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Citation de Erik35


Il aperçut, droit devant, le moulin abandonné et, plus loin, les joncs des marais, la lande puis les collines et les forêts obscures. Ces forêts, ces collines lui étaient familières. C'était les terres de l'évêché... avec leur forge et leur brocard, leurs carrières, leurs fonderies et leurs fours à chaux. Là régnait le feu et l'évêque despote que tout le pays surnommait "l'ambassadeur du diable". Et le voleur cru voir, au fond de l'horizon, les flammes des chaufours dont il s'était jadis enfui. Où que le regard portât, ce n'était que flammes violettes, pourpres, mêlées à la fumée noire. Là gémissaient les morts vivants enchaînés aux charrettes, les voleurs de grand chemin et les vagants qui avaient été ses frères - ensemble ils avaient choisi cet enfer pour échapper au gibet. Comme lui jadis, ils arrachaient, une à une, de leurs mains nues, les pierres des carrières de l'évêque, une vie durant ; ils sortaient du four des résidus incandescents, debout jour et nuit devant la gueule vomissante, à peine protégés par l'étroit auvent de bois qu'ils surnommaient entre eux "le cercueil". Le feu leur brûlait le front et les joues - ils ne sentaient plus : ils ne sentaient que le fouet du bailli et de ses valets qui les exhortaient à la tâche.
Et c'est là que le voleur voulait retourner ! Ce lieu était pour lui le dernier refuge. Car le pays comptait plus de gibets que de clochers, et il savait que le chanvre qui devait le pendre était déjà peigné et cordé.
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