Quels sont les profils de ces acteurs contestataires ? Sur quels enjeux se mobilisent-ils ? Quelle est la portée concrète de leurs luttes et quelles sont les contraintes à la fois internes et externes qui pèsent sur leur développement ? Telles sont les questions auxquelles s’efforcent de répondre les contributions nationales rassemblées dans cette livraison d’État des résistances dans le Sud
Contre les solutions technologiques des grandes firmes, vieilles recettes emballées dans une nouvelle rhétorique verte et transformiste, la société civile appelle à un changement radical de cap
Promesse d’un monde décarboné, la transition énergétique n’est ni juste ni durable. Matériellement intensive, elle repousse les frontières de l’extractivisme, déplace le coût du verdissement des économies riches sur les pays en développement et tend à reproduire un rapport de type colonial. Une juste transition devra corriger les asymétries Nord-Sud et questionner le productivisme et le consumérisme à l’origine des déséquilibres mondiaux.
Le mouvement Black Lives Matter, le collectif féministe chilien Las Tesis et leur performance El violador eres tú, la myriade de groupes qui soutiennent en Inde les travailleurs migrants au milieu de la pandémie, le mouvement de protestation des jeunes contre les industries détruisant la planète, les paysans et les producteurs autochtones de nourriture apportant des aliments aux pauvres des villes qui ont perdu leur revenu pendant le confinement, tous ces mouvements pour la dignité, pour la justice raciale, genrée, sociale et climatique sont des manifestations du fait que les luttes pour les droits humains sont bien vivantes et actives et qu’elles ont à jouer un rôle clé pour forger de nouvelles visions pour une gouvernance démocratique.
La construction de ces nouvelles visions demande, entre autres, d’enrichir la pensée des droits humains par des cosmovisions et des normes non européennes. L’intégration des droits humains, des lois environnementales et des droits de la nature est au cœur de la constitution d’institutions et de politiques s’attaquant réellement aux causes profondes de la destruction écologique.
C’est également un moment important pour nous rappeler que, malgré les souffrances et la violence qu’elles endurent, les femmes ne sont pas simplement des victimes. Dans de nombreux endroits où des entreprises ont pris le contrôle de leurs terres par la violence, les femmes s’organisent et demandent qu’il soit mis fin aux abus dont elles et leurs communautés sont victimes, car les plantations industrielles ont détruit leurs moyens de subsistance. Elles exigent la restitution de leurs terres. Elles exigent de prendre part aux processus de décision concernant le sort des terres communautaires et demandent aux sociétés de plantation de restituer aux communautés les terres qu’elles ont accaparées sans leur consentement.
Mises en cause dans la flambée des prix, les grandes firmes de l’agrobusiness ont poursuivi leur expansion à l’échelle de la planète, imposant leurs modes de production standardisés, socialement excluants et écologiquement destructeurs
À la fois « science » écologique appliquée à l’étude, à la conception et à la gestion d’« agroécosystèmes durables » et catalogue de pratiques, méthodes et techniques (agroforesterie, agriculture de conservation, polyculture, contrôle biologique des parasites) qui permettent d’optimiser les systèmes agricoles en imitant les « processus naturels », en réduisant les apports externes et en préservant les processus « immunitaires, métaboliques et régulateurs clés des agroécosystèmes », l’agroécologie prend le contre-pied de l’agriculture conventionnelle
Le contrôle démocratique de la production, de la consommation d’énergie, de l’exploitation et de l’utilisation des ressources naturelles implique aussi d’organiser ces domaines centraux de la reproduction sociale de manière décentralisée, et de les orienter vers le bien-être public et non pas privé. Dans un contexte de crise climatique et d’accès inégal à l’énergie, la manière dont l’énergie est produite, distribuée et utilisée, par qui et dans quel but, doit être publiquement négociée
La transition énergétique en Europe laisse entrevoir la possibilité d’un nouveau boom des commodities et d’une nouvelle hausse des prix sur les marchés internationaux, en raison de la demande croissante de ce que l’on appelle les « matières premières critiques », à savoir des métaux indispensables à la transition vers une économie « verte » et des systèmes énergétiques neutres sur le plan du climatique, comme le cuivre, le lithium, le cobalt
L’agroécologie offre aux petit·es producteur·rices l’approche innovante dont ils ont besoin : une agriculture qui respecte la nature et ses processus, dans le but d’encourager des pratiques de transformation du sol que la mise en place de bouquets technologiques, telle qu’envisagée par la révolution verte, rendrait impossibles. Ces pratiques se caractérisent notamment par l’aménagement de cultures vivrières mixtes sur un seul et même champ