Pour Simone
Ce drame d'un homme sur le chemin de sa prise de conscience.
Bien fraternellement.
Louis Oury . Limoges le 14 juin 1998.
C'est à moi prolétaire de comprendre que le Droit interdit de voler les possédants mais consacre l'exploitation de ceux qui ne possèdent rien.
Pour acheter le terrain nécessaire à la construction, le gars se damne, soixante-dix heures par semaine à l'usine, y compris le dimanche. Pendant ce temps, l'agent immobilier accomplit légalement sa besogne d'escroc, la spéculation est devenue sa raison d'être, le sommet de sa profession. Et le prolétaire travaille. Il travaille nuit et jour, un prolétaire c'est fait pour ça. On le plume comme un pigeon lorsqu'il achète son petit coin de planète...
Mais tout le monde ne mange pas de la viande. Deux gars se contentent de tartines beurrées accompagnées d'échalotes crues qu'ils découpent en fines tranches portées à la bouche à l'aide du couteau. Pour ceux-là, j'imagine leur vie familiale, un budget mal tenu aggravé par un salaire dérisoire, peut-être une femme dépensière.