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4.83/5 (sur 6 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Maddalena Rodriguez-Antoniotti est historienne de formation (elle a notamment travaillé au Centre d’histoire du syndicalisme désormais Centre d’histoire sociale des mondes contemporains).

Après avoir enseigné dans divers lycées, elle a quitté Paris pour la Corse, la « terre de ses ancêtres ». Elle abandonne alors l’enseignement pour devenir peintre, photographe et essayiste. Tant en France qu’à l’étranger, de nombreux lieux ont accueilli ses œuvres avec commandes et acquisitions publiques à la clé. Elle est l’autrice de plusieurs ouvrages dont Comme un besoin d’utopie (éd.Albiana), préface de J-L.Pradel et de Bleu Conrad ou Le Destin méditerranéen de Joseph Conrad (éd.Albiana) préface de K.White. Bleu Conrad a été adapté au théâtre et à la télévision. Maddalena Rodriguez-Antoniotti vit depuis 2015 près de Libourne.
Histoires passagères est sa première œuvre de fiction.
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Source : Dalva
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Bibliographie de Maddalena Rodriguez-Antoniotti   (6)Voir plus

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
(...)
Mais en Crète, comme en Corse et comme ailleurs, sous l'apparence prodigieusement paisible d'un verger, d'une prairie, d'un versant de montagne, flotte comme une menace. Une tragédie. (...)
Maddalena Rodriguez-Antioniotti - Postface
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Je tâche donc de rester fidèle à la Terre avec l'infini du ciel sur la tête pour ne pas perdre la vue ni la conscience.
Pour cette raison, j'ai décidé (comme en Corse et comme en Crète) de photographier Chypre sans que jamais, paradoxalement, l'on aperçoive la mer. En me tournant vers l'habitable et non plus le visitable (habitable ayant alors valeur poétique aussi bien que prosaïque), j'ai voulu apprivoiser une autre île, une île de terriens, vécue comme une sorte de continent en miniature. C'était résister à une idéologie dominante et grâce à ce que la photographie suspend et sauve, défendre des "chefs-d'oeuvre" dont ne raffolent pas les cartes postales et qui n'ont nulle étoile au guide Michelin. C'était défendre des "paysages de peu" comme on dit "les gens de peu", autrement dit les espaces tenus, entretenus, dessinés, sculptés de main d'homme, de peine d'homme, depuis la nuit des temps.
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Le paysage, je l'ai ainsi regardé à hauteur d'homme, à la mesure du pas d'un homme de la terre d'une lenteur résolue. Au chemin peuplé d'insectes et de bruits de branches. De ronces et d'herbes folles. A l'occasion de pierres et de boue. Il est vrai que sous l'instance du réel, le photographe et le paysan ont en commun une inquiétude, voire une insatisfaction. Impossible de déjouer l'humeur imprévisible du soleil et des nuages. Ou l'irruption de la grêle et du vent. Impossible encore de se soustraire, ici, à la complexité de la géographie, avec ses multiples vagues de montagnes. Dans cette conversation avec les travaux et les jours (qui ne représente en rien une odyssée de la vie rurale), j'ai donc pris mon temps.
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Si photographier revient à fabriquer des images, c'est aussi, dans le luxe de la lenteur, les organiser, les penser. Porté par la passion et la patience de comprendre, on ne se livrera jamais assez au travail décisif qui consiste à mettre en relation les choses les unes avec les autres. Bien entendu, l'épreuve du terrain devient alors décisive car un pays a une noblesse qu'on ne peut connaître que par l'approche et par une fréquentation amicale. C'est pourquoi après l'auscultation de la Corse (mon port d'attache), après l'exploration de la Crète quelque temps plus tard, ma "croisière" s'est dirigée vers un "étrange mélange de parfums - la Bible, l'Anatolie et la Grèce" (*). Il y avait bien çà et là des ruines fabuleuses mais il y avait aussi et surtout une terre qui s'appelait Chypre et qui était peuplée de Chypriotes. Une terre présentant un trait et même un symptôme commun aux îles de Méditerranée, celui d'avoir choisi le tourisme comme destin.
(*) Lawrence Durrell - Citrons acides (ed Buchet/Chastel, Paris)
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Même si, de toutes les îles de Méditerranée, Chypre (sensiblement d brutale même superficie que la Corse et la Crète) est la seule à posséder sa capitale au milieu des terres, l'essor brutal du tourisme a néanmoins entraîné, comme en Corse et comme en Crète, un spectaculaire déménagement du territoire. Sans que l'on y prenne garde, l'espace a été brutalisé.
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Dans une de ses nouvelles Les terres en friche, l'Italien Italo Calvino s'amuse à déclarer que "le matin de bonne heure, on voit la Corse : on dirait un navire chargé de montagnes et suspendu, là-bas, au-dessus de l'horizon. Si nous étions dans un autre pays, des légendes en seraient nées. Pas chez nous, non : la Corse est un pays pauvre, plus pauvre que le nôtre ; personne n'y est jamais allé et personne n'a jamais pensé y aller". A cette vision d'une montagne dans la mer (la Corse compte quarante-deux sommets entre 2 000 et 2 700 mètres) et d'une colossale incarnation du silence, s'est progressivement substitué le miroir d'une terre paradisiaque avec plages de sable fin, poissons et crustacés, dans la baie d'un ciel définitivement bleu. Pays-paysage mythique où s'abolissent, pour le citadin, les contradictions vécues au quotidien. Entre dépliants touristiques (et rubriques des faits-divers), ...
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En décidant, hors saison estivale, de parcourir les routes secondaires de l'île, il était question de braver cette idéologie légitimante et son obsession de la performance et de (re)découvrir le territoire dans l'ordinaire du paysage. De se tourner vers l'habitable et non plus le visitable. Habitable ayant alors valeur poétique aussi bien que prosaïque. En tournant le dos au bord de mer et à la haute montagne, il s'agissait de témoigner de ce lieu hybride façonné par l'homme et qui donne l'impression de ne pas avoir bougé depuis des siècles.
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Ma boîte à images a donc exigé, tout au long des deux années de travail, calme et sang froid. Mais, contrepartie excitante de la contrainte (le réglage manuel de tous les paramètres), elle a signé un regard. Un regard "pauvre". Sans filtre, sans grand angle, sans téléobjectif et tout le bazar. Avec vignetage à la clé. Un arte povera, en somme, de la photographie pour saluer l'art modeste de la ruralité.
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Colorier une terre est toujours un moyen de la nier et dans cette palette saturée de bleu, qu'il soit, à Chypre, cobalt grec ou magenta turc, y-a-t-il encore place pour que le vert soit arbre, que le rouge, le brun ou l'ocre soient terre et limon, et la lumière, chatoiement d'un feu de bois?
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Etre en Crète, se trouver seul et penser qu'il faudrait être juste un peu plus loin auprès de personne. Marcher, marcher comme si la Crète vous portait en apesanteur jusqu'à frôler de votre peau la terre pour dessiner les contours de vos errances, de vos menaces intimes.
Alors, surgissent les ombres des siècles, celles des hommes et des femmes qui les ont parcourus à coup d'araire, de serpe, de fusil, de mandili noir, de yatagan, de lutte haute, d'humiliation, de prière et de fuite dans les montagnes, loin des rivages convoités, violés mille fois. (...)
Allain Glykos - Préface
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