Elle étend ses bras, feuilles blanches qui cherchent son encre, elle étend ses bras vers un soleil qui la brûle plus qu'il ne la réchauffe. Elle étend crépiter chaque pore de sa peau sous des braises presque transparentes tant elles pulsent. Libérées de leurs chaînes glacées, elles cognent dans ses veines et dans son coeur. Un rythme, une vibration. Sa vibration. Il est là, elle le retrouve. Ce n'est pas lui. Ce n'est pas son amour, sa vie, son destin sous ses yeux, à portée de main, parfois si loin, qu'elle poursuit, attrape, cajole et relâche juste pour jouer.
Ce livre m'a appris que ce qui a été est pour toujours, et que ce qui n'est pas encore a une chance d'être tous les jours.
(page 137)
Cet homme, c'est le souffle divin. L'ineffable brûlure dans les abysses de l'âme aux heures glacées de la nuit. La fraîcheur d'une caresse en plein soleil. C'est les mots qui s'effacent quand on veut les tisser dans la trame du vélin, qui s'écrivent avant d'être pensés. Cet homme, c'est le souffle du vin. La part des anges. L'évaporation du venin sous la peau qui respire. C'est la voix qui murmure dans le silence plein, la faille qui libère, décolle, et unit.
C'est la première fois que j'ai l'impression de relever un défi. De discuter avec le texte. De travailler avec lui sur ce que je comprends qu'il me dit et sur ce que je crois être la meilleure manière de l'exprimer en français.. C'est la première fois que je n'ai pas peur.
(page 43)
La perfection a toujours une craquelure, une imperfection qui la rend si parfaite.
J'entends Jorge et Alice. Je vois Lisbonne. Je peux presque les toucher. La sentir. Ce n'est pas de la facilité, c'est de l'intimité.
(page 45)
On n'humilie pas le diable, elle l'apprit bien assez tôt. Trop tard, mais bien assez tôt.
(page 84)
J'attendais la délivrance, surtout. Sans tristesse, sans déchirement, sans haine, et sans rejet.
Cette propension à se croire à l'agenda des étoiles la perdra.
Je m'abrutissais de vide, de rien, de creux.