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Citations de Lionel Ray (229)


Le bleu se
déplie à
l'ouest du soir.
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Lionel Ray
La seule confiance qui vaille pour le poète ne consiste pas dans l’activité
raisonnante de l’esprit mais dans l’ouverture de tous les possibles du sens
qu’implique le travail des mots.
► C’est faire fausse route que de croire qu’on puisse se libérer du sens. Mais à
l’inverse, la confusion entre la pensée analytique et la poésie, entre le poème et
le discours, entre le haïku et l’aphorisme ou la sentence est un danger mortel.
N’oublions pas que le mot « comme » signifie poésie. « Les images pensent pour
moi » disait Éluard.
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Lionel Ray
J’ai quelquefois parlé du manque : c’est le sentiment profond, viscéral, d’un
manque, d’une absence, et entre toutes les formes d’absence : l’absence de sens,
qui incite à l’écriture et qui la nourrit. On cherche par les mots (par l’art quel
qu’il soit) à trouver une réponse au rien qui préexiste à l’élaboration de l’œuvre.
« Rien » est le premier mot des Poésies de Mallarmé. « Il y a toujours quelque
chose d’absent qui me tourmente » dit Camille Claudel. Et Rimbaud : « Nous ne
sommes pas au monde. La vraie vie est absente » Toute œuvre d’art, comme tout
poème, met en scène un vide qu’elle cherche à combler. Tout poème est un essai
de réponse à l’inquiétude que creuse en nous le sentiment d’absence de sens.
J’écris pour apporter une réponse (c’est-à-dire un sens) au constat désenchanté
de Rimbaud. Le travail des mots, sur les mots, ouvre la possibilité d’un accès à
la « vraie vie … absente. »
► Je n’oublie pas le rôle majeur que joue la forme (la structure, la métrique, le
rythme, les mots qui sont « premiers » et à qui revient « l’initiative ») dans
l’élaboration du poème, on n’ose à peine en parler après Mallarmé, Valéry,
Aragon. Elle initialise tout le poème, lui imprime le ton, oriente le sens. Plus
encore, indissociable du sens, d’une certaine façon elle est le sens en même
temps qu’elle en permet le dépassement. Au début des années 1970, Henri
Meschonnic, dans Pour la poétique, inventa le mot composé « forme-sens »
Chaque poète se doit de construire un nouvel accord entre la forme et le sens,
accord en quoi on peut reconnaître sa voix personnelle, singulière, irréductible à
aucune autre, son vibrato intime
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Lionel Ray
L’empire du sens

(Quelques notes en vrac)

► Rien ne pourra jamais empêcher qu’à chaque mot prononcé, à chaque mot écrit
du sens advient. Écrire, parler, c’est produire du sens. Des grammairiens, des
linguistes, des poètes l’ont dit : on lit, on entend, en fonction du sens. Mais tel
est l’art de poésie qu’on écrit d’abord en fonction des mots, compte tenu de leur
matière sonore autant que de leur sémantisme, sinon plus.
► Toute œuvre se déploie et s’organise à partir d’un centre irradiant et signifiant :
le spleen pour Baudelaire, le temps (perdu / retrouvé) pour Proust, la
contemplation (Hugo), l’Ailleurs pour Michaux, la disparition (Pérec), la
modification (Butor), le silence (dernier titre de Guillevic, avant sa mort : Du
silence). L’œuvre lui doit une grande part de sa cohérence et de son pouvoir de
séduction.
Peut-être faut-il parler comme le fait Julien Gracq de « mot d’ordre » qui serait
au principe de l’œuvre et qui en assure la cohésion. « Là tout n’est qu’ordre et
beauté… » dit le Poète. Condition de l’œuvre et principe intangible de sa
poétique.
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Lionel Ray
1


je disais quels sont
ces mots de mes lèvres
ces masques arrachés
cette peau qui vibre et
qui ne saigne pas

ces mots nés de moi
quels morceaux du temps
que devenir des
figures je rêvais
du mal des récits

dans l'égarement
de l'incendie de
chambre en chambre ici
je marche imagi-
nant l'étoffe des larmes

[…]
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CRACHER


Nous en avons pris plein la figure
Des gifles des mots de la merde !

