Krzysztof Kieslowski

Encore un livre découvert par le biais d'une critique d'un ami babeliote.

Krzysztof Kieslowski (1941-1996), grand cinéaste polonais, dont je suis une grande admiratrice, nous y parle directement, sans filtre,

De son enfance et de sa jeunesse compliquée, dans une famille aimante mais débordée de soucis de santé et de problèmes matériels,

De sa rencontre par hasard avec le cinéma, par le biais du théâtre,

De la difficulté de travailler et d'évoluer dans la Pologne communiste des années 70-80, pour toute personne ayant un minimum de conscience,

Et de ses films.

"Depuis mes premiers films jusqu'aux derniers, je raconte toujours la même histoire: celle d'un homme, qui a du mal à retrouver ses repères dans le monde, qui ne sait pas très bien comment vivre, comment distinguer le bien du mal, et qui cherche désespérément. Il cherche la réponse aux questions essentielles. À quoi tout cela sert-il ? Pourquoi se coucher le soir? Pourquoi se lever le matin ? Comment passer le temps entre deux réveils pour pouvoir se regarder dans la glace le matin en se rasant, quand on est un homme, ou en se maquillant, quand on est une femme ?".

Il débute avec des films documentaires. Par la suite concluant que dans un documentaire plus il s'approche du sujet, et plus ce qui l'y intéresse, lui échappe,

le vrai lui faisant peur, lui donnant l'impression de pénétrer dans un domaine interdit,

il passe à la fiction.



La sérénité, l'humilité et l'honnêteté de ses propos sont profondément touchantes. Ceux sur la réalisation de ses films sont passionnants.

Pour qui connait et aime son cinéma un livre très intéressant. Pour qui ne le connait pas du tout, l'occasion à jamais de le découvrir et de s'intéresser à sa filmographie unique et riche en sentiments et détails. Car même s'il parle de cinéma, au fond il parle simplement de la complexité et du paradoxe de l’être humain et de la vie.

À part La Double Vie de Véronique et sa fameuse Trilogie qui l'ont fait connaître en Europe via le Festival de Cannes, à découvrir aussi le Décalogue, une suite de dix films d'une durée comprise entre 55 et 60 minutes, inspirés de la version catéchétique des dix commandements et ses films et documentaires tournés pour la télévision polonaise. Vous pouvez les visionner gratis sur le Web en allant sur le site "Voir les films de Krzysztof Kieślowski sur le Web".



Merci dbacquet.





" Pour dire la vérité, je fais des films parce que je ne sais rien faire d'autre."

C'est sur le ton de la conversation que le cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski se livre sur sa vie et son travail. Il évoque d'abord son enfance auprès d'un père malade qui mourut prématurément, sa mère et sa soeur, son goût pour la littérature et le théâtre qui le dirige vers la mise en scène. Il entre, après avoir échoué deux fois, à l'école nationale de cinéma de Lodz. C'est à cette époque qu'il se marie avec Maria. Krzysztof Kieslowski évoque la naissance de sa fille mais montre toujours beaucoup de réserve dès qu'il s'agit de sa vie privée. Il semble qu'il ait essayé de concilier son métier très prenant et une vie de famille des plus ordinaires. Il se livre donc davantage sur son travail, de façon très concrète, car il n'aime pas non plus donner des interprétations de ses films. Après l'école de Lodz il se consacre au documentaire, avec un souci de vérité qui sous un régime communiste n'était pas sans difficultés ni compromis. Il réalise ensuite des fictions jusqu'aux grands succès que seront les dix téléfilms et les deux films du "Décalogue", "La double vie de Véronique", la trilogie "Bleu", "Blanc", "Rouge". Comme je suis un grand admirateur du cinéaste dont j'aime la subtilité, c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu ce livre élaboré à partir d'une série d'entretiens.

Présentation littéraire sous forme de courts récits du célèbre Décalogue de Krzysztof Kieslowski tourné pour la télévision polonaise. Chacun des textes, très agréables à lire, traite d'un des dix commandements au moyen d'une fable qui mêle souvent le fantastique et le réel. L'ensemble des histoires se passe dans le même quartier, et les personnages principaux sont tous voisins. Deux des épisodes (celui sur le voyeurisme et celui sur la peine de mort) ont également une version pour le cinéma. Cette série de films admirables pour la plupart dresse un portrait de la vie quotidienne des Polonais à la fin des années 1970 et plonge le lecteur ou le spectateur dans de profondes réflexions métaphysiques ou morales.

« Le Hasard et autres textes » de Krzysztof Kieslowski, trois nouvelles traduites par Margot Carlier, suivi de « Le Hasard et le Destin » un entretien entre Margot Carier et Hanna Krall (2001, Actes Sud, 218 p.). il s’agit de « La Paix », « L’Amateur » et « Le Hasard ».

Dans la dernière qui fournit le titre du recueil, Witek Dlugosz est un jeune homme de 24 ans. À la mort de son père, il interrompt ses études de médecine poursuivies sans véritable conviction. Il se rend à la gare, ignorant que son destin dépend peut-être du train après lequel il court.

Trois possibilités sont présentées successivement

- a) Dans le train qu’il a pris en marche, il fait la connaissance d’un vieil homme, Adam Werner. Ce dernier est un militant communiste convaincu, bien que victime du stalinisme. Witek s’engage dans le mouvement des jeunes du Parti et tombe amoureux de Czuszka, une fille aux convictions opposées. Elle distribue des publications clandestines (samizdats). Ils sont tous deux arrêtés. À sa sortie de prison, il cherche à la revoir, mais elle le fuit : ils sont passés chacun d'un côté de la barrière. Witek doit prendre un avion pour Paris, mais les passeports tardent à venir puis une grève retarde le départ.

- b) Witek tente de prendre le train en marche, mais heurte l’employé des chemins de fer qui l’en empêche. Au tribunal il est condamné à une peine de travaux d'intérêt général. Il fait alors la connaissance d’opposants catholiques. Il renoue aussi avec la foi catholique et demande à être baptisé. La paix et le sens de sa vie ne peuvent passer que par Dieu. Mais il croise Wera, la sœur de son ami parti au Danemark. Ce sera pour lui la preuve d’une trahison. Il doit se faire oublier, peut-être en prenant un avion pour Paris.

- c) Witek rate à nouveau son train, reste à Łódź, reprend ses études de médecine, et se marie avec Olga, une amie de faculté. Le Doyen de la Faculté l'appelle chez lui un soir, et explique que son fils a été emprisonné et qu'il ne pourra pas assurer des cours en Lybie. Le doyen le charge de le remplacer pour assister à un congrès à l’étranger. Il fait ses adieux à sa petite famille et prend l’avion, ce fameux avion qu'il a déjà raté deux fois dans les deux autres épisodes. Il. Celui-ci explose en plein ciel.

On regrette qu'il n'y ait pas une quatrième couleur. M'enfin, Irène Jacob incarne Valentine avec tant de grâce qu'on se console.