Petite quelqu’un a veillé sur toi dans cette maison, me dit l’homme, c’est grâce à lui que je t’ai épargnée, je savais que tu étais cachée quelque part. Il m’a dit que tu étais victime de ce système que nous venons de combattre. Il m’a raconté ta détresse au milieu de cette maison, comment tu as aidé cette révolution, comment grâce à toi il a posé des micros dans la chambre de cette putain. Les hommes sont si bavards sur l’oreiller. Tu me reconnais n’est-ce pas ? Nous nous sommes vus dans le bar chez Mamy Wata. Petite, ton ange gardien est mort l’arme à la main cette nuit. Quand nous avons commencé cette opération, je lui ai promis de veiller sur toi s’il lui arrivait quelque chose, aussi je t’emmène avec moi. Tu auras une très belle vie je te promets. Je ne sais pas ton prénom et je ne veux pas le connaître, tu t’appelleras Sekhmet, c’est le prénom que je te donne, on fait table rase du passé, je suis ton père désormais.
Le malentendu originel s’était installé sournoisement dès nos premiers rendez-vous, nos premiers chuchotements, nos premiers rapports sexuels. Son rire, la gaîté qu’elle manifestait en tout, son insouciance, sa vivacité d’esprit et la conviction anticonformiste qu’elle affichait alors m’avaient subjugué. Mais dans le fond, était-ce véritablement elle qui m’avait-ébloui ?