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EAN : 9782919285150
Editions Antidata (15/10/2015)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Les neuf nouvelles qui composent ce recueil mettent en scène des personnages soudainement confrontés à des situations très paradoxales, quand elles ne sont pas franchement inconcevables. Par petites touches souvent pleines d'humour, Laurent Banitz dépeint, entre autres, le trouble d'un homme qui doit annoncer à ses proches qu'il est mort depuis plusieurs jours, la gêne considérable d'un acteur porno catapulté dans le cinéma d'auteur, ou la dérive d'un médecin de cam... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
《 On est jamais loin de l'éclat de rire, et pourtant, tout cela reste vaguement inquiétant... 》
[C4]


C'est avec beaucoup de plaisir que je remercie l'équipe de Babelio et les Eds ANTIDATA pour l'envoi de ce recueil remporté lors de la Masse Critique de janvier dernier.


M'étant laissée instinctivement guider par l'intrigante 4ème de couverture et les couleurs chatoyantes que le livre arborait fièrement, j'ai coché Au-delà des Halos dans une sorte de "hasard calculé", mais sans vraiment savoir où le vent me porterait, comme souvent dans ces cas-là...

Loin d'être déçue, j'ai même découvert un novelliste de talent - possédant déjà plusieurs ouvrages à son actif.


Chaque mot semble avoir été soupesé, réfléchi, utilisé avec une authentique parcimonie, créant un style singulier extrêmement vif. Les phrases sont particulièrement courtes effectivement, et bien que cela m'a rapidement frappée, ça n'a rien enlevé à l'incomparable incongruité des morceaux choisis pour ce florilège si spécial.

Un excellent choix, assurément ! =)


Il s'agit donc ici de neuf nouvelles polymorphes étonnantes, originales, succinctes et insolites.
L'écriture fluide et atypique, agréable et enlevée, glisse sous nos yeux avec légèreté et l'on se surprend à en vouloir plus, toujours plus...
- Malheureusement la brièveté de ces textes est l'apanage de ce genre littéraire, c'est ainsi... Ce n'est jamais assez long !
(Même si, en y réfléchissant bien, il m'arrive aussi parfois de penser pareillement à propos de romans de plus de 500 pages : quand on aime, on en a fatalement jamais assez ^^).


Les personnages d'un commun presque affligeant, au demeurant - en effet, ce n'est pas tellement sur eux que se portera notre attention... - se retrouvent soudain propulsés à milles lieues de leur monde habituel si trivial et réconfortant ; décontenancés ; confrontés au bizarre, à l'inexplicable ; à ce qui sort de l'ordinaire, de l'entendement...
Alors que d'aucuns cultiveront des trésors d'ingéniosité pour y faire face tant bien que mal, d'autres subiront les événements sans mot dire - il n'y a parfois rien d'autre à faire...


Toutes les historiettes de ce petit carnet m'ont énormément plues, avec une ou deux préférences peut-être, certaines m'ont étonnée - pour ne pas dire laissée totalement sans voix - , d'autres encore ont fait carburer mes petits neurones à plein régime.
Et dans l'ensemble j'ai passé un très bon moment de lecture, que je conseillerai vivement à tous ceux que le genre 'nouvelle' ne rebute pas évidemment.
> Quoique... peut-être Laurent Banitz saura-t-il réconcilier les moins enclins d'entre vous avec la "short story", et pourquoi pas réussir à faire changer d'avis les plus récalcitrants, qui sait ? Il n'y a qu'une seule façon de le savoir...


En attendant, voici de quoi vous faire patienter :


* Je peux mourir en souriant.
Imaginez ; une situation saugrenue relativement inédite, où un homme fraîchement décédé, se décide à annoncer lui-même à sa famille sa mort inopinée...

《 Rien n'est plus intolérable qu'un mort qui s'éternise. 》


* Le Divan mutique.
Lorsque se présente régulièrement à son cabinet, un mystérieux patient muré dans un absolu silence, dont l'unique manie consiste à chaparder systématiquement l'un ou l'autre de ses objets, c'est une aubaine pour le spécialiste, qui y voit un véritable cas d'école...
Mais jusqu'où cela ira-t'il ?

