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Citations de Louis Edmond Duranty (97)


Les imbéciles sont des êtres navrants dans les petites choses comme dans les grandes.
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Les êtres intelligents ont des ressources de distraction contre la douleur. En deux heures, il est vrai, ils souffrent plus que les êtres secondaires ne souffrent en huit jours., mais en ces deux heures ils ont épuisé tout leur "rendement" de souffrances, et ils en sont reposés ensuite par d'autres sensations auxquelles leur esprit est ouvert.
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Tout homme qui n'a pas l'intention de vaincre ou mourir dans une entreprise qu'il poursuit a toujours un refuge de conscience , une combinaison pour justifier d'avance sa déroute. Il va au feu, mais il n'y restera pas.
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(...) Mathéus avait été élégant, joli garçon, mondain, et sinon débauché, du moins dissipé. Il en portait la peine dans ses vieilles années. C'était un grand "vieillard" que des soins extraordinaires, une sorte d'embaumement persévérant, maintenaient dans un aspect à première vue satisfaisant, mais qui ensuite devenait insupportable. Mathéus s'ennuyait de la solitude. Vainement il avait déployé beaucoup d'amabilité et de galanterie auprès des femmes, dont il aimait au moins toujours le souvenir. Personne ne pouvait résister à la contemplation prolongée de cette "chose", qui semblait prête à craquer et à s'écrouler à tous moments. Vivre avec cet homme et le voir souvent donnait le vertige : on s'attendait à ce qu'il tombât tout à coup en ruine.
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Votre maison est devenue honteuse, je ne veux plus y rester, je ne suis plus de votre famille.

Chapitre XVIII
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Toute femme intelligente est obligée de faire intervenir la ruse dans le mariage, et de rechercher quelle puissance peut résulter pour elle de la passion d’un homme, et comment elle maintiendra cette passion et cette puissance.
Voilà à quoi pensait Henriette en se levant et en considérant Mathéus, comme un mur qu’on toise, tandis qu’il était couché, flétri, fatigué, souriant par grimaces et extasié, dur spectacle pour la jeune femme !

Chapitre XVIII
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Le soir on fit le récit des splendeurs de la Charmeraye à ceux qui ne les connaissaient pas. Henriette les vanta elle-même, ayant ainsi l’audace de braver sa propre détresse. Elle se jugeait tellement sûre, à cette heure-là, d’échapper au mariage, qu’elle jouait avec cette idée et s’amusait à se faire passer pour convertie. Par instinct plus que par raisonnement, et pour avoir quitté la Charmeraye sans qu’aucun accident l’y eût retenue, elle concluait que la destinée était pour elle et ne voulait pas qu’elle épousât Mathéus.
Madame Gérard, Mathéus, Pierre, tous ceux qui la virent et l’entendirent, la crurent donc enfin vaincue et ramenée, et on tint conciliabule devant elle pour fixer le grand jour.

Chapitre XVI
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On débarqua sur un immense perron garni de fleurs, de vases et d’animaux sculptés. De belles pelouses semées de corbeilles gigantesques de géraniums, d’hortensias, de fuchsias, enveloppaient le château, entourées d’un bois de charmes qui donnait son nom à la propriété. Des ruisseaux d’eau vive coulaient à travers ; un étang avec un kiosque, des barques, occupait une petite vallée. Des toits élégants, pointus, girouettés, grecs, indiens, turcs, renaissance, surgissaient du milieu des arbres et indiquaient des constructions de destinations diverses.

Chapitre XVI
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« Il est bon, dit-il, d’apprendre le mouvement économique, pour savoir se conduire. Depuis que je raisonne sur les principes sociaux, j’y vois clair et je n’agis pas au hasard. Il y a une logique dans les faits, il faut régler son pas sur cette logique. Si l’on est producteur, si l’on peut le devenir, tout ce qu’on fait doit être dirigé en vue des consommateurs. Je le prends de haut, et peut-être de loin, mais tu comprendras beaucoup mieux ton rôle dans la solidarité humaine. Il faut produire, pour mettre à la disposition des consommateurs une plus grande quantité de richesses ; l’honneur y est engagé. Si tout le monde s’en rendait compte, les problèmes sociaux seraient bien vite résolus. »

Chapitre XVI
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Pierre reprit :
« On se marie pour être utile à la société : par conséquent il faut se marier le plus avantageusement possible, afin d’être en mesure de concourir le plus possible au bien-être général. Est-ce clair cela, hein ? Une grande fortune qu’on utilise est un réservoir destiné à l’alimentation publique de la distribution des richesses… »
« J’ai des parents étranges ! » se dit Henriette.
« Épouser un homme sans fortune, continua Pierre, c’est léser la société, lui imposer une charge ; se mettre sur le toit pour renfoncer, au lieu de se mettre dessous pour le soutenir.
Pierre rayonnait ; jamais, dans son intérieur, il n’avait eu autant d’autorité et d’éloquence. Il ne se serait point adressé à la foule avec plus de grandeur. (...)
« Crois-moi, reprit-il, toute la vie est là ; c’est une nécessité de raison pure, c’est la prévoyance de l’avenir… »

Chapitre XVI
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Pour désincruster une pierre fortement enchâssée, il faut la déloger petit à petit d’un coin, puis d’un autre. Ainsi, l’image et l’affection du jeune homme étaient si fortement enserrés dans le cœur d’Henriette, que, même à demi arrachés, ils y tenaient solidement.

