Citations de Léo Thiers-Vidal (35)
Analyser l’hétérosexualité en terme de hiérarchies entre hommes et femmes, et non seulement en tant que forme norminative de la sexualité
l’expérience de la domination est une forme particulière et déformée de la relation de type "nous"
dans la mesure où les rapports de genre occidentaux contemporains sont fondamentalement »interactionnels » de par la mixité asymétrique les caractérisant (l’hétérosexualité et la socialité), cet accent mis sur ces négociations intersubjectives est important, bien qu’il ne prenne pas suffisamment en considération l’asymétrie caractérisant ces "négociations" interactionnelles genrées
les agents ne sont ni entièrement agis ni entièrement agissants. Le contexte dans lequel ces agents grandissent et vivent les construit et ils contribuent activement à construire ce contexte.
il me semble qu’une réelle considération du féminisme matérialiste implique, pour les hommes, non pas de critiquer les analyses féministes radicales, mais en premier lieu d’essayer de les comprendre réellement, sans biais androcentrique, et d’effectuer un travail théorique spécifique -suggéré par Nicole-Claude Mathieu -, celui du dévoilement et de l’analyse des moyens de l’oppression masculine.
il me semble crucial de développer une analyse centrée sur les aspects structurels et systématiques des rapports de genre, tant que ces prémisses ne sont pas des acquis de la pensée masculine critique
Cette invisibilisation de la position d’oppresseur permet une illusion fondamentale, celle de l’objectivité et de la neutralité qui a donné lieu à une épistémologie objectiviste niant la nécessaire subjectivité des analyses scientifiques en général, et des sciences humaines en particulier.
Un point de vue féministe, à ne pas confondre avec un point de vue des femmes, est donc le produit d’un processus – difficile mais également source d’épanouissement – de prise de conscience et d’engagement sociopolitique, qui n’est pas interchangeable avec tout un chacun décidant d’occuper un tel point de vue
le savoir se construit donc également en fonction d’une utilité politique et non dans un vacuum socio-politique, que ceci soit d’ailleurs explicité ou non
l’enjeu pourrait donc consister à développer une théorisation octroyant plus de place à la marge de manœuvre des femmes, aux capacités de résistance et aux stratégies d’autonomie, tout en tenant compte du caractère structurel de l’oppression de genre et de la nature profondément oppressive des rapports femmes-hommes.
Toute la difficulté semble résider dans la possibilité de penser l’oppression en même temps que la marge de manœuvre, la structure déterminante ainsi que l’action créatrice, le niveau macro-social ainsi que le niveau micro-social – sans pour autant nier ou diminuer la place du pouvoir dans les rapports de genre.
La capacité de certaines femmes à la reproduction est majoritairement perçue et analysée comme une donnée naturelle, un événement biologique hors champ social, historique et donc des rapports de genre ; et elle est utilisée comme explication évidente de la place sociale des femmes dans les sociétés.
le fait qu’entre hommes et femmes est toujours supposé exister d’une façon ou d’une autre de l’amour, empêche de penser ces relations personnalisées (dont les viols, meurtre) en termes de rapport d’oppression
L’obligation sexuelle implique que les hommes se sentent propriétaires de leurs corps et revendiquent l’accès au corps des femmes
Ce qui s’est imposé à moi, c’est que le choix d’octroyer une importance à l’expérience spécifique que constitue la production d’une thèse sur les rapports de genre, en tant qu’homme hétérosexuel blanc souhaitant contribuer à l’abolition de ces rapports, m’a amené à vivre cette production comme une expérience, un voyage – comme le mentionne le titre "De l’ennemi principal aux principaux ennemis" – avant d’être un récit désincarné à posteriori