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Citations de Louis Edmond Duranty (97)


Il était arrivé depuis six mois à Villevieille une madame veuve Baudouin, femme assez riche, originaire de la ville, et qui s’y réfugiait un peu en souvenir de son enfance qui s’y était écoulée, et beaucoup pour être la première dans cette petite ville. Ses trente mille livres de rentes lui assuraient, en effet, une incontestable prééminence. C’était une grosse femme, d’un âge assez mûr, sans méchanceté et sans bonté, grandement insignifiante, à qui il fallait de la société autour d’elle, et une société un peu soumise, qu’elle comptait s’attacher par des dîners et des petits gâteaux.

Chapitre III
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L’oncle Corbie avait vu grandir Henriette, et depuis un an surtout qu’elle avait achevé le développement de son adolescence, il se sentait de mauvaise humeur, quand il rentrait à Bourgthéroin, contre l’aspect vieux et laid de sa servante.
La timidité de Corbie l’avait tenu toute sa vie éloigné des femmes, sauf peut-être deux ou trois aventures involontaires. Henriette, par ses talents, sa beauté, son esprit, lui inspirait une sorte de crainte, en même temps qu’elle avait enflammé toutes ses aspirations contenues. Ce n’était pas de l’amour, mais une sorte de croyance comique qu’Henriette était faite pour lui, et que, seul, il était digne d’elle, par son caractère et ses sentiments. Rapprochant ces divers petits faits, qu’Henriette lui avait peint son portrait, qu’elle le regardait souvent, plaisantait avec lui, tenait à connaître son avis sur les romances qu’elle chantait, les figures qu’elle dessinait, Corbie imaginait qu’elle le distinguait. Il se disait que les oncles épousaient les nièces fréquemment.

Chapitre III
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Le frère de Pierre Gérard était un être d’une intelligence bornée, et très préoccupé de lui-même, des qualités qu’il pensait posséder.
Il avait la vanité d’être doué de tous les mérites et aurait voulu qu’on ne lui parlât que de lui, qu’on le régalât continuellement de son éloge. Il se reconnaissait toujours dans tous les portraits avantageux qu’on faisait des autres, et sollicitait souvent, en petit comité, la famille de constater qu’il était digne d’éloges sous tous les rapports.
Toutefois, une profonde timidité le condamnait au silence la plupart du temps, et l’empêchait de se montrer tracassier ou de paraître trop grotesque.

Chapitre III
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« Eh bien, dit-il avec un peu d’embarras, je ne suis pas grand’chose : je n’ai qu’une petite place à la sous-préfecture.
— Petite ou grande ! dit Henriette, sans vous, que serais-je devenue ? On ne sauve pas plus complétement quelqu’un qui se noie que vous ne me sauvez en voulant bien m’épouser. Je n’ai jamais pensé un seul instant que vous pouviez être riche ou point riche, quand vous vous exposez pour venir me trouver et me faire passer les meilleurs moments de ma vie… »

Chapitre II
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Les amoureux n’aiment guère à ne pas parler ; le mot le plus insignifiant leur paraît préférable au silence. Entendre la voix ! cela vous touche par tout le corps comme une impression électrique, tandis que, dans le silence, on a toujours à craindre qu’il ne commence à se creuser quelque fossé sur lequel, plus tard, on ne pourra plus jeter un pont. En amour, tout devrait se passer par chants et par musique, comme à l’Opéra.

Chapitre II
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Depuis qu’Henriette savait qu’il pouvait y avoir sur terre un coin, un nid où aller après avoir quitté cette maison des Tournelles, dont il lui semblait qu’on avait remplacé les pierres par des plaques de fer brûlant, elle rêvait au moyen de se délivrer, et, comme un prisonnier qui, longtemps renfermé dans une cour étroite et sombre, aperçoit tout à coup une porte ouverte sur une campagne vaste et admirable, elle vit le mariage avec Émile lui apporter la liberté la plus douce et la plus chérie.

Chapitre II
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Madame Germain entrevoyait des inconvénients et même des dangers dans la passion d’Émile, et elle aurait aimé à se figurer que ce ne serait qu’une petite poignée de paille bien vite consumée.
Tout en adorant son fils, madame Germain n’était pas tout à fait heureuse avec et par lui. Elle avait à souffrir d’un caractère inquiet et faible, qui le rendait inégal, brusque, et parfois sans égards. Elle redoutait sa facilité grande à s’illusionner et plus grande à se décourager.

