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Citations de Laurent Banitz (39)


Il ne m'avait pas tout dit.
C'eût peut-être été pire, du reste.
(...)
Voilà qu'on m'annonçait que nous allions devoir tourner une scène d'amour. Nus. Je devrais l'embrasser, et l'étreindre devant la terre entière.
Cet après-midi même.

Et moi, David Vega, vedette du porno français, surnommé “ l'étalon de Ménilmontant ”, je réalisai soudain que je n'avais aucune idée de ce qu'était un baiser de cinéma.
Quant au reste...


[Rendez-vous avec X]
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Jusqu'ici, je n'avais pas prêté attention aux arbres. Des platanes, sans doute. Un arbre planté au bord d'une route est forcément un platane. À se demander s'il n'a pas été spécialement créé pour ça, pour cette existence de bord de route. Ou pour disloquer de temps à autre quelque corps ivre d'alcool en sortie de virage.
De toute façon, je n'ai jamais été fichu de distinguer un peuplier d'un chêne. Qu'importe. Mettons qu'il s'agisse d'un platane. Même s'il est plus difficile de se prononcer avec la tête presque à l'envers. (...)
C'est un arbre assez solide. C'est même pour ça qu'on le met là, dirait l'autre.


[Un âne plane]
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Je pourrait prétexter une diarrhée irrépressible et foutre le camp d'ici, mais je reste inerte, vissé à mon fauteuil.
C'est plus fort que moi, je veux savoir.


[Ubiquité en salle obscure]
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Ce fut la journée des surprises pour le père Célestin. Un quidam à confesse (ce n'était pas arrivé depuis... oh plus que ça, même), une entrée en matière d'un autre âge, et pour finir, cet énorme éclat de rire qui avait retenti dans le confessionnal. Un rire tonitruant, à en faire trembloter les trois paires de fesses molles attardées sur les banquettes en cette fin d'après-midi.
Elles s'étaient empressées de déguerpir. Le scandale, probablement. Une intuition, peut-être.


[De l'insecticide dans le confessionnal]
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La prochaine fois, je l'invitera à s'étendre sur le divan. Le moment est peut-être venu d'abandonner le face-à-face. Patience. Le fil n'est pas rompu. Je continue à penser que le caractère systématique de ses petits larcins est hautement signifiant. Cette fois, c'était mon parapluie.
Peu importe, de toute façon, il ne pleut pas.


[Le Divan mutique]
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(...)
Il y a aussi une tête, étonnamment petite quand on la rapporte aux proportions éléphantesques du corps. Les joues, dépourvues de barbe, sont un peu flasques. Le menton est fuyant. Les yeux humides, teintés de reflets d'un jaune hépatique, vous regardent en permanence.

Et puis, il y a une deuxième tête.

De toutes mes forces, j'avais essayé de nier son existence.


[Céphalées]
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L'homme à la triste figure et à la blouse blanche un peu jaunie semblait hésiter à poursuivre. Puis, désireux d'en finir :
- Tu es mort,, Jacques. Aucun doute possible. Comprends-moi bien, je ne suis pas en train de dire que tu es foutu. Non, ce que je suis en train de te dire, c'est que tu es réellement mort. Décédé, si tu préfères.
- Je ne comprends pas.
- Moi non plus. Mais les résultats sont formels.
(...)
- Il faut que je prévienne ma femme.
- Veux-tu que je le fasse ?
- Non, je crois qu'il vaut mieux que je lui annonce moi-même. Ça va lui faire un choc terrible.


