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EAN : 9782919285174
170 pages
Antidata (01/01/1900)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Comment peut-on être voisin ?
Et comment peut-on persister dans cet état avec un entêtement qui confine à la provocation ? Et cependant...
Si l'on y réfléchit bien, ne sommes-nous pas tous le voisin de quelqu'un ? Qui peut en effet se targuer de n'avoir jamais été surpris de voisiner avec ses semblables ?
Les auteurs de ce recueil tentent, chacun à leur manière, d'échapper à ces questions, en noyant le poisson de manière plus ou moins habile. >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Parties communes est une excellente surprise : composé de 12 nouvelles toutes plus percutantes et savoureuses les unes que les autres, c'est un festival d'humour, composé sur le thème du voisinage, plus ou moins houleux, entre des êtres disparates ; et si certains personnages sont aigris, c'est pour notre plus grande joie. Ils échangent des petits mots bien sentis entre voisins ne pouvant pas se voir, au propre comme au figuré. Les deux nouvelles épistolaires Voisinage discret de Guillaume Couty et La demeure Painhall de Christophe Ségas se chargent de décaper au vitriol le thème que l'on pourrait croire rebattu des querelles de voisinage. Murielle Renaud, avec le Mec de la table d'à côté, nous met l'eau à la bouche à plus d'un titre, tandis qu'Arnaud Modat, avec Tapage nocturne et neiges précoces, tente bien de doucher notre enthousiasme, mais sa morosité résolue de loser trentenaire en train de s'embourgeoiser à son corps défendant est tellement drôle qu'on en fondrait sous la douche. Anne-Cécile Dartevel lui emboîte scandaleusement le pas pour nous régaler des indiscrétions de squatteurs d'un autre âge sacrément gonflés (Vous et nous). Laurent Banitz (dont il ne faut sous aucun prétexte rater le recueil Au-delà des halos, chez le même éditeur) porte également sa pierre à l'édifice avec un Amédée désenchanté.
La palme de l'originalité revient à Philémon et Baucis de Malvina Majoux, qui revisite la fable antique et nous émerveille par son inventivité. Cette saynète, tout en dialogues donc, vaut son pesant de bois de hêtre ou de baguettes de Mikado, comme on voudra. PHIL passe son temps (et Dieu sait qu'il en a, du temps, désormais !) à remonter le moral De BÔ qui refuse de jouer à Pierre feuille ciseaux (« tu fais toujours la feuille, ce n'est pas drôle ») et déprime sec depuis qu'il végète, figé dans une quasi immortalité. Il le fait avec un lyrisme et une verve inépuisables qui se changent en comédie virulente dès qu'un mortel ou un Dieu pointe son nez dans le bosquet, afin de bien lui faire comprendre combien peu enviable est le sort des végétaux tenus en otage entre ciel et terre.
Je ne résiste pas à une petite citation :
PHIL — … J'ai décidé de ne plus travailler le dimanche.
BÔ — Ah et comment tu vas faire ?
PHIL — Je n'ombragerai plus. Je vais mettre tous les promeneurs à cuire sous mes branches. Tous les dimanches, paf ! le coup du soleil !
BÔ — Tu es un arbre bien, Philémon, quand tu t'engages comme ça.
PHIL — Rejoins moi, ravale mon ombre.
BÔ — Non.
PHIL — Pourquoi ?
BÔ — Parce que je refuse d'être un arbre. Je n'entrerai pas dans le système, même pour le contrer.
Dans un style bien différent, la verve « sévit » tout autant en zone urbaine, dans les quartiers des cités où Manitou, Édouard et Momo Maestro s'engueulent à coups de castagne, de crachats et de monosyllabes bien placées, que vient renforcer un langage corporel savamment décodé par un Benoît Camus très inspiré. D'ondulations félines en fanfaronnades intempestives, on les voit se jauger et s'agiter en une danse digne d'un West Side Story contemporain, qui nous fait passer un moment inoubliable (Ailleurs, les murs sont moins gris).
