Léonard Sax

Devenir adulte, pour vous comme pour moi, c'est se réconcilier avec une réalité : nous ne deviendrons jamais ni riches ni célèbres.
En France, comme au Royaume-Uni et en Amérique du Nord, notre culture ne prépare pas vraiment les enfants à cette réconciliation et ne facilite pas la transition vers l'âge pleinement adulte. Cet échec est en partie dû au fait que nous ne comprenons plus l'une de leurs motivations clés durant cette transition - nos enfants ne veulent pas devenir des "adultes" (ou des "citoyens") de genre "neutre" et noyés dans la masse. Les filles veulent devenir des femmes, tout comme les garçons veulent devenir des hommes.

Un garçon qui écrabouille des boîtes aux lettres « juste pour s’amuser » y gagnera en prestige auprès d’au moins quelques garçons, là où une fille a peu de chance d’en récolter auprès de ses copines. Les filles écoutent les adultes, leur obéissent, surtout en l’absence de garçons. Car en présence de garçons, certaines d’entre elles peuvent se tenir mal, peut-être parce qu’elles perçoivent qu’en ne respectant pas les adultes elles y gagneront en prestige auprès de certains garçons.

La vie est une série de déceptions entrecoupée de longs moments d’ennui.

Pour les garçons, le problème à l’école est différent. Voilà ce qui est troublant chez tant de ceux que je rencontre, ou chez ceux dont parents et enseignants m’ont parlé : ils n’ont vraiment aucun intérêt pour les activités du monde réel, y compris pour le travail à l’école. Les jeux vidéo dans lesquels ces garçons s’engagent avec passion entretiennent peu de liens avec la réalité quotidienne, à moins qu’il ne s’agisse de tuer des gens ou de piloter des avions de chasse. Les garçons dont je parle dédaignent l’école parce qu’ils dédaignent aussi tout le reste.

À tous les âges, dans toutes les matières, les filles obtiennent de meilleures notes que les garçons, non parce qu’elles sont plus intelligentes, mais parce que, d’après les chercheurs, elles font davantage d’efforts. La plupart des filles s’efforceront de faire plaisir au professeur.

Qu’elles soient humaines ou de toute autre espèce de primates, les filles semblent grandir avec le désir de vivre en de bons termes avec les adultes. Les femelles primates ont une tendance innée à faire ce que les adultes leur demandent, à essayer de leur faire plaisir, à s’adapter à leur fonctionnement d’adulte.

Les femmes comme les filles ne se gênent pas pour demander leur chemin si elles se perdent quelque part, alors que de nombreux garçons et quelques hommes préféreront errer pendant des heures plutôt que demander de l’aide.

Le sentiment d’allégeance des garçons va d’abord aux autres garçons, tandis que les filles adoptent le point de vue de leurs parents.

En tant qu’humain mâle, j’ai de nombreux gènes en commun avec un chimpanzé mâle que je ne partage avec aucune femelle humaine11. D’après les études comparatives du génome humain et de celui des chimpanzés, je partage 99,4 % de mes gènes avec les chimpanzés mâles, un petit peu plus qu’avec une femelle humaine.

Je rencontre encore des gens insistant sur le fait que les différences observées entre filles et garçons ne sont pas innées. Ils préfèrent dire que les filles et les garçons se comportent différemment parce que notre société s’attend à ce que ce soit le cas. Nous nous attendons à ce que les garçons soient bruyants et jettent tout par terre, tandis que nous nous figurons que les filles vont se comporter en petites femmes bien élevées. En tout cas, c’est une réflexion répandue.

Mais que devient le rôle d’un homme, si c’est celui de sa femme de faire vivre la famille ? La réponse – et j’en ai trop souvent été personnellement témoin – est que l’homme se transforme en parasite dans sa propre maison. Sa femme a toujours sur les bras une grande partie, si ce n’est la majeure partie, des tâches domestiques, en sus du fardeau d’être le principal soutien de famille. Il est fréquent alors que le couple connaisse des tensions.

Les jeunes filles réussissent mieux qu’eux à l’école et sont en règle générale mieux qualifiées pour les postes disponibles : professeur des écoles, secrétaire, garde-malade. Les hommes ne veulent pas de ces boulots-là. Le professeur Kleinfeld m’a appris que, proportionnellement, les femmes inuites, à Barrow, travaillent autant que les femmes de New York, tandis que le taux d’activité des hommes reste nettement inférieur à la moyenne nationale.

Un lion de mer est apparu et ils ne l’ont même pas remarqué. Puis l’un des jeunes l’a vu et s’est mis à hurler. Ils ont tous attrapé leur fusil et se sont mis à tirer comme des fous. Ils ne l’ont pas tué. Ils l’ont blessé. Il est parti à la nage. On voyait la coulée de sang dans l’eau. C’est le pire résultat possible. Un animal blessé. Le lion de mer mourra, mais sans aucune utilité pour la tribu. »

Nous étions silencieux. Nous étions conscients. Je pouvais sentir l’approche du lion de mer alors qu’il était encore à huit kilomètres. Je ne peux pas vous expliquer comment je faisais, mais je peux vous garantir que je savais, avec une certitude absolue, quand le lion de mer approchait.

Le prestige de l’école ou de l’université qui vous a accepté en dit long sur vos capacités et, plus particulièrement, il suggère que vous avez tenu quatre ans et cela témoigne de votre persévérance. Cependant le diplôme lui-même ne donne pas de compétence professionnelle. Pour que les jeunes acquièrent les références demandées par les employeurs, il existe de meilleures façons, plus rapides, plus efficaces. »

J’aimerais que vous envisagiez une carrière dans les métiers du bâtiment. Si vous devenez électricien ou menuisier, vous gagnerez autant, si ce n’est plus, que vos amis universitaires. Vous gagnerez bien votre vie dès votre sortie du lycée, en sus de la satisfaction d’apprendre un métier et de devenir artisan.

Si les garçons d’aujourd’hui sont des flemmards, c’est notre génération, ou notre société, qui les a rendus flemmards. Alors, où est-ce que nous nous sommes trompés ? Que devrait-on faire différemment ? 

Garçons et filles sont sur Facebook. Mais, dans la plupart des cas, les filles se mettent en scène à l’intention des garçons. Les filles jouent un rôle et les garçons sont leurs spectateurs.

Parce qu’il ne sera jamais publié, jamais lu, le journal intime est un outil pour donner du sens à ce qui vous arrive, pour faire le tri entre ce que vous voulez ou ne voulez pas faire. Il s’oppose à la page Facebook de la même manière que mener sa vie s’oppose à jouer un rôle dans l’existence.

Un des dangers de Facebook et des autres réseaux sociaux réside dans le fait que, au lieu d’exprimer ce qu’elle ressent vraiment, votre fille écrira uniquement ce qui amusera ou impressionnera les jeunes qui la liront. Elle n’en a peut-être même pas conscience et ne comprend pas que ce qu’elle déclare ressentir ne correspond pas vraiment à son vécu. Elle modifie subtilement ce qu’elle écrit afin de proposer ce qu’elle pense que ses amis veulent lire. Peu à peu, elle risque de devenir la jeune fille qu’elle prétend être.