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Citation de colimasson


(...) Dans les recoins des magasins : tassés, bourrés tels des animaux, les uns contre les autres dans le froid des nuits de l'hiver. Nous allons, lui et moi. Lourds, lui et moi, de cette grande tristesse de la nuit des villes, de cette magique et haute poésie de la nuit des villes. Les clochards étaient là, toujours les mêmes, nuit après nuit, que nous reconnaissions au passage. Là, dans les bras les uns des autres, étouffant à pleine étreinte la peine de leurs destins déroutés. Nous les regardions. Nous nous arrêtions pour les regarder. Nuit après nuit. Et c'était beau. C'était fantastiquement beau. Ces tas humains, ces boules de chair humaine, ces corps pelotonnés sur eux-mêmes tout au long des nuits glaciales de l'hiver. Sait-on la beauté qu'il y a dans ce laisser-aller animal ? Hommes déchus, anges terribles, crouteux, sales, malades, ivrognes, fainéants, répugnants, indifférents, étrangers, faisant confiance au monde. A la bonté du monde, à celle des passants de la nuit. A moins que la confiance n'eût quitté leur âme et que cet abandon ne fût qu'une lassitude de bête trompée. Je ne sais. On ne peut savoir ces choses. On ne peut apprendre nulle part ces choses-là. Qui pourrait se lever et dire de quoi est fait cet abandon total de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants – des enfants couchés sous les porches, dans les nuits mordantes de l'hiver? Qui saurait parler de cela sans se tromper jamais?
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