《 Quand j'ai vu arriver ce 'muet', avec ses bizarreries, j'ai senti renaître les frémissements de mes débuts. Le vieux lacanien que je suis a senti vibrer à nouveau la fibre sacrée. 》


* De l'insecticide dans le confessionnal.
Le père Célestin est bien loin d'imaginer ce qu'augure la visite de cet homme étrange sentant le répulsif, venu troubler la quiétude de sa si tranquille paroisse. Ce que ce dernier lui demande risque fort d'ébranler la foi de l'ecclésiastique à jamais - et pas uniquement...

《 Amen 》


* Ubiquité en salle obscure.
Quelle serait votre réaction si d'aventure, comblant votre passion du 7ème art en vous installant devant un bon film au cinèma, vous vous retrouviez face à vous-même, en lieu et place d'un des figurants sur l'écran ?

《 JE étais un autre, comme dirait l'autre. 》


* Céphalées.
Un jeune infirmier se voit confier les soins à domicile d'un bien étrange personnage dont la particularité physique l'effraie littéralement au plus haut point. Pourtant, épris de la jeune femme qui partage la maison de ce patient peu ordinaire, et curieux du mystère que celle-ci cultive, il décide de poursuivre ses visites malgré tout...

《 Je préfère ne plus y penser. Ça me donne la migraine. 》


* Le Cercle.
(Le plus court récit du recueil se veut particulièrement désappointant...)
Principal protagoniste, "il" patiente. Il attend comme les autres, bien qu'il ne sache pas exactement quoi, ni même où il est ou ce qu'il fait là. Quelques bribes de mémoire lui reviennent parfois, toujours évanescentes, cependant que le cercle autour de lui diminue, inexorablement...

《 En se réveillant, il constata qu'ils n'étaient plus que quatre. (...) Ils étaient toujours assis en cercle, presque immobiles, silencieux comme des tombes. Ils semblaient figés, résignés à attendre. 》


* Tripes et boyaux.
La descente aux enfers, plus au propre qu'au figuré, pour ce pauvre médecin de campagne, bien incapable d'imaginer où le ménera son sens du devoir...

《 J'ai par moments des sueurs froides quand je me surprends à penser comme Henri. (...)
Là, j'ai compris que je naviguais dans une zone grise, à mi-chemin entre deux réalités contradictoires, et qu'une pente vertigineuse et glissante comme de l'argile des tranchées m'attirait dans les noirceurs de l'univers mental d'Henri. 》


* Rendez-vous avec X.
David Véga, qui jouit d'une belle notoriété dans le monde du porno français, se voit soudainement promu au rang de "véritable" acteur en acceptant de tourner pour un très grand nom du cinéma d'auteur...

《 Je me savais ignorant du cinéma. Mais que je le sois encore plus des femmes me laissait sans voix. 》


* Un âne plane.
(Impossible de résumer cette narration-ci sans en déflorer toute son originalité. Bien que rapidement prévisible, elle reste celle qui m'a le plus ébranlée et certainement celle que je préfère.)

《 Il avait eu le temps de mesurer que l'impact serait extrêmement douloureux.
Il le fut. 》


***
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Je remercie Babelio et Masse Critique pour l'envoi de ce livre : Neuf petites nouvelles fort bien écrites, et il est certain que l'auteur maitrise parfaitement son sujet, ainsi que son écriture. Je ne suis pas particulièrement fan du genre, ce qui fait que je n'ai pas vraiment accroché au genre paradoxal, improbable et bizarre. Mais je reconnais qu'il y a chez cet auteur un vrai talent. Il l'exprime d'ailleurs dans un genre plus drôle sur la 4° de couverture, et je ne résiste pas à l'envie de vous le partager :

"Laurent Banitz est né au cours de l'hiver 1970, année de la mort du général De Gaulle et de Jimi Hendrix, sans qu'aucun rapport précis n'ait pu être établi entre les trois évènements.
Quatre décennies plus tard, après une douloureuse piqûre de mouche, il décide de se mettre à l'écriture, conscient que l'immortalité est à ce prix.
Ses modèles en littérature ont souhaité conserver l'anonymat. "