[Je peux mourir en souriant]
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Tu veux bien fermer la fenêtre? ose-t-elle demander.
Ils ont aussi un titre qui s'appelle "she's so cold" ajoute Achille, en lui faisant un clin d'oeil, toujours hilare. Tu vois, il y a un morceau des Stones pour chaque moment d'une vie.
("Un petit coq rouge" de Thierry Covolo)
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J'adorais ça. Grimper dans les arbres. Etre le plus loin possible des autres et murmurer des poèmes en anglais. ("Transfert" de Nicolas Houguet )
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Je profite de ces quelques mots d’excuse anticipés pour vous signaler à toutes fins utiles que votre chaîne hi-fi s’est malencontreusement bloquée depuis quelques jours sur son volume maximal et qu’elle se déclenche chaque matin à partir de 5 h 42 ou 43. Elle doit être située dans votre boudoir. Or, le croirez-vous ?, ma tête de lit se situe exactement de l’autre côté de la paroi susnommée.
J’ajoute, pour être tout à fait complète, qu’hier matin un étron canin, dont la taille semble profilée à l’aune du trou du cul de votre « Roupette », a été déposé sur mon paillasson. Je m’en voudrais de vous rendre la pareille, d’autant que dépourvue de chien, je me verrais dans l’obligation de produire moi-même la matière de ce petit cadeau matinal.
Je vous propose donc d’en rester là.
Votre dévouée voisine.
(Guillaume Couty, « Voisinage discret »)
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Et moi, David Véga, vedette du porno français, surnommé "l'étalon de Ménilmontant", je réalisai soudain que je n'avais aucune idée de ce qu'était un baiser de cinéma.
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J'étais maintenant crispé au fond du boyau en position foetale, le visage dans la glaise au goût métallique, bourdonnante d'électricité. Et pourtant j'avais l'impression que je voyais tout, qu'un dieu fou furieux exigeait que je ne perde pas une miette du spectacle dantesque qu'il m'offrait.
J'ai vu des gerbes de feu traverser le ciel au-dessus de moi, j'ai entendu des sifflements suraigus transpercer mon crâne en tournoyant avec des hurlements de hyènes.
Et puis tout à coup, j'ai senti qu'on m'aggripait et qu'on me traînait. J'ai perçu la voix d'Henri surnageant dans le foutoir sonore, me dire au milieu d'un flot d'imprécations qu'il fallait s'enterrer. J'ai senti qu'on me jetait au fond d'un trou.
Et puis je n'ai plus rien senti du tout.


[Tripes et boyaux]
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Le générique de fin défilait, elle restait immobile. Un nom apparut sur l'écran: André Wilms. Mon héros avait un nom. J'avais mon super-héros. Un homme qui était comme moi, qui venait de la bohème, un débrouillard comme j'aimerais l'être, un homme qui avait compris qu'en demandant deux demi truites au restaurant on en avait plus que si on en demandait une entière. Un homme capable de faire sourire maman, capable de la faire quasiment rire, capable d'allumer son regard.
("Deux demi-truites" de Gilles Marchand)
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Je me souviens d’un été où nous avions creusé jusqu’à la Chine. Tout excités, nous avions rapporté un nem à mes parents à moitié endormis sur leur serviette. Mon père nous avait regardés en souriant. « Les nems viennent du Vietnam et non de la Chine, les enfants. Vous avez dû creuser un peu trop vers le Sud. Nous étions déçus et surtout terrifiés. Le Vietnam. Le Vietnam, nom de nom ! Rambo, quoi. Même lui, il y avait eu des problèmes, même lui ne s’y sentait pas complètement à l’aise. Cette fois-ci c’est ma mère qui nous a expliqué que la guerre était terminée et que nous ne risquions rien. Mais gare à ne pas trop s’éloigner tout de même et à ne pas jouer avec des obus enterrés ni des mines oubliées ici ou là. (Gilles Marchand, « Bateau de sable »)
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« Fake news, j’ai soupiré. Légende urbaine, attrape-gogo, ou n’importe quel autre nom. T’es vraiment trop naïf, Grimes. Tu gobes, n’importe quoi. » (Thierry Covolo, « La mer pour mon anniversaire »)
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Moins d'une demie-heure s'était écoulée lorsque la haute silhouette franchit une nouvelle fois l'entrée du parc.
Les deux femmes semblaient avoir compris, à une sorte de signal imperceptible, que leur tour était venu de le suivre. Elles se regardèrent longuement. Leurs mains se désunirent lentement, comme dans un regret.
Il attendit calmement que les deux femmes se levassent. Ce qu'elles firent, discrètement, sans un mot, sans se quitter du regard. Elles se fondirent dans l'ombre, en emboîtant son pas.


