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Citations de Madeleine Gagnon (21)


Le sixième sens la poésie
celui affûtant tous les autres
au moindre crépitement les ouvre
j’aime être là en ce siècle
où parlent les femmes
ce qu’elles ont à dire ne fait pas
si mal que ça quand on se donne
la peine d’entendre la chair
des mots qui changent l’ordre
des choses courant à tous
vents offerts à la palpitation
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Lu 2 septembre 2001
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Je ne pars pas écrire un livre. Je m’en vais rencontrer des femmes qui ont connu ou qui connaissent en ce moment la guerre. Si j’écris un livre, c’est pour mieux comprendre, mieux voir ce qu’elles ont vu, mieux entendre ce qu’elles me diront. Seule l’écriture rendra intelligible ce qui se passera entre elles et moi.
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une page veille
attentive
au moindre mouvement
du temps
dans la ligne
continue

c’est l’équinoxe
des âmes

c’est la pierre
qui retourne
ses signaux
au chapitre
des vents

c’est la pensée
de l’espace
embrasé
du géoscribe
jouissant
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Conquérir l’espace pour vaincre
le temps ça se défend
et si l’ultime destruction vient
encore au bout du gouffre je
chanterai encore quand
nous aurons compris que la fin
des temps n’existe pas mais
seulement alors se percevrait
le temps sans fin c’est ça que
je chanterai l’inconcevable
de la fin du temps
pour avoir déjà conçu la vie
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Comme d’autres donnent leur langue au chat, moi j’offre à ce défi ma plume. Je m’en vais marchant sur les routes brûlées, ensemençant les terres de mon chant, récoltant l’espoir à même les sols de désespérance, de morts et d’abandons.
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Aucun pays n’est à l’abri du mal d’être. Un seul le serait que nous y serions tous réfugiés. Nous, je veux dire ceux qui désirent, de toutes leurs fibres, la paix.
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Le temps d’un livre, j’aimerais labourer ce champ d’énigmes, arpenter ses sillons comme autant de passages à l’autre, à toute autre dont les paroles rencontreront les miennes, aux mêmes points d’intersection ou d’interrogation, sans que les mots soient les mêmes nécessairement, toute autre qui mêlera ses zones d’ombres et de lumières, ses fictions vraies, aux miennes, j’aimerais, sur les sentiers que le sang ensemence, jeter l’ancre, ou plutôt nourrir de mon encre l’étrange terreau. Loin. Ailleurs.
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Rivée au thème au titre décidé
de ne pas bifurquer
m’y tenir le rêve
juste ce qu’il faut
c’est-à-dire totalement
ce mal dans la poésie m’apparaît
c’est là que je vois mieux
vol patient de la mouette
qui franchit les espaces et le
temps d’un seul mouvement d’ailes
à la ligne
toujours recommencé
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le poème se signe
seul au bout du chemin

