Citations de Lucian Boia (20)
Aşa trebuie să fie, odată ce o spune Camil Petrescu, intelectual cu acces direct la Absolut şi care are întotdeauna dreptate!
Je lutte contre toute une armée d’historiens nationalistes qui véhiculent encore la mythologie historique communiste. À l’époque communiste, on a volontairement inventé un passé radieux, à défaut de promettre et réaliser un avenir éclatant. Les grands mythes de cette époque étaient l’ancienneté de notre peuple (nous sommes un peuple issu des Daces et des Romains), la continuité (pour justifier l’union de la Moldavie et de la Valachie avec la Transylvanie), et l’unité (pour nier l’évidente diversité du pays et son éclatement).
Ainsi soit-il, puisque c'est Camil Petrescu qui le dit, l'intellectuel qui a non seulement toujours raison, mais qui est aussi en prise directe avec l'Absolu !
(page 138)
D'une certaine manière, à Baltchik (Balcic), lieu d'un nouveau commencement, on réécrit le contrat social, dans une version quelque peu plus favorable à la condition féminine.
[Într-un fel, la Balcic, loc al unui nou început, se rescrie contractul social, într-o versiune ceva mai favorabilă părții feminine.
p. 149]
La première [réflexion] d'entres elles (et essentielle) : l'intellectuel ne pense pas- »en moyenne »-plus correctement que les autres mortels ; le simple fait d'être un intellectuel ne lui permet pas de mieux s'orienter dans le cours des événements. Il arrive au contraire qu'il pense à rebours des évolutions réelles et du bon sens commun, étant plus enclin à des jugements abstraits, générateurs d'attitudes excessives et de concepts utopiques.
Nous dirions que l'intellectuel, surtout lui, devrait être un homme libre. Cela ne signifie pas qu'il le soit. Il est soumis, comme chacun, aux conjonctures historiques et aux pressions idéologiques. d'une manière ou d'une autre, sa carrière est dépendante du Pouvoir (d'autant plus dans un régime autoritaire et, sans aucun doute, dans un régime totalitaire). Les intellectuels ayant la fascination du Pouvoir ne sont d'ailleurs pas rares ; ils se sentent eux-mêmes plus puissants, à l'abri de son ombre.
En tout cas, l'intellectuel a une qualité : celle de trouver toujours les arguments permettant de justifier et de se justifier. Surtout quand il lui semble que l'Histoire a rendu son verdict. Pour l'intellectuel, la voix de l'Histoire est irrésistible.
Beaucoup de gloires roumaines risquent de rester des gloires locales : grands créateurs en Roumanie, mais illustres inconnus au-delà des frontières. [...] Les écrivains les plus représentatifs pour les Roumains ne sont pas connus dans le monde (même s’ils sont traduits, mais que signifie une traduction ? C’est une chose d’être traduit, et une autre d’entrer dans la conscience des gens ou, au moins, dans la conscience d’une catégorie conséquente de gens lettrés).
Pays latins, pays catholiques: latinité et catholicisme figurent parmi les ingrédients de la stratégie internationale de Napoléon III. Ils semblent être moins des objectifs que les instruments d'une politique. Les régions privilégiées où l'Empereur entend affermir l'influence française sont la Méditerranée et l'Amérique latine. La Méditerranée- grâce à la France, à l'Espagne et à l'Italie- est à moitié catholique et latine. L'Espagne et le Portugal représentent en plus les liens entre la Méditerranée et l'Amérique latine. sans être incroyant, Napoléon II est loin d'être un dévot. Ni clérical ni anticlérical, ce n'est pas la théologie qui l'intéresse, mais la politique religieuse. Il voit dans le catholicisme une composante indissociable de la civilisation française et du monde latin. Il sait qu'il a besoin de l'appui de l’Église catholique dans sa politique intérieure. Et il sait tout aussi bien que l’Église catholique est un instrument utile d'expansion(...)L'influence française dans le monde présentait donc, objectivement, à part ses composantes économiques et militaires, une dimension catholique non moins significative."p.113
Presque 100 % des Roumains se déclarent croyants, même s’ils ne sont pas tous pratiquants, et pas du tout activistes ni fondamentalistes. Jusque dans les années 1930, 80 % des Roumains étaient paysans. Et aujourd’hui encore, malgré les efforts d’urbanisation du régime communiste, presque la moitié de la population vit à la campagne. L’idéal du Roumain, c’est une maison bien à lui avec un grand jardin. D’ailleurs, dès qu’il le peut, il importe la campagne à la ville. La proposition actuelle de réformer la constitution, pour bien préciser que la famille est composée par un homme et une femme, procède de là.
