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Critiques de Luis Seabra (11)
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L'excuse

La scène initiale pourrait faire penser au début d’un roman post-apocalyptique. Une catastrophe est arrivée, la famille de Vassili s’est réfugiée à la cave. Mais les jumelles manquent, confiées à leur grand-mère. Vassili doit les récupérer, au prix d’un périple qui réserve bien des surprises. Ce sont en effet des rêves chaotiques qui surgissent dans l’esprit embrumé de l’homme, alors que sa voiture est immobilisée par une crevaison. Et au coeur des rêves, des injonctions d’actions à accomplir lors de son réveil, tandis que des ennemis aussi spectraux que puissants et intimidants s’affrontent dans ce délire onirique.



L’histoire se construit ainsi tant bien que mal, noyant le rêveur autant que le lecteur, tant les retournements de situation et les allégations de personnages sont omniprésents et déroutants.



On pense un peu à Boulgakov, avec la folie démoniaque du Maître et Marguerite, sauf que l’humour s’immisçait dans les diableries, ce qui n’est pas vraiment le cas ici. Quelques allusions politiques émaillent le récit, noyées dans le magma de du récit abracadabrant.



Je n’ai pas vraiment adhéré au procédé narratif, déroutant puis ennuyeux dans sa répétition obsédante et délirante.
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F.

Notre mémoire collective et notre histoire sont pleines de ces dérives totalitaires et policières dont Orwell et quelques autres ont dressés des portraits des plus inquiétants et qui apparaissent parfois bien en deçà de la réalité. Avec ce premier roman, Luis Seabra, nous emmène dans ce monde et des récits d'une inquiétante étrangeté, dans un univers que l'on ne peut s'empêcher de qualifier de "kafkaïen", avec peut-être encore plus de "réalisme irréel".

Les phrases finales du livre livrent sans doute une clé pour appréhender ce récit démultiplié et et scindé en trois. Trois fois trois même : trois voix et trois moments d'une même chronique, celle d'une ambition, d'une ascension et d'une chute programmée, sinon annoncée.

"Le livre en question ne figurait dans aucun catalogue. Il était posé sur un vieux pupitre, dans une pièce rouge à laquelle on n'accédait que dans son sommeil, au terme de plusieurs cauchemars."

Nous sommes au cœur d'une prison et d'un dispositif pénitentiaire qui masque son nom, et de son organisation administrative et politique. La prison est ici un outil puissant au service d'un pouvoir particulièrement "tordu", qui a dépassé le stade de la répression, ou même celui de la gestion des "lieux de privation de liberté", pour la PNRP, la "politique nationale de regroupement préventif". Entre police courante et services secrets très politiques, très liés au pouvoir (style KGB, Stasi, ou leurs équivalents "libéraux"), les techniques les plus sophistiquées de soumission à l'autorité et de ré-éducation semblent bien opaques, mais terriblement efficaces.

Trois voix s'élèvent de ce lieu où tout, absolument tout ce que vous pourrez dire ou faire, voire penser, pourra être retenu contre vous.



Linz, un avocat gênant qui ne sait plus de quoi on l'accuse mais qui finit par se vivre comme destiné à l'enfermement carcéral. Boehm, directeur modèle d'une prison qui ne l'est pas moins et qui va devoir aller jusqu'au sacrifice de lui-même pour accomplir sa mission. F, prisonnier qui est sans doute plus qu'un simple prisonnier. On ne sait qui ou quoi tient les fils de toutes ces marionnettes... s'il existe quelqu'un ou quelque-chose qui serait au cœur du dispositif. Le monde de cette prison et de cette administration qui semblent sorties d'un cauchemar froid, méthodique et incompréhensible, existent-ils seulement pour de vrai? Pour de bon? N'existent-ils pas trop?

F peut être lu dans la fascination d'une angoissante vision, du passé, du présent et de l'avenir, ou comme une allégorie de nos peurs de l'autre et de la soumission. De notre rapport incrédule, inhumain, trop inhumain, au réel.



Une réussite que l'on peut savourer sans chercher de références mais dans laquelle on peut aussi retrouver les ombres de Kafka, de Maurice Blanchot, de George Orwell ou des travaux de Michel Foucault sur la prison.
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F.

on est happé dès les premières pages par ce court mais très dense premier roman, au style clinique et à la construction maîtrisée. J'ai particulièrement apprécié la deuxième partie narrée par Boehm, le directeur de la prison de Schendorf, qui raconte dans son journal comment il a fini enfermé dans sa propre prison et qui se termine circulairement sur son propre début. Et l'épilogue qui émet l'hypothèse que F. l'agent infilitré serait l'auteur véritable du journal de Boehm. La composition en miroir du récit révèle un auteur fin et virtuose. Pourtant ces constructions en trompe l'oeil sont bien plus que des exercices formels, elles renvoient à des vertiges d'enfermements mentaux et intellectuels dont l'auteur se délecte à nous faire partager les méandres. Un vrai régal de lecture.

