"Etre parisien, ce n'est pas être né à Paris, c'est y renaître." Sacha Guitry
(en exergue du premier chapitre)
Elle a l’air heureuse et j’aimerais bien me réjouir avec elle. Les amis sont aussi faits pour ça, non ?
Je regarde mes pieds. Tout est de ma faute. J'aurais dû me mêler de mes affaires, j'aurais dû rester à ma place au lieu de vouloir jouer les espionnes au rabais. Je prétends m'épanouir dans mon travail d'auxiliaire de vie et pourtant, à la moindre occasion, je me lance dans un plan marketing d'envergure pour sauver la boîte de mon jules qui ne m'a rien demandé. C'est tout moi ça, Morgane, la Fée tout foirer.
Les seniors, c’est un peu comme des enfants. Il faut les surveiller, vérifier qu’ils prennent bien leurs médicaments, ne pas les croire quand ils font leur tête de petit vieux tout mignon et qu’ils essaient de nous faire avaler des couleuvres. Comme la fois où Huguette Mornay m’a assuré qu’elle n’avait absolument pas tenté de récupérer sa tartine coincée dans le grille-pain avec une fourchette, ce qui a pourtant fait sauter les plombs et manqué de l’électrocuter. Oui, ils sont comme des enfants, en beaucoup moins ingrats. Ils se contentent de peu, sont toujours heureux de me voir, même dans leurs mauvais jours. Ils râlent parfois, sont bougons, mais ça ne dure jamais longtemps. Et quand ils le sont, c’est la plupart du temps à cause de leurs enfants justement. Beaucoup ne les appellent pas, ne passent jamais les voir. Et quand ils ont le bonheur de leur visite, c’est souvent en coup de vent, accompagnés de petits-enfants qui les vouvoient parce qu’ils les connaissent à peine.
Je me redresse sur les coudes pour mieux savourer le moment où il va me pénétrer, me posséder et me libérer enfin de ce désir qui me brûle tout entière. Sans me quitter des yeux, il fait glisser son arme fatale entre mes lèvres impatientes. Il entre enfin, mais se retire aussitôt pour effleurer mon clitoris avec l’extrémité de sa verge. Je pousse un râle de frustration avant de gémir de plaisir en goûtant à ce délicieux traitement. Il recommence ce petit jeu d’allers- retours plusieurs fois et je suis au bord de l’hystérie. Quand il est à nouveau sur le point d’entrer en moi, n’y tenant plus, je me redresse et pousse le bassin en avant pour qu’il me pénètre entièrement.
Elle avait appris à ses dépens qu’une femme seule représentait un danger vis-à-vis de ses congénères du même sexe. Lors de certains repas arrosés entre amis, ses copains masculins plaisantaient souvent à propos de son statut de femme libre et disponible. À les entendre, elle avait tout d’une vamp, représentait une opportunité à saisir et, bien que ces déclarations soient faites sous l’emprise de l’alcool, les copines, elles, n’appréciaient que moyennement ces élans de leurs hommes à son égard. Elle-même n’aimait pas être vue comme telle. Rien n’avait changé. Le fait qu’elle soit libre ne voulait pas dire qu’elle allait draguer tout ce qui bouge, encore moins les maris des copines.
Arrivée à trente ans, j’ai juste envie de rencontrer quelqu’un avec qui construire quelque chose et enfin vivre le simple rêve d’être amoureuse et d’avoir des projets d’avenir à deux. J’ai peur de finir seule pour le reste de mes jours.
Il avait conscience que la frustration jouait un rôle sur le fort désir qu’il éprouvait pour elle. La frôler, la toucher à peine, tout cela était aussi bien de la torture qu’un embrasement constant des sens. Il la voulait. Son instinct primitif le lui criait dans chaque parcelle de son corps. Quand ? Quand pourraient-ils enfin assouvir ce besoin qu’ils avaient l’un de l’autre ? Car il savait qu’elle ressentait la même chose, il le voyait dans son regard électrique, à chaque baiser volé. Un feu d’artifice les attendait.
Elle n’en revenait pas. Elle venait de draguer un homme ! Elle ! Et un type plus jeune, de surcroît ! Comme ça, l’air de rien, elle lui avait balancé sa réplique de séductrice et s’était sauvée avec un sourire malicieux. Ce n’était tellement pas elle ! D’habitude, elle bafouillait, ne trouvait les mots qu’une fois le moment passé, bien passé, trois heures après, quand elle se refaisait la scène et que l’acteur principal n’était plus là pour entendre la bonne réplique, la phrase parfaite.
– Morgane, je t’aime. J’aime ton imagination débordante. J’aime tes jeux de mots lamentables.
J’aime tes coquillettes-jambon. J’aime ta mauvaise foi assumée, ta jalousie mal dissimulée. J’aime ta joie de vivre, ta générosité, tes valeurs, ta spontanéité. J’aime tes forces agaçantes et tes faiblesses
attendrissantes. Tu m’as sorti de ma torpeur, redonné l’envie, redonné l’espoir. Grâce à toi, je n’ai plus peur de l’avenir, ma Fée battre mon cœur.