Chapitre XV
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Devoir, obéissance, mariage, ces trois mots s’inscrivaient pour ainsi dire sur les murs du salon. Si la jeune fille fermait les yeux, ils tournaient autour d’elle, persécuteurs, tyranniques, obsédants.

Chapitre XV
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Henriette ne voulait point baisser la tête, et alors elle s’irritait de ne pouvoir se justifier mieux que par son amour pour Émile. Elle luttait, moins parce qu’elle croyait avoir raison que parce qu’elle ne pouvait se résoudre à accorder raison à des personnes qu’elle n’estimait pas et à se soumettre à leur direction.

Chapitre XV
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Émile ne savait où se mettre. Partout le chagrin et le découragement rongeaient son sein. Rien ne le soulageait souvenirs, rêves, ni lectures, ni sommeil, ni soleil. Auparavant encore il cachait sa maladie morale à sa mère ; maintenant il n’en avait plus le courage. Il sortait peu, ne marchait presque plus, toujours assis, courbé, la tête pliée sur la poitrine, continuellement fatigué de migraines, de fièvres. Sa convalescence le désorganisa plus que sa maladie.
Une chose le soutenait cependant : de loin en loin, il lui prenait un spasme de vigueur illusoire, pendant lequel il revenait à ses plans d’enlever Henriette et de tout briser. Mais agir !

Chapitre XIV
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Plus troublée, plus agitée qu’Émile, la jeune fille souffrait cependant bien moins que lui, parce qu’elle agissait, combattait et employait à se débattre toutes ses ressources d’intelligence, d’énergie et de colère.
Émile, au contraire, était désespéré et tombé dans une sorte de prostration. Des idées funestes l’environnaient opiniâtrement. Il ne voyait plus juste ni sain. Tous les raisonnements de madame Germain s’émoussaient contre le morne dégoût qu’il avait pris pour lui-même, et qui, la maladie aidant, le transforma en une ombre maigre, pâle, errante.

Chapitre XIV
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Henriette craignait d’être dans le faux. Après avoir attaqué tout le monde, après avoir déclaré qu’elle supposait un motif intéressé sous tous les avis qu’on lui donnait, elle ne savait si elle ne s’était pas trompée et n’avait pas calomnié. « Si j’eusse été sûre de toutes ces vilenies, se disait-elle, je ne les aurais point dénoncées. À quoi bon ? N’ai-je point accusé au hasard ? Que je pleure, que je les insulte ou que je me taise, ils ne tiennent compte de rien. Je m’épuise et ils restent aussi forts qu’auparavant. C’est donc qu’ils ont la conviction du bon droit, et moi je ne l’ai pas ! Ils sont sûrs de me marier, ils le proclament et, tous les jours, ils font une brèche dans ma résolution. Ah ! je n’ai plus qu’un moyen, c’est de faire l’inerte jusqu’au dernier moment. Ils me croiront ralliée à leur projet, ils se relâcheront de leur vigilance, me laisseront reprendre des forces, et, quand le jour sera venu, ils faibliront devant ma volonté qui se relèvera et qu’ils auront cru anéantir.

Chapitre XIV
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Jamais la jeune fille n’avait entendu de reproches si crûment brutaux, et, pour comble de contrariété, ils étaient mêlés de vérités. Elle descendit comme une flèche, à l’heure du dîner, pour prendre une revanche terrible et les maltraiter tous.

Chapitre XIV
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On la forçait à se replier beaucoup en dedans, à prendre la mesure de son intelligence, de sa fermeté, de sa volonté, qu’elle sentait se développer. Comme on lui présentait toujours et violemment l’idée du mariage, Henriette ne pouvait s’empêcher, par moments, de calculer ou prévoir ce qu’elle devait faire, si elle se mariait ; d’admettre la possibilité de son union avec Mathéus et de préparer une règle de conduite envers lui.
Ces méditations s’envolaient ensuite comme des nuages gris devant le soleil, lorsque l’image d’Émile se levait tout à coup. Puis, à leur tour, l’espérance, la lumière, le brillant, disparaissaient, et la tristesse, les larmes, un silence que rien ne pouvait briser, venaient s’emparer des premières ou des dernières heures de la journée.

Chapitre XIV
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Henriette étudiait donc ses parents et leurs amis, pour bien se définir leur sincérité, ne s’affranchissant pas encore d’un certain respect envers leur autorité. Cependant, elle projetait d’échapper à la domination qui pesait sur elle, parce qu’elle en trouvait indignes ceux qui l’exerçaient. (...) Aussi se disait-elle que, lorsqu’elle serait maîtresse de ses actions, elle les rappellerait à l’humilité.

Chapitre XIV
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Les êtres intelligents ont des ressources de distraction contre la douleur. En deux heures, il est vrai, ils souffrent plus que les êtres secondaires ne souffrent en huit jours, mais en ces deux heures ils ont épuisé tout leur rendement de souffrances, et ils en sont reposés par d’autres sensations auxquelles leur esprit est ouvert.

Chapitre XIV
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