De la fin des années 1990 jusqu’aux années 2010, ont été institués, d’abord, le PACS (1999) et le partage de l’autorité parentale au sein d’un couple de mères lesbiennes (2002) ; puis le mariage des couples de même sexe, avec la possibilité d’adopter (2013) et de protéger ainsi juridiquement les enfants des familles homoparentales en leur donnant deux parents légaux ; enfin, la PMA [AMP], avec filiation établie envers les deux mère dès la naissance de l’enfant.
« On me demande souvent quand j’ai su d’où je venais. J’ai toujours su ! Mes mères ne m’ont rien caché. Elles m’ont expliqué ma conception en ajoutant des informations de plus en plus complexes au fur et à mesure que je grandissais. »
Anne-Lise, 25 ans.
« Je me suis rapidement aperçue qu’elles aussi [mes deux mamans], parce qu’elles sont le produit de notre société et non des extraterrestres, ont intégré des normes de genre et qu’elles les reproduisent. Ma mère, celle qui nous a a portées, est plus féminine, elle s’occupe des tâches habituellement associées aux femmes. Ma seconde mère, plus masculine, se charge des autres tâches.[…] on a grandi dans une famille qui nous a parfaitement inculqué les normes de la société ! »
Anne-Lise, 25 ans.
« Je pense que la raison majeure pour laquelle j’ai eu des difficultés à accepter l’homosexualité de mes mamans, réside dans le fait qu’on m’a demandé de la cacher. »
Laura, 31 ans.
« Ma mère biologique a fait une insémination artificielle aux Pays-Bas avec du sperme acheté aux États-Unis. Sa compagne et elle voulaient choisir le donneur, ce qui n’est pas possible dans les pays européens. [… ] De mon « donneur », je sais que c’est un Taïwanais immigré en Arizona, qu’il était bodybuilder, que sa sœur était mannequin, et qu’il n’avait pas de problème de vue. […] Je n’ai pas et ne veux pas de relation avec cette personne. »
Anouk, 18 ans.
« Mon père n’a jamais essayé d’exercer la moindre autorité sur nous ! Et c’est peut-être aussi pour ça qu’on avait du mal à le considérer comme un père. »
Alex, 22 ans.
« Mes mères sont parties en Hollande, pour que, dès nos 16 ans, nous puissions accéder à l’identité de notre donneur. Nous avons été conçues par PMA. »
Arya, 13 ans.
« j’appartiens à la vaste communauté LGBTQIA+ [… ] J’ai aussi une appartenance eurasienne, alors que je ne n’ai de taïwanaise que les gamètes du donneur ; j’ai une double culture franco-germanique, grâce a mes deux mères. C’est assez paradoxal car, dans ma tête, je suis 100 % franco française. Il n’y a que dans le regard de l’autre, le reflet dans le miroir que je suis renvoyée aux questions sur l’intersectionnalité… »
Anouk, 18 ans.
«–Et vous, vous auriez voulu parler avec votre géniteur ? Après avoir changé d’avis cinquante fois, je dirais que oui. Oui, je serais curieuse de connaître le contexte dans lequel il a fait ce don, ses motivations. […] Ma sœur et moi n’avons pas les mêmes donneurs, mais nous avons les mêmes parents. Je n’ai pas envie de penser à elle comme étant ma demi-sœur ! »
Anne-Lise, 25 ans.
Dans les années 1990, et au début des années 2000, la mère sociale était appelée par son prénom ou un petit nom. Rares étaient les familles où elle était nommée « maman », même lorsque les enfants pouvaient dire qu’ils avaient deux mères. De plus en plus d’enfants élevés au sein d’un foyer lesboparentale appellent « maman » les deux femmes et disent avoir deux mères.