Départ
vers la destination
sans fin
ni but

la disponibilité
à ce lieu
précis
de nulle part

cela mène
en nulle patrie

la lune pleine
me conduit
archéographie
du dedans
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Tous les conseillers, tous les psys de toutes les ONG du monde qui viennent ici pour soigner les blessures morales des victimes ne feront rien de bon tant qu’ils n’auront pas touché la violence qu’ils portent au fin fond de leur propre labyrinthe.
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Face aux tentatives d’épuration ethnique faites par des armées et parfois des peuples conquérants, face aux stratégies mortifères de solution finale, d’autres armées doivent intervenir – il y eut l’absolu crime de la Shoah que l’on crut le dernier, l’ultime, puis encore celui du Timor oriental, puis du Rwanda et encore de la Tchétchénie et de tous les Chiapas du monde –, oui, elle aurait été justifiée la guerre qui aurait visé à la sauvegarde des Amérindiens du Nord et du Sud, oui, toutes les «civilisations» de la terre, les langues, les coutumes, les religions, les ethnies ont droit à l’existence et aucune «civilisation» n’est supérieure à l’autre, quand on le pense, hommes ou femmes, c’est l’esprit de guerre qui nous meut, la guerre commence dans l’esprit, les atrocités, les armes viennent après, n’en sont que les outils.
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Tous les hommes me regardaient comme pour me déshabiller. Je sais bien qu’ils ne m’auraient rien fait, contrairement à ce qu’on raconte, ils ne sont pas des violeurs. Mais leurs yeux étaient de braise et me perçaient le corps. Et puis toutes ces femmes musulmanes, ces hordes de femmes silencieuses portant foulards et longs manteaux jusqu’aux chevilles, elles aussi me dévisageaient avec tant de haine, je vous jure, j’ai vu la haine et me suis mise à courir jusqu’au pont, ai retraversé à bout de souffle le Vardar et suis rentrée chez moi, morte de peur.
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...les peintres ont une âme d’oiseau, Da Vinci l’avait bien compris. D’abord cette terre macédonienne méconnue, imaginée seulement dans les livres studieux d’histoire ancienne, si vieille qu’on y perdait notre grec, à l’âge où notre village de jeune Amérique française s’enjambait d’un seul bond, se saisissait d’emblée, à travers ses contes et décors familiers.
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Quand j’entends, quand je lis certains intellectuels hypermédiatisés de Paris, fils des Lumières du grand siècle orgueilleux – phares de civilisation! –, je sais que la guerre n’est pas seulement vrillée aux pulsions corporelles dévastatrices. Elle est aussi, et peut-être d’abord, dans la domination arrogante de l’esprit. L’esprit de guerre précède la guerre en acte. L’esprit de guerre commence lorsqu’un projet de société se conçoit modèle pour l’Autre. Quels que soient cet Autre et la culture dont il est issu.
Anna, je ne viens d’aucun centre du monde, c’est une bénédiction, je crois. Mon ignorance est réelle, mais elle n’aura jamais la superbe des dominants de l’esprit. Venant d’un non-pays, le Québec, qui a toujours rêvé son appartenance à soi sans jamais la conquérir vraiment, qui demeurera dans son beau rêve jusqu’à la fin des temps, dans son état de non-conquérant, il m’est plus loisible, je le sens, d’entrer dans l’intelligence de l’Autre, où qu’il soit. Ailleurs. Où qu’elle soit. Et quelle que soit sa langue. Celle qui saura dire, avec ses vocables étranges comme un poème, ce qu’il en est de l’innommable quand la mort, sous toutes ses formes, détruit délibérément la vie.
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Les femmes que je rencontrerai seront poètes. Même si elles n’en ont pas le statut. La stature. Même si elles ne le savent pas. Surtout si elles ne le savent pas, peut-être.
Et les hommes que je rencontrerai seront leurs amants. Même s’ils ne leur ont pas fait l’amour. Seront leurs aimants.
Ces hommes-là ne seront pas coupables de viol. Mais responsables de tous les viols du monde. En eux. Là où, par les sentiers sinueux et incertains, ils ont désiré, ne fût-ce qu’une fois, rentrer avec force dans le corps de leur mère d’où ils furent, mais s’en souviennent-ils, si durement expulsés.
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Les femmes que je rencontrerai seront douées aussi de l’intuition de mémoire. Elles ne débiteront pas ce qu’elles ont lu dans les livres d’histoire. Elles ne ressasseront pas les théories toutes faites qui, depuis des siècles, nous encerclent et nous enchaînent, discours moraux sur la violence et ses effets, utopies fumeuses sur une paix des lendemains qui chantent.
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Je savais, pour l’avoir lu ou entendu dans des films ou des reportages télévisuels, tous les médecins ou psychologues semblent là-dessus unanimes, que sur l’un des aspects les plus atroces de la guerre, les viols massifs des femmes par la soldatesque adverse, celles-ci demeureraient muettes, fermées comme des huîtres.
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Le droit d’aînesse, c’est celui du sang, d’abord, qui fonde l’ordre familial. Celui du sol, ensuite, qui fonde l’ordre de la patrie. En d’autres mots, premier arrivé premier servi, autorité première dans la famille ou sur le territoire géopolitique des humains.
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Tu sais sans doute que deux droits, depuis toujours, ont motivé toutes les guerres: le droit du mâle sur les femelles et le droit d’aînesse. Pour le premier, je n’en sais pas plus que toi. Je sais seulement que les dieux de toutes les religions sont mâles et que les dieux ont toujours décidé de tout. Tu ne peux pas changer l’ordre des choses.
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