J'adore cette drôlerie empreinte de bienveillante autodérision. Alors, si ce n'est déjà fait, encourageons Laurent Banitz sur la voie de l'autofiction humoristique !
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J'avais beaucoup apprécié les nouvelles de Laurent Banitz dans les anthologies publiées par Antidata ("Version originale" et "Petit ailleurs") et j'étais curieux de voir si un recueil entier signé par l'auteur allait confirmer cette bonne impression. Et en effet, Laurent Banitz impose un univers bien à lui tout au long de ces neuf nouvelles où les personnages se retrouvent dans des situations pour le moins inattendues, parfois à la limite du fantastique. Mais l'écriture subtile de l'auteur, saupoudrée d'un humour à froid bienvenu, fait qu'on se laisse embarquer dans ces histoires improbables sans résistance. L'ensemble baigne également dans une certaine mélancolie et la toute dernière nouvelle, "un âne plâne", est aussi troublante et émouvante que la chanson de Bashung qui l'a inspirée.
Définitivement un auteur à suivre.
(Merci à Babelio et Masse Critique)
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Neuf incisions poétiques du presque ordinaire, du résolument improbable, du vicieusement fantastique.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/11/01/note-de-lecture-au-dela-des-halos-laurent-banitz/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Jusqu'ici, je n'avais pas prêté attention aux arbres. Des platanes, sans doute. Un arbre planté au bord d'une route est forcément un platane. À se demander s'il n'a pas été spécialement créé pour ça, pour cette existence de bord de route. Ou pour disloquer de temps à autre quelque corps ivre d'alcool en sortie de virage.
De toute façon, je n'ai jamais été fichu de distinguer un peuplier d'un chêne. Qu'importe. Mettons qu'il s'agisse d'un platane. Même s'il est plus difficile de se prononcer avec la tête presque à l'envers. (...)
C'est un arbre assez solide. C'est même pour ça qu'on le met là, dirait l'autre.


[Un âne plane]
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Il ne m'avait pas tout dit.
C'eût peut-être été pire, du reste.
(...)
Voilà qu'on m'annonçait que nous allions devoir tourner une scène d'amour. Nus. Je devrais l'embrasser, et l'étreindre devant la terre entière.
Cet après-midi même.

Et moi, David Vega, vedette du porno français, surnommé “ l'étalon de Ménilmontant ”, je réalisai soudain que je n'avais aucune idée de ce qu'était un baiser de cinéma.
Quant au reste...


[Rendez-vous avec X]
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Ce fut la journée des surprises pour le père Célestin. Un quidam à confesse (ce n'était pas arrivé depuis... oh plus que ça, même), une entrée en matière d'un autre âge, et pour finir, cet énorme éclat de rire qui avait retenti dans le confessionnal. Un rire tonitruant, à en faire trembloter les trois paires de fesses molles attardées sur les banquettes en cette fin d'après-midi.
Elles s'étaient empressées de déguerpir. Le scandale, probablement. Une intuition, peut-être.


[De l'insecticide dans le confessionnal]
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L'homme à la triste figure et à la blouse blanche un peu jaunie semblait hésiter à poursuivre. Puis, désireux d'en finir :
- Tu es mort,, Jacques. Aucun doute possible. Comprends-moi bien, je ne suis pas en train de dire que tu es foutu. Non, ce que je suis en train de te dire, c'est que tu es réellement mort. Décédé, si tu préfères.
- Je ne comprends pas.
- Moi non plus. Mais les résultats sont formels.
(...)
- Il faut que je prévienne ma femme.
- Veux-tu que je le fasse ?
- Non, je crois qu'il vaut mieux que je lui annonce moi-même. Ça va lui faire un choc terrible.


[Je peux mourir en souriant]
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La prochaine fois, je l'invitera à s'étendre sur le divan. Le moment est peut-être venu d'abandonner le face-à-face. Patience. Le fil n'est pas rompu. Je continue à penser que le caractère systématique de ses petits larcins est hautement signifiant. Cette fois, c'était mon parapluie.
Peu importe, de toute façon, il ne pleut pas.


[Le Divan mutique]
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Video de Laurent Banitz (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laurent Banitz
Rencontre avec Laurent Banitz (Librairie Charybde, 10 novembre 2015).
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