Décidément, se dit on sous le charme de cette collection de perles, Parties communes est un recueil hors du commun, qui donne tout son lustre au genre, bien vivace, de la nouvelle.
Nathalie Barrié de Nouvelle Donne
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Tout d'abord merci à Babelio pour son opération masse critique et aux éditions Antidata pour l'envoi du livre.
Ce recueil de 12 nouvelles a pour thème les voisins. Un thème fédérateur, puisque la majorité de la population a des voisins. Chacun peut donc se retrouver dans ces histoires.
Chaque nouvelle ayant un auteur différent, le style varie d'un texte à l'autre ainsi que leur longueur : de 7 à 22 pages.
Les voisins sont abordés sous tous les angles : tapage nocturne, banalités échangées en descendant l'escalier, différences sociales, squat devant l'immeuble, méfiance envers les nouveaux venus, etc.
On oscille entre humour, drame, dialogues, échanges épistolaires, etc.
J'ai trouvé ce recueil intéressant bien que très inégal. J'ai vraiment accroché sur certaines (« le mec de la table d'à côté », « Voisinage discret », « Vous & nous », « La demeure Painhall ») et buté sur d'autres (« Amédée », « Philémon et Baucis » notamment).
Malgré tout, l'avantage de la nouvelle c'est que les textes sont forcément percutants puisque courts. Les auteurs vont droits au but, la chute clôt magnifiquement chaque texte.
Une bonne surprise donc, d'autant plus que les auteurs m'étaient pour la plupart inconnus. La structure du recueil indique la bibliographie de chacun d'eux en début de nouvelle, et ça donne envie de lire leurs autres oeuvres !
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L'idée de relire des nouvelles est plaisante. C'est un genre qu'on redécouvre avec plaisir : ici les nouvelles sont très courtes et avec des styles très différents ce qui peut permettre de plaire à tout le monde. Par contre le niveau de qualité d'écriture est très différent de l'une à l'autre avec un style parfois lourd ou déplaisant. J'ai aimé certaines de ces nouvelles mais le résultat global est que finalement ce livre, je l'ai apprécié moyennement. Il a eu au moins le mérite de me faire découvrir un livre que je n'aurais sans doute jamais acheté. L'idée de mettre la fiche technique comme un contrat de location pour chaque nouvelle est aussi très original
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Merci à l'opération Masse critique de Babelio pour ce recueil de nouvelles. L'art d'être voisin, de table, de palier, de rue... décliné en 12 nouvelles, inégales mais plaisantes, entre le vieux fou et ses courriers de plus en plus menaçants, le serial accumulateur empailleur, le jeune père accueilli par des fêtards ou la dernière nouvelle, délire sur la vie de Philémon et Baucis et leurs 3000 années de vie en arbres enlacés pour une quasi éternité. Ma préférée de par son humour et ses perles judicieusement placées, son exigence.. Un bon moment malgré quelques longueurs
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Voisin, mon semblable, mon ennemi, mon frère. Douze approches du phénomène.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/11/08/note-de-lecture-parties-communes-collectif/
Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je profite de ces quelques mots d’excuse anticipés pour vous signaler à toutes fins utiles que votre chaîne hi-fi s’est malencontreusement bloquée depuis quelques jours sur son volume maximal et qu’elle se déclenche chaque matin à partir de 5 h 42 ou 43. Elle doit être située dans votre boudoir. Or, le croirez-vous ?, ma tête de lit se situe exactement de l’autre côté de la paroi susnommée.
J’ajoute, pour être tout à fait complète, qu’hier matin un étron canin, dont la taille semble profilée à l’aune du trou du cul de votre « Roupette », a été déposé sur mon paillasson. Je m’en voudrais de vous rendre la pareille, d’autant que dépourvue de chien, je me verrais dans l’obligation de produire moi-même la matière de ce petit cadeau matinal.
Je vous propose donc d’en rester là.
Votre dévouée voisine.
