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EAN : 9791030404166
48 pages
Allia (19/08/2016)
3.14/5   7 notes
Résumé :
En imaginant un écrivain dont les livres se vendent trop peu et qui,par lassitude, se tourne vers la publicité, L. Iyer dresse un portrait type de l’auteur contemporain, condamné à se défaire de la littérature. Un essai qui manie l’humour noir et l’autodérision.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Comment, en quelques lignes aussi bien senties que possibles, résumer, éplucher, critiquer un tel texte, sans en faire un fastidieux décalque mais sans le trahir non plus ?

Car Nu dans ton bain face à l'abîme est, c'est même son sous-titre, un MANIFESTE LITTÉRAIRE, c'est à dire cette forme assez singulière (et relativement rare dans l'histoire) d'oeuvre, souvent assez brève, généralement très polémique et engagée, une profession de foi tachant d'exprimer une position forte, se voulant souvent irrécusable, une prise de position inévitable (au moins pour son auteur). Dans une certaine mesure, c'est aussi un Cri !

En l'occurrence, Lars Iyer, universitaire, philosophe, essayiste et romancier nous annonce (une fois encore, aurait-on envie de lui rétorquer. Sauf qu'en ces quelques quarante pages, notre philosophe fait mouche à plusieurs reprises) que la Littérature est morte.

Dans une style d'une limpidité et d'une efficacité rares, Iyer nous conte donc comment ce fait put être possible, de l'écrivain de jadis, quasi divinisé, assénant son génie, ses prophéties littéraires du "haut de la montagne" * jusqu'à l'émergence de tout un peuple d'écrivaillons, blogueurs, auteurs au petit pied, logographes insatiables de phrases creuses, de célébrité et d'argent plus ou moins facile.
Puis, à la manière d'un chirurgien, il nous explique comment ce que nous nommons encore du nom sacré de Littérature est devenu un "Cadavre fantoche" *. Poursuivant, il passe de la description théorique à l'étude de trois cas pratiques, exemples parfaits et complémentaires, selon Iyer, d'oeuvres ayant pris fait et cause pour cette mort, décidant même d'affronter son décès non sans talents mais décidément "Malades de Littérature" *.
Enfin, parce qu'à a fin des fins, lorsque le gratte-papier ayant admis ne jamais pouvoir devenir un Auteur, à la manière ancienne, se sera remis à "écrire à la veillée" *, il ne restera plus qu'à découvrir "le dernier os inviolé", après que tous les charognards auront fini de se nourrir de la bête morte.

Aussi étrange que cela puisse paraître, cet espèce de coup de grâce fait à la Littérature -telle qu'on pouvait la concevoir jusque dans les années 60, et qui aurait survécu dans les esprits jusqu'aujourd'hui, mais plus par habitude et facilité que selon un principe d'efficience- n'est pas absolument pessimiste. Certes, on sent un vrai regret sous la plume de l'essayiste, d'avoir la certitude que des oeuvres de la portée uasi révolutionnaire ET désespérée d'un Rimbaud, d'un Hamsun, d'un Walser, d'un Bataille, d'un Kafka ou de quelques autres ne pourront plus advenir. On comprend son énervement à cette surmultiplication de textes (d'ici peu, il y aura eu plus de livres créés par l'homme que d'être humains ayant jamais foulé cette terre), à cette facilité trompeuse d'avoir accès à tous ces titres, n'importe où, n'importe quand, de pouvoir s'instituer écrivain après avoir tracé quelques mots sur un blog, à cette "légion d'idiots -nous tous", à cette multiplication des "niches", à cette quasi disparition de l'Auteur qui s'insurge, qui risque sa peau, qui est dedans et en-dehors à la fois, constatant qu'aujourd'hui la célébrité, éphémère, d'un prosateur et de ses livres tient plus au nombre d'exemplaires vendus qu'à la qualité véritable de ce qu'il a pondu, tandis que la Littérature ne vaut désormais plus rien, aussi sens figuré comme au sens économique, etc, etc, etc.

Il regrette sans nul doute, avec un art consommé de la formule et du cynisme, que tout cela soit ainsi au détriment de ce qui ce fut. Pourtant, ici et là, on devine que Lars Iyer n'est pas aussi déprimé que cela pourrait sembler de prime abord. Parce qu'il y a cet "os inviolé" d'où surgira, peut-être, quelque chose de totalement autre que ce que nous avons connu en des temps -supposément ?- meilleurs.

