Lode Baekelmans

Mais le dimanche, à l'ancienne, était particulièrement fêté. La famille se mettait sur son trente-et-un et c'était la grande cuisine. Madame, très mince, dans sa soie froufroutante, se rendait à l'église à la gauche de son gros mari. Sur son ventre pendait la lourde chaîne en or et son chapeau de soie se tenait en arrière du cou. Son trône rouge et rasé de près brillait de suffisance. Marieken, habillée à la mode, se tenait à sa droite, en admiration silencieuse devant son papa. Il contrastait tellement avec maman, c'était un petit homme gras, un rentier jovial qui connaissait et saluait beaucoup de monde. Mais elle ressemblait beaucoup à maman, elle était très mince, ce qui l'agaçait et parfois l'énervait.

Après la messe, ils se rendirent au marché aux fleurs de la Groenplaats, virent les gens de l'église Notre-Dame passer dans la charrette à crachats, suivirent, passèrent le Schoenmarkt et le Meir, traversèrent la Leysstraat, jusqu'à la De Keyserlei. Là, ils buvaient un pot de Münchener quelque part, Monsieur saluant des connaissances et les dames critiquant les vêtements et les gens. Après cette sortie honorable et innocente, ils mangeaient, faisaient la sieste, se promenaient à nouveau, rentraient à la maison pour le repas du soir, retournaient écouter le concert au zoo ou assistaient aux fêtes et aux spectacles du Cercle des Citoyens, où les rôles féminins étaient également joués par des hommes.

À ce mode de vie ordonné et digne, les saisons, avec leurs vents et leurs pluies, apportaient parfois de légères déviations, de sorte que les dames restaient à la maison, ne pouvaient pas faire de critiques divertissantes et édifiantes, et que Monsieur se rendait dans ses cafés habituels tout seul.

La vie était belle dans sa limpidité, sans émotion, sans bataille, sans événement.

-C'est scandaleux, Snepvangers !
-Ne vous en faites pas, de toute façon. Snepvangers, c'est trop méchant !
-Voyons, dit le candidat le plus calmement possible, celui qui a écrit cela est sûrement un gars à dix sous !
Il prit le journal, regarda de nouveau le Président, qui rougissait d'une indignation sincère, le trésorier, qui le regardait avec une douce sympathie, et sentit sur lui tous les regards - ceux de ses camarades candidats - pleins de curiosité. Rester ferme ! Il lit :
Les Petits Seigneurs du Nouveau Parti !
"Nous accordons maintenant à nos lecteurs le plaisir de faire connaissance avec le dernier des fameux petits pâtés, qui aimeraient bien faire partie du conseil et n'en ont pas la compétence".
"Un de ces fous déguisés est Snepvangers, qui va continuer à défendre les entrepreneurs, comme si nous ne l'avions pas toujours fait.
"Ce franc-maçon pue la prétention et a oublié l'époque où il devait ouvrir et fermer la porte du Notaire Boeykens, ou vendre des raisins à la "Saline".
(...)
"Les électeurs peuvent en rire, mais ne sont pas dupes des ennemis de la religion ou des anarchistes ! Les électeurs respectables votent sous le numéro 1 !"

Snepvangers tint bon sous les coups de massue. Une chose aussi monstrueuse avait été écrite contre un citoyen distingué qui avait toujours bien rempli ses devoirs ecclésiastiques. Quelles vilaines allégations, quelles viles accusations de la part d'une personne anonyme ! Il fallait rompre le silence, montrer que l'honneur de Snepvangers ne pouvait pas être blessé par une telle chose.