Lars Iyer

The meaning of life consists in living that life....( le sens de la vie consiste à vivre cette vie).

Midnight, after the pubs close. Mulberry’s annual derangement of the senses house party. Coats in the front room. DJ in the living room. Dealer in the dining room, showing his wares: MDMA, ‘Miaow Miaow’, and a mystery powder he can’t identify. An amusebouche , he says—a free snort for anyone who buys …( Minuit, après la fermeture des pubs,chez Mulberry ( un élève de Cambridge),la fête annuel " dérèglement des sens". Les manteaux dans l'antichambre.Le DJ au salon.Le vendeur de drogue dans la salle à manger,montrant ses marchandises: MDMA,"Miaow,Miaow" et une mystérieuse poudre qu'il ne peut identifier.Un amuse bouche,dit-il , un sniff gratuit pour qui achète.....).

You can’t teach love—that’s what Wittgenstein said yesterday. That’s the condition of philosophy: fierce and fiery love. Philosophy is the love of wisdom, he said. A love for what you do not possess. A love for what, nevertheless, has left its trace in you.( on ne peut pas enseigner l'amour a dit Wittgenstein ( pseudo d'un prof de philo à Cambridge) hier.La philosophie est l'amour de la sagesse,dit-il.Un amour pour ce que vous ne possédez pas..Un amour pour quelque chose qui vous a néanmoins laissé une trace ).

We salve our conscience by applying ourselves to the real Wittgenstein. Ede brings out the Tractatus Logico-Philosophicus . Tries to read it. Puts it away again. I pull out the Philosophical Investigations . Try to read it. Put it away again. Ede orders Wittgenstein in 90 Minutes on his phone. We look up the Wittgenstein entry on Wikipedia. Very long! We search for pictures instead. A glum Wittgenstein, standing by a blackboard. A dour Wittgenstein, walking with a friend. Wittgenstein, gloomy in tartan. Wittgenstein, in profile—clearly suicidal. We google cheery Wittgenstein . No results.( nous apaisons notre conscience en nous dédiant au vrai Wittgenstein .Ede sort le Tractacus Logico-Philosiphicus-l'oeuvre majeure du philosophe-.Essaie de lire.Abondonne.Je sort Les investigations philosophiques-l'autre oeuvre majeure de Wittgenstein -.J'abondonne.Ede commande sur son téléphone "Wittgenstein en 90 mn".On cherche Wittgenstein sur Wiki,trop long à lire! A la place on cherche des photos.Un Wittgenstein morose devant un tableau noir.Un sinistre Wittgenstein marchant avec un ami. Wittgenstein déprimé en tartan.Wittgenstein de profil,vraiment suicidaire.On google sur Joyeux Wittgenstein,rien.)

L'essor d'Internet marque en un certain sens l'essor d'une culture profondément lettrée. Nous sommes plus enclins à nous envoyer des textos qu'à nous parler. Comme jamais auparavant, nous sommes plus enclins à commenter et à écrire qu'à regarder et écouter.

It is possible to bathe in nonsense, he says. To be refreshed by it.( C'est possible de se baigner dans l' absurde, ça rafraîchit )

There’s a fire backstage, he says. The clown comes out to warn the audience. Laughter and applause. They think it’s a joke! The clown repeats his warning. The fire grows hotter; the applause grows louder. That’s how the world will end, Wittgenstein says: to general applause, from halfwits who think it’s a joke.( il y a un feu dans l'avant-scène,dit-il..Le clown arrive sur scène pour avertir l'audience.Rires et applaudissements.Ils pensent que c'est une plaisanterie! Le clown répète son avertissement.Le feu s'embrase: le public applaudit encore plus fort.C'est ainsi que sera la fin du monde ,dit Wittgenstein ( le pseudo):avec applaudissements générale des imbéciles qui pensent que c'était une farce.)

We all know what logic is, he says. It is the study of the laws of thought. Of all the forms of reasoning and thinking. The trouble is, we do not know what logic means , he says. What reason means.( Nous savons tous ce qu'est la logique,dit-il.C'est l'étude des lois de la pensée.De toutes les formes de penser et raisonner.Mais le problème dit-il ,nous ne savons pas ce que signifie logique, ce que signifie raison.)

Peut-être le décès de la Littérature marque-t-il la fin d'un besoin. Peut-être devrions-nous rendre l'âme.

Le prestige littéraire existe seulement de façon liturgique, aussi incongru qu'une nonne dans le métro.

La postmodernité, qui n'était sans doute que la modernité avec un nom plus désespéré, nous a conduit en fin de partie : tout est disponible et plus rien n'est surprenant.

Si l'histoire de la Littérature est l'histoire des nouvelles idées au sujet de ce que peut-être la Littérature, nous sommes parvenus au moment où la modernité et la postmodernité ont asséché le puits.

Par le passé, chaque grande phrase contenait un manifeste et chaque vie littéraire proposait une hétérodoxie, mais à présent tout est photocopie, note de bas de page, pure comédie. Même l'originalité n'est plus capable de nous surprendre.

Désormais, les écrivains travaillent de concert avec le capitalisme, plutôt qu'ils ne s'y opposent. Tu n'es rien si tu ne vends rien, si ton nom n'est pas connu, si tu n'attires pas les foules à tes séances de dédicaces.

La mondialisation a aplati la Littérature en un million de marché de niche et la prose n'est plus qu'un produit parmi d'autres : agréable, remarquable, exquis, laborieux, respecté, mais toujours petit.

L'art se construisait jadis dans l'opposition, mais à présent il se consume dans la machine culturelle et le sérieux lui-même se trouve réduit à une sorte de kitsch pour les générations x,y et z.

C’est seulement quand la chose est morte, que des millions de corbeaux l’ont dévorée, que les chacals l’ont rongée, qu’on lui a craché dessus avant de l’oublier, que nous pouvons découvrir le dernier os inviolé.

Il est temps que la littérature prenne acte de son propre décès au lieu de jouer à la poupée avec son cadavre. Nous devons parler franchement de la farce de cette culture qui rêve de choses qu’elle ne peut tout simplement pas créer, parce que cette farce est notre tragédie. Nous devons affronter l’humour noir et amer de notre situation.

“Je ne suis que littérature”, dit Kafka. Or Kafka est parvenu à inventer une littérature à partir de sa maladie. Comme le suggère le narrateur du Mal de Montano, Le Château de Kafka pourrait bien être une allégorie de l’impossibilité dans laquelle nous sommes d’échanger l’exégèse contre la réalité, d’échapper à la maladie et recouvrer la santé. Mais l’acte même de créer une allégorie à partir de sa maladie devient une forme de littérature. En d’autres termes, Kafka peut toujours écrire de la Littérature et, pendant un temps au moins, être soulagé de sa maladie littéraire.

Comme la colombe de Kant qui, dans son libre vol, fend les airs, l’écrivain a besoin de ressentir une certaine résistance de la part de la Littérature, il a besoin de travailler contre quelque chose alors même qu’il se bat pour quelque chose. Mais contre quoi travailler quand il ne reste plus personne à qui s’opposer ? Nous pourrions parler de la mondialisation, de l’incorporation de la planète tout entière dans le marché mondial, dont l’effet est d’affaiblir les formes culturelles et les littératures nationales du passé. Nous constatons l’ascension de l’individu à un niveau tel que l’idiosyncrasie elle-même devient un lieu commun, où le moi, l’âme, le cœur et l’esprit ne sont plus que du jargon démographique.