On est là, vide. Comme si quelqu'un
Hors de nous venait de s'en aller.

Comme si on n'avait plus peur de se taire
Puisque tout a été dit. Car il n'y a

Rien de plus terrible que ce qui n'est pas dit
Encore. Mais maintenant on n'aura

Plus peur de se taire. Même s'il fait très sombre
Dehors, même si ayant ouvert la fenêtre

On regarde au loin partir ses paroles
Comme des oiseaux noirs et qu'ils s'évanouissent

Une bonne fois, pour de bon, sans retour
Dans la nuit incessante, et neutre, et définitive.

p.25
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VOYAGE


Extrait 2

Voix pour autre chose, épouvantable douceur,

[…]
                           ….Quel âge avait

Ton rêve et ce lieu à peine différent quelle couleur
Tes cheveux ? Le temps dansait, le temps sans histoire,

Sans ombre, avec des certitudes de miroir,
Ta voix éclairée comme un soleil de septembre :

On y voyait bien plus avant, sans fin, c'était
comme l'évidence de l'or, même si la nuit gagne.

Heureuse la nuit intarissable et comique ! heureuse
La vitre aveugle ! heureux les miroirs !

p.24
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DANS L'OUVERTURE DE L'AUBE


Extrait 2

                 … À nous ces puits profonds où

S'évanouissent flambeaux et fracas la précession
Des équinoxes et Thêta son soleil sextuple

Et sa nébuleuse. Et dites-moi sous la pierre
Qu'on déplace ces millions de corps divisibles,

L'infini poudroiement des astres sans origine !
Mais… ce lac la mer des pluies le golfe des rosées

Ou le jardin tiède dont je garde la clé avec
Un cadran à l'ombre du cytise et des lilas.

p.23
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DANS L'OUVERTURE DE L'AUBE


Extrait 1

Dites-moi : à nous la naissance rouge ! les serpents
De brouillard, le bourdon qui éclate à la tombée

Du soir ! Je ne vous manquerai pas, soleils, ni
Cette pluie de pétales ni cette épée aux yeux

De pervenche ! Je ne vous manquerai pas, cortège !
Soieries et lapidaires ! Lorsqu'au milieu des flammes

Apparaît la fée nocturne Lilith avec des mains
Absolument blanches !


p.23
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LE CORPS ENCHANTÉ


Extrait 2

Souviens-toi, cette année-là on découvrit l'alchimie
Des tempêtes la rouille des saisons fougères et décombres,

L'ancienne poésie avait jeté dans l'eau du fleuve
Ses clefs ses couronnes, et la mémoire au bois dormant

Brûlait au feu des phrases, tu avais franchi les portes :
Tu étais au-delà de l'errance et des nostalgies,

De l'autre côté de la question.

p.22
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LE CORPS ENCHANTÉ


Extrait 1

Souviens-toi : les seigles, le musée des souffles, le jour
Dentelles et franges partait vers la mer, quelque épave

Ici-haut barques et ponts avec des touffes de fleurs.
Souviens-toi, tu déplaçais les beautés de l'instant

Comme des coffres, voûtes et plumes livres et veilles
Ruines terrains vagues germes et nœuds, avec l'hésitation

D'un sourire une sorte de chanson simple où l'on parlait
De vin d'amour de couteaux dans les douves d'un château.


p.22
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LES CHÂTEAUX DE CENDRE


Extrait 1

Rien qu'une feuille blanche : il y eut tant à vivre !
Tu étais comme une île ayant perdu sa route,

Un miroir sans personne ! La sang est sans réponse.
Jusqu'aux paroles qui furent vaines, loin du siècle !