[Le Cercle]
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- Regardez-moi dans les yeux. Moi uniquement.
J'avais compris. Je l'ai regardé dans les yeux, dans un effort violent pour chasser de ma pensée la chose qui attirait invinciblement mon regard. Je ne voulais pas la voir, et le désirais tout à la fois. Il le voyait, au fond de mes yeux qui devaient exprimer toute la terreur du monde. Et il s'est de nouveau adressé à moi.
- Regardez-moi, rien que moi. Ne faites pas attention à lui pour le moment.
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Jean-Patrick avait des rêves d’Andalousie, il disait souvent qu’un jour il y retournerait, parce que c’est le paradis sur Terre, qu’il y fait chaud même l’hiver, que le ciel est bleu et que c’en serait fini de ses mains pourries d’eczéma à cause du gel et de la crasse. Quand il revenait à la réalité sombre de notre parking souterrain et au ploc-ploc des eaux de pluie qui s’écoulaient par les fissures du bâtiment condamné, il me faisait : « Tiens ! Passe-moi ton cahier de texte, qu’on vérifie tes leçons, que je serve à quelque chose en ce bas monde ! » C’était sa lubie mes devoirs, il voulait pas que je finisse comme lui. Tous les soirs en rentrant du collège, je passais à la maison, prenais à goûter pour nous deux, et filais à vélo ou en skate au chantier. (Stéphane Monnot, « La linéarité affublée du masque grotesque de la relative jeunesse »)
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C’est le principe de l’économie collaborative, je crois. J’ai lu un début d’article à ce propos. Le début uniquement parce qu’il était dans un journal que mon voisin de palier avait laissé sur le dessus de la poubelle. N’allez pas croire que je fasse les poubelles mais, lorsque quelque chose est déposé au-dessus du couvercle, on ne peut pas le considérer comme une simple ordure. Le couvercle de la poubelle est le purgatoire du déchet. On lui offre une seconde chance. J’imagine que le voisin, dans sa magnanimité, a estimé que le journal pourrait intéresser quelqu’un d’autre, bien qu’une tache de café en rende la lecture intégrale impossible. Par respect pour mon voisin, je l’ai donc pris et en ai lu toutes les parties restées lisibles. Échange de bon procédé oblige, j’ai fouillé dans ma poubelle, en ai sorti ma vieille brosse à dents que j’ai déposée à son tour sur le couvercle de la poubelle au cas où quelqu’un, dans l’immeuble, lui trouverait une utilité que personnellement, je ne voyais pas. (Gilles Marchand, « Syllogomanie de proximité »)
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Le promoteur avait un peu survendu la résidence avec les images de synthèse qui montraient une large perspective sur des parcs arborés, des pistes cyclables, des jeux d’enfants. Une fois les trois arbres plantés, la piste cyclable tracée, la cage à poule et l’unique tourniquet installés, l’ensemble paraissait étriqué, plus gris, pas très différent des quartiers populaires de notre enfance. Les voisins étaient comme nous : des trentenaires qui avaient remisé leurs rêves d’ados au placard et refusaient de le reconnaître. Lors de la crémaillère de l’immeuble, les filles riaient trop fort et les types éclusaient du whisky de duty free en parlant d’opportunités, de management et de frais kilométriques. J’avais cassé ma tirelire et emprunté jusqu’au dernier centime à la banque pour qu’on vienne s’encroûter dans ce miroir aux alouettes de la société de consommation. Mais ma princesse avait son château. (Pascale Pujol, « Ma vieille Martin »)
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