Chapitre II
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— Je ne puis pas décrire ce qui se passe en moi, répondit Émile. Seulement, quand je pense à sa robe grise, j’ai envie de faire des cabrioles et je vois le printemps partout. Si elle me disait de me jeter à l’eau, je le ferais avec une joie telle que je n’en ai jamais eu de pareille pour aucune des choses les plus agréables qui me soient arrivées.

Chapitre I
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Il y a un peu de magnétisme dans certaines conversations ; on est mené, on ne sait par quoi, dans une voie particulière.

Chapitre I
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(...) l’idée qu’ils se retrouvaient ensemble après avoir passé, sans le savoir, dans les mêmes lieux, fut un lien entre eux. Ils commentèrent cette coïncidence et y virent un signe mystérieux, qui leur donna la plus grande envie de se connaître davantage, envie qui s’était déjà assez bien emparée d’eux, comme un petit diable tourmentant.

Chapitre I
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Quoi qu’il en soit, elle ne se doutait pas, ce jour-là, que ce bal, où elle ne voulait point se laisser conduire, allait avoir une grande influence sur sa destinée.

Chapitre I
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Elle n’aimait point à sortir, tenait en aversion la société de Villevieille, et n’avait pu se faire d’amies de son âge, ni rencontrer quelque femme âgée, éclairée, douce, de bon sens et d’esprit, à laquelle elle se serait attachée passionnément ; car elle souhaitait avec ardeur trouver sur sa route une personne d’une intelligence plus élevée que n’était celle des gens de Villevieille et des environs.

Chapitre I
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On s’intéressait à une belle jeune fille qui travaillait ordinairement près de la table, dans l’ombre de l’abat-jour, et à un gros garçon de vingt ans, plein de santé, qui ne disait jamais rien quand il y avait des étrangers.
On admirait le talent musical de mademoiselle Henriette Gérard, et on louait la modestie de son frère Aristide.

Chapitre I
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La mère, femme de quarante-deux ans à peu près, dure et froide de visage, représentait, pour la société de province, un type de distinction parisienne. On accordait à madame Gérard la réputation de la femme la plus spirituelle du département. Elle avait pris l’initiative de la charité et de la philanthropie dans le pays, où quelques établissements de bienfaisance se fondèrent par ses soins. Un prêtre estimé à Villevieille, M. Euphorbe Doulinet, curé d’une des paroisses de la ville, était son directeur et semblait posséder une grande influence aux Basses-Tournelles.

Chapitre I
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Madame Gérard ne s'arrêta pas à de telles allures d'inquiétude et de dérangement. La déclaration bien nette de répulsion pour Mathéus ne l'empêcha de continuer son travail d'araignée. Cette mère comptait enlacer, entraîner Henriette, au point que celle-ci ne pût faire de résistance le jour où on lui apprendrait ce à quoi était destiné Mathéus.
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Henriette s'effraya de voir sa résistance comptée pour rien par des gens imperturbablement convaincus qu'ils arriveraient à leur but, et que n'arrêtaient ni la netteté de ses déclarations ni ses ruses. Elle douta d'elle-même. "Je n'ai donc aucune force, je ne suis donc pas capable de combattre, puisqu'on ne semble même pas s'apercevoir que je me défends ! Et Emile qui m'abandonne !"
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Henriette pouvait rougir d'un homme comme lui [Emile] ! Il était inutile sur la terre, incapable de se servir lui-même, nuisant à tout le monde, rendant malheureuses sa mère et sa maîtresse ! Le jour où il se tuerait, car cela finirait ainsi, on le pleurerait, on le regretterait, on chercherait peut-être dans la cendre ce qu'avait de bon son organisation. Sa sauvagerie et sa malhabileté mises de côté, restaient une certaine bonté, du dévouement, de la pénétration, se disait-il, mais tout cela stérile, infructueux ; ou plutôt il était niais, égoïste, et n'avait pas de bonheur ! Il n'en aurait jamais !
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