Une encre si pâle, mal aimée, devant la mer !
Les autres, eux, s'assoient aux terrasses applaudies.


p.19
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TOMBEAU


Extrait 2

Mourir est parfait, mon amour, en toi encore
Une fois je meurs, à chaque instant désirant

Mourir, ma toute blonde, entre tes cuisses, en ce
Jardin, disparaître en château de chair, mourant

En douce prison fenêtre close la fleur du monde :
Si violentes les aubes et vivante la mort.

p.17
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TOMBEAU


Extrait 1

Qu'est-ce donc ces impensables fleurs ces crépuscules
Le travail des saisons qui se cachent en nous

Ces roses poignantes ces regards chantants, qu'est-ce,
Amour, avec un air ravi, amour de mars

Et de septembre, ô lieu absent des flammes finales,
J'ai lu ton nom dans les yeux du rire, dans l'eau froide

Et la chaleur, dans l'ocre et la buée ancienne
Dans les nerveuses fougères la nudité d'adieu.


p.17
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COMME UN CHÂTEAU DORMANT


Extrait 2

Sur la mer, suspendu comme une aile, et peut-être
Le sang en toi s'était arrêté, ton corps était

Comme un château éteint, la nuit avait fermé
Le verrou entre la musique et le monde entre

L'amour et la mort, elle n'était plus qu'une tache
Tendre une enveloppe comme une robe à tes pieds

Tombée, ou un corps chant le tien devenu
Autre entre mes bras entre mes jambes dans leur violence

Émerveillée.

p.16
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COMME UN CHÂTEAU DORMANT


Extrait 1

Une nuit j'écoutais ton sommeil et je voyais
Ce qu'on voit lorsqu'on marche dans la mémoire

Endormie, comme au travers des murs et au-delà
Dans l'immobilité étrange de la nuit,

Et j'écoutais dans mes yeux aveugles ce bruit du cœur
Lointain, comme un bruit bleu, comme un feu qui danse


p.16
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VILLE


C'était une ville de fatigue et d'effroi, ville
Vide, ni voiture ni gens, des parcs avec magnolias,

Des maisons dans ces parcs des grilles des directions
Fausses pour un ailleurs qui n'existe pas, c'était

Une ville où l'o marche à pas de cauchemar sans savoir
Quoi vers quoi pour qui pour qu'elle chambre jamais atteinte

Les yeux pleins de sable la langue sèche, où la vie est
À rebours et la voix de toutes nos nuits monte

Comme une flamme lèche les vitres puis s'éteint et l'araignée
Du temps s'est endormie, morte peut-être au centre

De sa toile. Une ville où l'on marche à grands gestes
Pâles. Il aurait fallu crier et l'on ne pouvait pas.

Une ville où l'on porte avec soi trop de choses lourdes
Sur les épaules et dans le cœur. Et l'on est comme un homme

Qui tombe à mourir avec des yeux d'épouvante sur la nuit
Sur rien, tout frémissant en soi d'un monde obscur

Oublié, le regardant pour la première fois.

p.13
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LES VACHES


Que je sois dans leur songe cet impatient dormeur
Venu de l'intérieur du miroir pour leur donner

Nouvelles des pluies épaisses des chaudes étables
Et de l'éternité ! Ici nous n'avons d'autre

Querelle que de sureaux et châtaigniers que de
Corbeaux et tourterelles, n'avons d'autres désirs

Que d'herbes brouillées dans l'infinie la douce
Rumination des heures ! Je vous salue les vaches

Tournées vers un soleil sans égarement tournées
Vers l'épaisseur intarissable des étés !

En vos yeux énormes soit ma demeure, ici
Gisant, celui qui vous aima, ici veillant

Dans cette page de ciel et d'écriture, songeant
Ô vaches ! volupté de ne pas être, en abîme

D'encre d'eau et de vent : toute nuit, toute absence !

p.12
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Atteindre …


Atteindre, fût-ce d’en bas,
les points d’or de la voûte, atteindre
l’intarissable silence qui te construit.

Ne te retourne pas comme à l’appel
de la terre ultime, ouverte.

Pour la première fois, promise, la voici,
perceptible, souveraine, l’autre parole
qui, aussitôt, se dissipa.
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Écoute au-dessus de ta tête…


Écoute au-dessus de ta tête
passer les mots silencieux ! et tous ces bruits
muets des intimes désastres,

Ces guerres qui n’en sont pas, ces cris
que nul ne peut entendre, ces tragédies

Étouffées dans le sable du désert,
ces prières à la mesure des dieux morts,
ce grand spectacle des paroles mortes !
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