du après ? Que va devenir la maison après ? Il essaie de trouver des réponses à ses enfants ingrats mais aucune ne satisfait tout le monde.

J'ai eu beaucoup de mal avec ce roman. Il est triste, très triste. Les moments qui pourraient paraître joyeux sont trop rares et teinté de rancœur et d'amertume. Je n'y ai trouvé aucun amour filiale, à part peut-être à la fin mais corrompu par les remords et la nostalgie. Je ne me suis pas sentie à l'aise lors de cette lecture, c'est pour moi du voyeurisme et je n'ai pas aimé ce que je voyais par le petit trou du mur de cette grande maison vide de sentiments heureux. Hormis cette histoire de famille sans beaucoup de bonheur, ce roman est aussi une satire de la société algérienne sans concession.

L'écriture déroute au début, ce qui m'a poussé à aller plus loin, les phrases ne sont pas terminées, la ponctuation est aléatoire... J'y ai trouvé cependant de belles citations, très bien choisi qui prouve encore une fois que la littérature arabe est magnifique.
Lien : https://lesmotschocolat.word..
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Mektouba

Sa plume est légère, romantique. On vit l’histoire au travers de ses mots, on sourit, on pleure, on s’interroge et on découvre d’autres horizons. C’est une ode à la vie combinant parfaitement la poésie française et la magie de l’Orient Quel bonheur, Karima Berger nous transmet la sagesse des comportements de tous les personnages de son roman, leur donne raison, leur donne tort, ne juge pas nous laisse seul juge.
Lien : http://wp.me/p5dQA9-KD
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Mektouba

J'ai beaucoup aimé
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Mektouba

Tout d'abord mes remerciements aux Editions Albin Michel pour leur confiance et m'avoir permis de lire ce livre.



C'est l'histoire de El Hadj Ben Amar et de ses trois enfants : Souad, Louisa, et Amine.

Le vieu El Hadj reçoit un courrier écrit par ses enfants. Ce courrier est loin de lui plaire. En effet, les enfants ne pensent qu'à une chose récupérer Mektouba. Mais qui est ou qu'est ce que Mektouba ?



Le vieux El Hadj croyait pourtant avoir réussit à transmettre ses valeurs à ses enfants. Il est bien déçu de voir qu'une seule chose ne les habitent l'envie de possession, de conquérir..



Que leur père âgé s'en aille dans les cieux ne les importes peu..



Le vieux El Hadj est déçu et va donc décider de convoquer ses enfants lors d'un repas de l'Aïd.

Il est écrit également ce qu'il ressent et ses souvenirs sous forme de mémoire, d'autobiographie.



Un livre superbe qui nous montre que parfois nous bien petit lorsque l'envie de conquérir un territoire est présent. Que sommes nous réellement aux yeux de nos proches lorsque côté de ça un héritage est possible ?



Au fil des pages on y découvre le profil d'un père déchiré entre éducation (seul les hommes valent le coup), paradoxes, les femmes sont des êtres mystérieux. Il est persuadé d'une chose n'avoir jamais réellement trouvés à place de père.. Mais également le caractère de chacun de ses enfants.



Un livre que j'ai trouvé super et très poétique. Un roman qui nous fait également voyager Alger, dans la religion musulmane, dans les histoires de famille.



Un livre que je recommande vivement.

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Les attentives : Un dialogue avec Etty Hill..

Etty gardait affiché dans sa chambre le visage d’une jeune fille musulmane, sa beauté et sa noblesse l’ayant certainement émue et inspirée.Vouloir du coup rapprocher la démarche coranique et l’élan mystique d’Etty dit l’incompréhension de l’autrice de celui-ci.



Etty Hillesum était a-religieuse, ne se référait guère à des versets tirés du Coran, de la Bible ou de la Torah. Elle ne s’embarrassait pas de dogmes, rites ou injonctions. D’ailleurs, sa liberté sexuelle aurait scandalisé tous les adaptes des religions du Livre. Plutôt que d’écouter la « parole de Dieu » supposée inscrite dans des mots (mektoub), elle préfère naviguer à vue, à l’instinct, avec comme boussoles, entre autres, l’introspection, la beauté, l’honnêteté, l’empathie amoureuse, et l’espérance en Dieu.

Sa quête rappelle la maxime de Saint-Augustin : « aime, et fait ce que tu veux ». Loin d’être laxiste, elle est au contraire immensément exigeante, car qui peut aimer d’amour parfait ? Chacun peut par ses efforts le faire croître néanmoins, notre liberté d’agir grandira à la même mesure.

L’intérêt de cet ouvrage tient quand même par les nombreuses citations de cette âme magnifique. Il est cependant préférable de s’adresser directement à la source : l’ouvrage le plus populaire, « une vie bouleversée », et pour les plus passionnés, « Les Ecrits d'Etty Hillesum : Journaux et Lettres », mais attention : 920 pages, plus 160 en annexe !
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Mektouba

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