Que l'on accepte ou pas les thèse de l'auteur, que l'on soit en accord total ou en profond désaccord avec lui, ce court mais vivifiant -comme un gros coup de vent de nord-est- Manifeste ne laisse pas de nous obliger à réfléchir sur ce qu'est, ou pas, la Littérature. Sur ce que nous attendons -ce que nous sommes en droit d'attendre- encore d'elle, pour peu que nous la déclarions toujours vivante, pour nous-même ou pour nos société "post-modernes", telles que survolées par Lars Iyer.


* les mots entre guillemets et suivi d'une astérisque sont les titres des courts chapitres du texte.
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Voici un court manifeste littéraire à mettre entre les mains de tous les lecteurs que nous sommes. Où va la littérature ? La quoi ? Les auteurs de livres sont-ils encore des écrivains ou des vendeurs ?

C'est un discours pugnace, qui secoue le cocotier en une cinquantaine de pages et cela fait du bien de temps en temps.

Courrez l'acheter, cela ne vous prendra guère de temps de le lire, mais vous fera certainement réfléchir.
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Vers 1850, un critique dont tout le monde a oublié le nom avait professé la fin de la littérature, sa mort, sa disparition, et pourtant : elle est pourtant bien vivante, quoique malade peut-être. Les ouvrages dans une veine désenchantée traitant des possibles fins de la littérature sont légion et bien souvent très intéressants, parce qu'au fond, ils permettent quand même de questionner notre rapport à la littérature dite contemporaine, et plus encore : de cerner un peu mieux de quoi on parle. Nu dans ton bain face à l'abîme, le manifeste littéraire après la fin des manifestes et de la littérature fait partie de ce type d'ouvrages. Bien que très court, il est très original et commence par cette question : "C'était quoi la littérature ? C'était la littérature de Diderot, Rimbaud, Walser, Gogol, Hamsun, Bataille et surtout de Kafka : révolutionnaire et tragique, (...)", pour ensuite évoquer la cause du grand déclin, où plutôt les causes, parce qu'il n'y en aurait pas qu'une - cela serait trop simple. La littérature d'aujourd'hui est, pour Lars Iyer, lui-même romancier, philosophe et grand connaisseur de l'oeuvre et de la pensée de Blanchot, "un produit comme les autres", qu'il qualifie alors de "remarquable, exquis, laborieux, mais toujours petit" car "aucun poème ne fomentera de révolution, ni de roman ne défiera la réalité, plus maintenant". Ce livre a, dans sa première partie, quelque chose de Notre besoin de consolation est impossible à rassasierStig Dagerman notait avec une certaine lucidité (et un peu d'amertume sans doute) que "Thoreau avait encore la forêt de Walden - mais où est maintenant la forêt où l'être humain puisse prouver qu'il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ? ", tandis que Lars Iyer note de son côté dans un chapitre dédié à Enrique Vila-Matas : "c'est seulement au bord de l'abîme que nous nous souvenons de ce qui est intouchable". le directeur des éditions Allia, Gérard Berréby, ne s'y est pas trompé en faisant traduire ce petit texte, car il est essentiel, et, malgré un certain découragement envers la littérature contemporaine, aborde celle de Kafka, Thomas Bernhard et Bolano, ce qui donne immanquablement des envies de lectures ou de relectures. À l'heure des poètes qui rentrent dans une librairie sans regarder les livres, des écrivains qui collent à la réalité pour donner sur papier un équivalent de mauvaise série télévisée (mais sans l'image, et parfois sans le son), c'est à cette heure imprécise et inquiète qu'il est bon de regarder dans l'abîme, car celui-ci est oubli et, donc, apaisement. Et nu dans son bain c'est encore mieux.
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NUL.
J'ai du mal à comprendre, que l'on puisse se torturer l'esprit pour une appréciation personnelle de ce qu'est une façon de raconter à une autre personne avec des mots écrits une sensation quelle qu'elle soit.
C'est pédant, c'est moqueur, c'est se prendre pour ce que l'on est pas.
On s'en fiche quand on est lecteur si ce qu'on lit est considéré ou pas comme de la littérature ! Si les mots que l'on voit nous racontent quelque chose qui nous plait à le lire, tant mieux, mais ce gout, chacun en appréciera différemment la saveur, et ce n'est pas ce Lars Lyer qui va y changer quelque chose.
