Les Grace, eux, étaient différents.
Lorsqu'on m'avait dit qu'ils étaient sorciers, j'avais ri, pensant qu'on testait ma crédulité, genre "mentons à la petite nouvelle pour voir si elle marche". Pourtant, bien que certains lèvent les yeux au ciel, cette possibilité faisait l'unanimité. A l'écart du reste du lycée, les Grace nous embaumaient de relents de magie, mini-célébrités enveloppées dans leur mystère comme dans des étoles de fourrure.
La rumeur ne me suffisait pas. Je devais en être sûre.
Tout le monde au lycée les traitait de sorciers. Et moi, j'avais envie d'y croire.
Il ne fallait qu'un instant pour que votre vie s'arrête et qu'une autre version, grise et morbide, prenne sa place.
Alors au début je suis restée dans l'ombre. Le problème, c'est que je cogite en permanence. Parfois les "et si" me paralysent, et je finis par ne rien faire simplement parce que c'est moins risqué.