Les Roumains ont un génie extraordinaire de l’imitation : nous avons imité les Français. Notre communisme a ensuite imité le modèle soviétique. Puis, après la chute du communisme, nous avons imité le modèle américain et occidental au sens large. Mais il n’y a jamais beaucoup de substance, ce qui peut donner un effet comique.
En 30 ans, au milieu du dix-neuvième siècle, il y a eu un changement très rapide de élites [roumaines] qui ont totalement abandonné la civilisation orientale. Tout a changé d’un coup. Elles renoncent au grec et à l’alphabet cyrillique, de sorte que nous sommes les seuls orthodoxes à utiliser l’alphabet latin. Elles abandonnent le costume oriental pour la dernière mode parisienne. Elles changent les structures économiques, politiques et institutionnelles de l’Empire ottoman, et se convertissent totalement. Elles apprennent le français, leur grand amour, et en second lieu l’allemand. Il n’y a peut-être pas d’exemple d’un revirement si brusque dans le monde au même moment, à part l’ère Meiji au Japon. Au Japon, ils ont combiné les deux, mais nous, nous avons effectué un changement complet.
Jusqu’à quand Michel-Ange résistera-t-il ?
Créateurs en tous genres, renoncez à vous inscrire au concours d’immortalité ! Entre-temps, il a été annulé.
Le problème, comme l’a écrit Titu Maiorescu en 1868 dans un article appelé Contre la direction actuelle de la culture roumaine, est que ces élites roumaines ont introduit des formes sans contenu. Et cela perdure aujourd’hui : la forme de la Roumanie est d’apparence occidentale, mais le contenu laisse à désirer. Nous faisons semblant d’être Occidentaux, mais au fond, nous ne sommes pas complètement Occidentaux. J’ai d’ailleurs écrit un livre intitulé Comment la Roumanie s’est roumanisée.
...aucun état policier au sens « traditionnel » n’a réussi à pénétrer aussi profondément dans l’intimité des gens que ne le font les démocraties actuelles. Par ailleurs, les individus disposent eux aussi de beaucoup plus de moyens de s’espionner les uns les autres. Nous sommes pris dans une contradiction : de plus en plus et de moins en moins de liberté.
Et pourquoi tant d’aversion contre les différences ?
Probablement selon l’idée que ce qui est un tant soit peu différent ne pourrait être rigoureusement égal.
Le monde islamique et l’Occident illustrent aujourd’hui avec une extraordinaire clarté ces deux philosophies contradictoires ; or, la polémique autour du « voile islamique » a une connotation fortement symbolique : la femme doit-elle rester « cachée », ou est-elle destinée à devenir aussi visible que l’homme ?
Comme il est devenu modeste, cet Occident autrefois si arrogant ! Il est devenu si modeste que, en dehors d’un remord sincère pour tout le mal qui a été fait, on peut aussi le soupçonner d’une pointe d’hypocrisie. Les « autres » ne sont plus dominés, ce sont des partenaires, peut-être même - qui sait ? – en voie de devenir leur tour dominants. De plus, grâce à l’immigration massive de ces dernières décennies, ils ont gagné une représentation substantielle entre les murs même de l’Occident (murs de plus en plus perméables). Ils sont devenus des partenaires incontournables.
Démographiquement parlant, l’Europe occidentale enregistre un véritable effondrement ; en chiffres relatifs, elle n’a plus qu’un tiers de ce qu’elle avait un siècle auparavant. Les Etats-Unis perdent également du terrain, mais dans une moindre mesure. Au total, l’Occident atteint à peine encore 11%, contre presque 21 % en 1913 ; il s’est réduit de moitié en l’espace d’un siècle.
Le XIXe siècle parachève le culte du progrès, inauguré dans ses termes laïques au siècle précédent, celui des Lumières. La démocratie se manifeste à son tour comme une grande religion. Et, quoiqu’elle vienne clore cette énumération, l’idéologie nationale –religion par excellence de l’époque moderne – n’est certes pas la moindre de ces religions.
Deux phénomènes majeurs s’entremêlent : l’accélération de l’histoire et l’égalisation du monde.