(Guillaume Couty, « Voisinage discret »)
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C’est le principe de l’économie collaborative, je crois. J’ai lu un début d’article à ce propos. Le début uniquement parce qu’il était dans un journal que mon voisin de palier avait laissé sur le dessus de la poubelle. N’allez pas croire que je fasse les poubelles mais, lorsque quelque chose est déposé au-dessus du couvercle, on ne peut pas le considérer comme une simple ordure. Le couvercle de la poubelle est le purgatoire du déchet. On lui offre une seconde chance. J’imagine que le voisin, dans sa magnanimité, a estimé que le journal pourrait intéresser quelqu’un d’autre, bien qu’une tache de café en rende la lecture intégrale impossible. Par respect pour mon voisin, je l’ai donc pris et en ai lu toutes les parties restées lisibles. Échange de bon procédé oblige, j’ai fouillé dans ma poubelle, en ai sorti ma vieille brosse à dents que j’ai déposée à son tour sur le couvercle de la poubelle au cas où quelqu’un, dans l’immeuble, lui trouverait une utilité que personnellement, je ne voyais pas. (Gilles Marchand, « Syllogomanie de proximité »)
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Le promoteur avait un peu survendu la résidence avec les images de synthèse qui montraient une large perspective sur des parcs arborés, des pistes cyclables, des jeux d’enfants. Une fois les trois arbres plantés, la piste cyclable tracée, la cage à poule et l’unique tourniquet installés, l’ensemble paraissait étriqué, plus gris, pas très différent des quartiers populaires de notre enfance. Les voisins étaient comme nous : des trentenaires qui avaient remisé leurs rêves d’ados au placard et refusaient de le reconnaître. Lors de la crémaillère de l’immeuble, les filles riaient trop fort et les types éclusaient du whisky de duty free en parlant d’opportunités, de management et de frais kilométriques. J’avais cassé ma tirelire et emprunté jusqu’au dernier centime à la banque pour qu’on vienne s’encroûter dans ce miroir aux alouettes de la société de consommation. Mais ma princesse avait son château. (Pascale Pujol, « Ma vieille Martin »)
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Je pose mon écharpe du côté de Hubert, préférant me laisser une ouverture avec Charlotte. Enlever mon manteau promet d’être une épreuve tant l’espace dont je dispose pour cette manœuvre est restreint, tout au plus soixante centimètres de large et trente de profondeur (autant que je veux en hauteur, ce qui ne me sert à rien). J’entreprends d’extirper mon bras gauche de ma manche, opération d’autant plus difficile que je suis assis sur mon manteau. J’y arrive pourtant, et ce, sans blesser personne. Fort de ce succès, je passe au bras droit. C’est plus facile maintenant que je ne suis plus entravé que d’un côté. Une fois les bras libérés, je soulève tant bien que mal mon postérieur pour dégager l’habit complet. Alors que j’y suis presque, je donne un malencontreux coup de coude à Hubert. Nous n’étions déjà pas dans les meilleurs termes, je crains que cet incident ne scelle définitivement notre antagonisme. (Murielle Renault, « Le Mec de la table d’à côté »)
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Je ne suis que bave, haleine putride, courbatures et cheveux gras. Sans aucune forme de consentement préalable, le monde prend forme autour de moi : une chambre, d’abord, puis un autre corps étendu à côté du mien, corps familier, érotique, marqué du sceau de la propriété privée. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas prêt pour le jour nouveau. L’injustice est manifeste. Je préférais sincèrement mourir plutôt que de me lever. C’est toujours le cas. Si on remplaçait mon radioréveil par une arme à feu chargée, il ne fait aucun doute que je me tirerais une balle dans la bouche chaque matin. « Le pauvre con se suicidait au petit jour et passait le reste de la journée à se fabriquer un nouveau visage ». Une mythologie moderne. (Arnaud Modat, « Tapages nocturnes et neiges précoces »)
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Vidéo de Laurent Banitz
Rencontre avec Laurent Banitz (Librairie Charybde, 10 novembre 2015).
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