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F.

Adeptes des sociétés de type répressif, carcéral et « kafkaïen », vous allez être comblés si vous arrivez à cerner l’objectif poursuivi par l’auteur et à établir l’identité et le rôle des personnages. Autant le dire, ce roman, la dernière page tournée, est pour moi une énigme et j’ai du sérieusement m’accrocher pour aller à son terme.

C’est en plein cauchemar que le lecteur va se trouver plonger dans cet univers, dont on n’arrive pas distinguer le vrai du faux, les menteurs, les personnages réels, les récits originaux. Description à charge d’un monde où la violence a totalement disparue, en dehors du monde carcéral et où l’on détecte dès l’enfance les individus potentiellement nuisibles ou dangereux. Seule la carrière dans le domaine carcéral, soumis à une continuelle pression qu’elle soit politique, sociétale et concurrentielle entre chacun de ses cadres, semble être, ici, la plus courue et enrichissante.

• On ne peut pas parler de véritable trame ou fil conducteur dans ce récit choral de détenu, de directeur, de surveillant et de politique. Trois interlocuteurs sont ici les narrateurs de ce récit et constituant chacun une partie de ce livre. Entre les témoignages de Linz, Boehm et un mystérieux F, c’est un jeu de pouvoirs, de violence mentale et physique qui s’installe dans cette prison qui est le cadre principal du roman, successivement prisonnier, directeur, gardien. Les objectifs et tests entrepris dans ce seul cadre sur les captifs se multiplient, se contredisent, les alliances se nouent pour mieux se dénouer, le Ministère de la Justice se joue de chacun en se montrant tel qu’un marionnettiste, utilisant les uns contre les autres pour mieux annihiler les tentatives de prise de pouvoir.

• Critique en bonne et due forme d’un système où les fonctionnaires de justice ne sont que des pions et le bras armé du pouvoir. Mieux diviser pour régner est la seule règle mise en place, on n’est pas très loin des dérives et institutions des anciens modèles politiques communistes et totalitaires. Kafka ou « Z » restent à l’esprit du lecteur. Le seul centre de formation de ces fonctionnaires carcéral dispense cette unique maxime.

• Les personnages repris sont multiples, on ne sait plus vraiment qui ils sont et avec la meilleure volonté possible, on ne peut que se perdre dans les arcanes du récit, le jeu des identités, les faux témoignages, un rythme échevelé de changement de main du pouvoir et les vrais / faux journaux de bord.



Louable mais vaine tentative de mettre en perspective l’horreur d’un tel système politique totalitaire. J’ai le regret de confirmer que je suis passé totalement à côté de ce livre.


Lien : http://passiondelecteur.over..
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F.

un livre étrange, prenant et apeurant. On prend un plaisir presque malsain à suivre ces personnages qui sont comme des marionnettes d'un jeu qui les dépasse. Les mises en abymes sont constantes, mais la construction très bien maîtrisée du livre leur donne tout leur sens. Sans manichéisme aucun ( car l'auteur ne dénonce rien, son style n'est pas polémique) l'auteur campe dans un style froid et laconique un univers dont on ne sait s'il est réaliste, futuriste ou autre. Un auteur original, à suivre.
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F.

«La certitude que tout est écrit nous annule ou fait de nous des fantômes» (Jorge Luis Borges, Fictions, « La bibliothèque de Babel »)



Cette phrase en épigraphe à F., le premier roman de l’écrivain français Luis Seabra, à paraître le 27 août 2014 aux éditions Rivages, est un défi en même temps qu’un aveu d’humilité, pour un roman qui court en effet le risque d’apparaître comme un pâle fantôme dans l’ombre de ces aînés extraordinaires, «Le procès» de Kafka et «Fictions» de Borges.



Prolongeant ces idées chères à certains hommes politiques de détecter la délinquance dès le plus jeune âge et de façon préventive, et de multiplier le nombre de prisons pour "défendre" la société, Luis Seabra imagine un monde totalitaire et effrayant apparenté au nôtre, un pays recouvert de centres de réclusions, où tous les individus, enfants ou adultes, potentiellement asociaux ou dangereux pour la société peuvent se retrouver enfermés entre quatre murs sans savoir pourquoi, et soumis à des programmes barbares de «reconditionnement», comprenant notamment des séances de lecture contraintes, pour leur faire accepter docilement leur destin de prisonnier.



«Il fallait pour commencer se débarrasser de la notion de faute et de ses corollaires, tout le lexique lié au châtiment. Le criminel n’était pas plus fautif de commettre un délit qu’un chien enragé de mordre un passant. Tous les experts s’accordaient désormais pour dire qu’il existait des prédispositions irréversibles à l’asocialité, à la marginalité et au crime, qui faisaient de certains individus des dangers permanents pour l’ordre social. […] Plus d’un dixième de la population se retrouvait à présent en situation de "séparation effective", euphémisme utilisé par l’administration qui avait banni le terme d’enfermement.»



