Le domaine que les entomologistes ont à explorer est trop vaste, ses différentes parties Sont encore trop imparfaitement connues pour qu'on puisse, dès à présent, procéder avec certitude ; ce ne sera qu'après de plus longues études, de plus nombreuses observations, qu'un génie supérieur s'emparant des divers traits de lumière jetés ça et là par les nombreux écrivains dans leurs observations, pourra les réunir et les agencer en un seul faisceau, de manière à produire un flambeau puissant qui fera pénétrer ses rayons dans les diverses parties de ce vaste domaine. Mais cette époque ne sera pas pour nous.
Dès 1879 je commençai de nouvelles études. sur les animaux et les plantes microscopiques, afin de me mettre au courant des nouvelles découvertes dans ce champ d’étude, dont les coryphées cités plus haut ont tellement activé le progrès, qu’ils ont révolutionné toute la pathologie et la thérapeutique. Par cette étude, j'ai pu ajouter 856 nouvelles espèces à celles déjà étudiées depuis 1849 à 1875, formant un total de 1645 espèces différentes. Ce nombre, étant réparti dans les différentes classes des infusoires, ou microzoaires proprement dits, des microbes, des algues et des champignons microscopiques, comprenant les principaux parasites de l’homme, des animaux et des plantes, soit nuisibles ou utiles à connaître. Ce sont ces êtres nouvellement découverts que j'ai particulièrement en vue de faire connaître dans les pages qui vont suivre.
Les Martins-pêcheurs sont connus de tout le monde, puisqu'il n'est guère de rivière où on ne les rencontre fréquemment en été. Quoique communs, on ne les voit jamais en bandes. Ils se nourrissent de petits poissons qu'ils saisissent de leur bec en fendant l'eau, et qu'ils vont déguster sur quelque branche dans le voisinage. Ils se creusent des nids dans les rives escarpées des rivières, de 5 à 6 pieds de profondeur. La femelle pond 6 œufs d'un beau blanc, de forme presque sphérique.
Les essences ligneuses sont généralement représentées dans les musées, en dehors des herbiers, par des échantillons aux dimensions qui suivent: 5 pouces de longueur, 11/4 pouce de largeur, sur 1/4 pouce d'épaisseur.
Les espèces ne pouvant fournir de telles dimensions sont représentées par des tronçons de tige, aussi de 5 pouces de longueur, pour laisser voir l'écorce, et des extrémités de rameaux pour montrer les ramifications et les bourgeons.
Il est aussi un vide dans notre système d’éducation que des dispositions particulières de la loi pourrait faire disparaître : c’est le manque d’écoles du soir ou d’écoles d'adultes. L'enfant, dans nos écoles, est souvent un écolier capable; la grammaire, l’arithmétique, la géographie, etc. lui sont assez familières; mais arrive bientôt l’âge de 13 à 14 ans, il lui faut laisser les bancs de l’école, son travail est requis par ses parents ; et d’ès lors c'en est presque fait de son commencement d'éducation. Trois ans, quatre ans s’écouleront sans qu’il ouvre à peine un livre de temps à autre; papier, encre, plumes, tout sera resté à l’école. N’étant jamais requis d'utiliser ce qu’il a appris, les conversations mêmes qu'il entend journellement ne roulant jamais que sur le travail manuel auquel il se livre, il aura bientôt tout oublié, si bien que parvenu à l’âge de 19, 20 ans, il ne pourra qu'à peine griffonner son nom lorsqu'il sera requis de le faire, et ne s'y prêtera qu'avec une extrême répugnance. De là l'ignorance parmi nos cultivateurs malgré les écoles qu'il ont au milieu d'eux.
Notre marche pour le futur sera à peu près ce qu'elle a été dans le passé. Nous continuerons à glaner à gauche et à droite dans le champ immense de l'histoire naturelle, nous efforçant de faire connaître à nos lecteurs les faits et découvertes qu'une simple lecture, sans études préalables, pourra leur permettre de saisir, tout en continuant des études méthodiques et plus suivies sur certaines parties, pour le bénéfice particulier des hommes de science.
Le botaniste, sans creuser dans les entrailles de la terre pour se perdre dans les mystères de la création, sans s'élancer dans les espaces célestes pour ramener à la science un enfant égaré ; peut, cependant, voir couronner de succès ses courses et ses fatigues, et satisfaire dans les bois, les vallons et les champs, son amour pour la nature.
Nos forêts si vastes, si riches, si densément boisée, disparaissent à vue d'oeil sous la hache aveugle de notre imprévoyant cultivateur. On le croirait parfois pris d'une espèce de furie pour faire disparaître toute trace de végétation forestière.
Dans plus d'un quartier, nous le savons, notre entreprise a été qualifiée de téméraire. Entreprendre une publication uniquement scientifique, d'où la politique et les nouvelles seront totalement exclues, mais on ne vous lira pas. Combien s'occupent de sciences en Canada ? Puis vous êtes seul ! et vous êtes curé? Une moue plus ou moins dédaigneuse accompagnait d'ordinaire ces questions et autres qu'on nous adressait. Nous pensons qu'on a mal compris notre but. Nous voulons, avant tout, populariser les connaissances en histoire naturelle, et pour y réussir plus sûrement, nous déduirons les conséquences pratiques de nos données, chaque fois qu'il y en aura de connues. Et lors même que nous ne reconnaissons pas pour le moment d'avantages directs à déduire les faits que nous établissons en histoire naturelle, ces faits doivent-ils demeurer pour nous sans intérêt ? Non sans doute ; car chaque nouvelle découverte dans l'étude de la nature est un capital acquis, qui devra tôt ou tard produire des intérêts. Étudions et constatons les faits, laissant à ceux qui viendront après nous, lorsque le succès nous aura fait défaut, la tâche plus difficile, mais plus encourageante, de découvrir les causes et les raisons de ce qui nous embarrasse aujourd'hui, et de tirer des conséquences pratiques, s'il y a lieu, de connaissances plus approfondies.
Le temps est cependant arrivé pour nous, d'y voir de plus près. On crie de toutes parts, qu'il faut penser à faire autre chose de nos jeunes gens. Que des avocats, des médecins, et des cultivateurs pauvres, par cela même qu'ils manquent de l'instruction qui leur convient ; qu'il faut songer sérieusement à l'industrie. Nous pensons que cette réclamation est juste ; l'industrie nous manque. Mais sur quelle base s'appuiera-t-on pour établir de nouvelles exploitations, pour augmenter le nombre de nos manufactures, pour amener l'industrie à prêter à l'agriculture le juste concours qu'elle lui doit, afin de rendre le pays véritablement prospère ? N'est-ce pas sur la science ? Oui, sur la science ! C'est elle qui tirera du sol ces mines si riches et si abondantes que renferme notre pays ; c'est elle qui guidera l'ouvrier dans ses différentes exploitations métallurgiques ; c'est elle qui, dans ses ressources infinies, forcera la nature à servir ses vues, en utilisant ses forces à la place des bras, pour amener la production au plus bas prix possible ; c'est elle qui guidant le cultivateur dans une voie nouvelle, lui fera trouver une fécondité inépuisable dans un sol qu'il croyait ruiné et devenu stérile.