Cela n'empêche nullement qu'ayant toujours aimé les livres, je les aime encore. je ne connais pas de plus belles tapisseries aux murs que des rangées de livres. (...) il est certain que les étrangers visitant Paris seront toujours ravis par le pittoresque des étalages, remplis de gravures fortement coloriées, de cartes postales, de livres soldés(...) posés dans les boites accrochés sur les parapets des quais de seine.
Mais quand le dernier vieux bouquiniste, connaissant à fond son métier, qui vendait des livres anciens et épuisés, et pas seulement des livres d'occasion, aura disparu, l'âme des quais aura quitté ces lieux de promenades littéraires, artistiques, et surtout de rêveries philosophiques. (p.58-59)
Pendant la moitié de ma vie, j'ai fréquenté et vu passer devant mon étalage des personnalités célèbres, d'autres moins connues et beaucoup qui ne l'étaient guère. Pour ces deux dernières catégories, c'est moi seul qui les ai jugées hors du commun. Parmi ceux qui venaient me voir, parfois très souvent, il y en a certainement que j'ai oubliés. Pourquoi ? Le crible de la mémoire, en étant inexplicable, n'a pas de logique.
J'ai toujours pensé qu'il y a en ce monde des seigneurs et des petites gens, mais que parmi les seigneurs il y a des petites gens et parmi les petites gens des seigneurs.