Linz, un avocat, est l’un de ces détenus, ignorant les causes de son enfermement, ainsi que, semble-t-il, l’administration pénitentiaire.

Au fur et à mesure qu’on avance dans ce récit en trois parties, autour des voix de trois narrateurs, et que les éléments de l’histoire se dévoilent au lecteur dont la vision devient panoptique, les chausse-trappes et passages souterrains se multiplient à l’intérieur du récit, et tous les personnages porteurs d’un espoir initial s’avèrent finalement non fiables ou manipulateurs, révélant leurs masques grimaçants et leur double ou triple fond.



F. donne envie de suivre le parcours à venir d’un écrivain apparemment fasciné par Foucault. Mais à ce roman bref, d’une centaine de pages, écrit de manière froide, quasiment clinique, construisant dans les pas de Borges une histoire-labyrinthe aux multiples angles morts, il manque la limpidité du récit, si magique chez le grand maître argentin, pour réussir totalement cette alchimie complexe du clair et de l’obscur.

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L'excuse

Le docteur Kotov, personnage sulfureux de l'ère postsoviétique, a installé sa clinique psychiatrique dans un hôtel particulier au coeur de Moscou. Il y soigne Vassili, un patient devenu fou après la perte de ses deux filles.



Dans ce roman vertigineux, Luis Seabra explore avec brio, entre lyrisme fantastique et tableau d'époque, les liens inextricables de la folie et de la faute.

Dès les premières pages on est absorbé par un tourbillon de délires cauchemardesques .Bien que l'on puisse s'y attendre d'après le résumé de la quatrième de couverture

Vassili et son sentiment de culpabilité nous entraîne dans la Russie des Années 1990 au travers d'une dualité fiction réalité .

Une écriture oh ! combien marquante mais doté d'une grande fluidité .
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F.

Émaillé de références littéraires assumées, le premier roman de Luis Seabra sur l'univers carcéral fait alterner les points de vue illustrant la question de la frontière entre fiction et réalité.
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L'excuse

Luis Seabra compose ici un très bon roman sur le thème de la folie, avec tout ce que cela a de dérangeant. Dans les premières pages, nous suivons un homme qui tente de trouver ses filles perdues en pleine tempête, puis qui sombre dans un cauchemar, puis est confronté à l'histoire d'un autre ayant lui-même cauchemardé... Ces nombreuses mises en abîme font habilement perdre de vue la situation initiale, mais est-elle réellement la véritable situation initiale, d'ailleurs ? Plus le roman avance, plus il devient difficile de déterminer où est le vrai du faux. Cela fait montre d'une excellente maîtrise des différents niveaux d'intrigue, mais personnellement cela m'a perdue, peut-être les choses partent-elles trop loin.



Ce roman, terriblement difficile à résumer, et que, selon moi, il ne faut même pas tenter de résumer, est cependant porté par une belle plume, fluide, qui en rend fort heureusement la lecture facile. Plus que de me perdre dans les méandres de l'imagination d'un auteur, j'aurais réellement détesté me heurter à une écriture hermétique. Cependant, il faut un lecteur bien accroché pour parvenir à sortir l'esprit indemne de ce livre hors du commun.
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L'excuse

n roman qui explore la folie, la culpabilité sur fond de fantastique.

Je découvre une écriture agréable avec un côté enivrant de la lecture. Pour ne rien vous cacher je ne suis pas sûre d'avoir tout compris tant il est difficile d'y démêler le vrai du faux.



L'histoire se construit noyant le rêveur et par la même occasion le lecteur. Les nombreuses mises en abîme font perdre de vue l'intrigue.



Un livre qui demande une certaine exigence de lecture pour en apprécier sa globalité. Pour ma part j'ai été perdu par ces strates d'intrigues floutant la compréhension du récit.

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F.

Au fur et à mesure que l’histoire se profile on comprend que rien ni personne n’est fiable et le texte devient encore un peu plus angoissant. Dans la troisième partie, F revient sur le devant de la scène et devient le narrateur (permettant une vision d’ensemble de toute l’histoire) jusqu’à l’épilogue où les doutes sur la compréhension de celle-ci viennent perturber mon ressenti final.

Et oui, si je trouvais l’histoire bonne et bien amenée (le côté dystopie me rappelant un peu l’idée du film Minority Report). Si j’ai apprécié les nouveaux éléments qui permettent de repousser nos certitudes et l’écriture froide de l’auteur qui colle très bien au sujet. L’épilogue m’a finalement laissée un peu coi. Je ne sais pas si je suis passée à côté d’une métaphore ou bien si je n’ai en fait rien capté aux 100 pages précédentes, mais la fin me donne le sentiment de ne pas avoir tout compris. Dommage…....................
Lien : http://stephanieplaisirdelir..
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