Je ne suis pas prêt à relire un seul livre de cet auteur.
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critiques presse (1)
LeDevoir
23 janvier 2017
Provocant.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
"Pour ceux d'entre nous qui sont pragmatiques, la fin de la Littérature est simplement la fin d'un modèle mélodramatique, un faux espoir qui est passé par la psychanalyse, le Marxisme, le punk et la philosophie. Mais les moins pragmatiques d'entre nous prenons conscience de ce que nous avons perdu - nous en faisons l'expérience. Sans la Littérature, nous perdons et la Tragédie et la Révolution. Or ce sont les deux dernières modalités valables de l'Espoir. Et quand la Tragédie disparaît, nous sombrons dans la morosité, une vie dont l'infinie tristesse est d'être moins que tragique. Nous avons soif de tragédie, mais où pouvons-nous la trouver lorsqu'elle a cédé la place à la farce ? La honte et le mépris sont désormais les seules réponses aux manifestes littéraires. Tous les efforts viennent désormais trop tard, toutes les tentatives sont des impostures. Nous savons ce que nous voulons dire et entendre, mais nos nouveaux instruments ne tiennent pas l'accord. Nous ne pouvons pas refaire ou faire à nouveau puisque ces deux actions se sont télescopées pour devenir équivalentes - nous sommes comme les clowns d'un cirque qui ne tiennent pas dans leur voiture. Les mots de Pessoa résonnent à nos oreilles : "Puisque nous ne pouvons tirer de beauté de la vie, cherchons du moins à tirer de la beauté de notre impuissance même à en tirer de la vie." C'est la tâche qui nous est confiée, notre dernière, notre meilleure chance."
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L'essor d'Internet marque en un certain sens l'essor d'une culture profondément lettrée. Nous sommes plus enclins à nous envoyer des textos qu'à nous parler. Comme jamais auparavant, nous sommes plus enclins à commenter et à écrire qu'à regarder et écouter.
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Comme la colombe de Kant qui, dans son libre vol, fend les airs, l’écrivain a besoin de ressentir une certaine résistance de la part de la Littérature, il a besoin de travailler contre quelque chose alors même qu’il se bat pour quelque chose. Mais contre quoi travailler quand il ne reste plus personne à qui s’opposer ? Nous pourrions parler de la mondialisation, de l’incorporation de la planète tout entière dans le marché mondial, dont l’effet est d’affaiblir les formes culturelles et les littératures nationales du passé. Nous constatons l’ascension de l’individu à un niveau tel que l’idiosyncrasie elle-même devient un lieu commun, où le moi, l’âme, le cœur et l’esprit ne sont plus que du jargon démographique.
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“Je ne suis que littérature”, dit Kafka. Or Kafka est parvenu à inventer une littérature à partir de sa maladie. Comme le suggère le narrateur du Mal de Montano, Le Château de Kafka pourrait bien être une allégorie de l’impossibilité dans laquelle nous sommes d’échanger l’exégèse contre la réalité, d’échapper à la maladie et recouvrer la santé. Mais l’acte même de créer une allégorie à partir de sa maladie devient une forme de littérature. En d’autres termes, Kafka peut toujours écrire de la Littérature et, pendant un temps au moins, être soulagé de sa maladie littéraire.
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De plus, très peu de gens lisent en fait ; marque aussi ce fait. Personne ne lit, espèce d’idiot ! Il y a plus de romanciers que de lecteurs. Il y a bien trop de livres…
Marque ta mélancolie. Marque le fait que la fin est proche. La fête est finie. Les étoiles disparaissent et le ciel noir ne prête pas attention à toi ni à toutes tes âneries. Tu es avec les personnages de Bolaño, à la fin de leur quête, perdu dans le désert de Sonora, et c’est la fin de toutes les quêtes. Tu dessines des croquis stupides pour passer le temps dans le désert. La voilà, ton œuvre : dessiner des croquis stupides pour passer le temps dans le désert.
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Vidéo de Lars Iyer
Le 4 octobre, Jean Rouzaud présentait sur Radio Nova "Nu dans ton bain face à l'abîme", de Lars Iyer.
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