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Citation de Irisa


Nous savions qu'on parlait souvent de lui comme de l'«Outamoro de notre époque» ; et bien que ce fût alors un titre galvaudé, que l'opinion décernait à tout peintre de talent pourvu que ses sujets favoris fussent les femmes des quartiers de plaisir, il n'en résume pas moins assez bien la tendance de Mori-san. Mori-san, en effet, s'efforçait tout à fait consciemment de «moderniser» la tradition d'Outamaro. Dans beaucoup de ses meilleurs tableaux ‒ Attachant un tambour de danse, ou Après le bain ‒ la femme est vue de dos, dans la manière classique d'Outamaro. On retrouve d'autres traits classiques dans son oeuvre : la femme portant une serviette à son visage, la femme aux cheveux longs en trais de se peigner. Et Mori-san recourait aussi largement au procédé traditionnel qui consiste à exprimer l'émotion au moyen des tissus que la femme tient ou porte, plutôt que par les mouvements mêmes de la face. Mais en même temps, son oeuvre était pénétrée d'influenes européennes que les plus fidèles admirateurs d'Outamaro eussent qualifiés de sacrilèges ; il avait depuis longtemps cessé, par exemple, de marquer d'un trait sombre les contours des formes ‒ ainsi que le veut la tradition ‒ et, à l'instar des Occidentaux, jouait sur les masses de couleurs, et sur les contrastes d'ombre et de lumière, pour créer une illusion tridimensionnelle. C'était des Européens, indéniablement, qu'il tenait sa grande passion : les demi-teintes ; son désir le plus cher était d'évoquer autour de ses femmes une certaines atmosphère de mélancolie nocturne.
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