AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Magali Mougel (13)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Shell shock

Théâtre? Poésie? difficile de savoir ici ce qu'est vraiment ce court texte percutant. Rebecca est reporter de guerre et elle revient tout juste d'Irak. Dans sa tête, des images d'horreur dont elle ne peut se débarrasser, alors qu'elle fête les 6 ans de sa fille qui réclame son attention.

Elle ne répond à aucun des appels de son rédacteur en chef, ne veut pas faire le rush des photos qu'elle a prises cette fois-ci: une petite fille y apparaît, vivante un instant, morte juste après suite à un bombardement, une petite fille qui lui avait demandé de la suivre et de la photographier ce jour-là.



Le texte enchaine les points de vue; les réminiscences et les dialogues intérieurs de manière à créer le chaos que doit ressentir toute personne de retour de la guerre, et je pense, en parallèle à cette œuvre, aux poèmes de Kevin Powers, vétéran lui-même de la guerre en Irak qui, comme Rebecca, est obsédé par le besoin de porter une arme pour se protéger alors qu'il est revenu dans un pays en paix. Ainsi, Rebecca enfouit une arme-jouet sous l'oreiller de sa fille avant que celle-ci s'endorme, pour qu'elle puisse se défendre.



C'est un récit court mais intense et douloureux sur la guerre à l'écriture originale, ce qui permet d'entrer au cœur du traumatisme.
Commenter  J’apprécie          160
MADAM : Manuel d'Auto-Défense A Méditer

Objet littéraire inclassable qui appelle à la réflexion :

Appel théâtral aux femmes pour espérer respecter 4 principes simples pour permettre de remettre les pendules à l'heure de l'identité féminine. Via une MADAM Manuel d'Auto-Défense A Méditer, commencer par le commencement, démasculiniser la langue,

Principe 1 : "parler des femmes au féminin, comme on parle des hommes au masculin." Autrice bon sang c'est pas si difficile à dire, il faut juste s'extraire des préjugés inculqués et figés.

Principe 2 : " évoquer les femmes aussi quand on parle de populations mixtes, au lieu de faire comme si le masculin valait pour les 2 sexes; par ex dire bonjour à toutes et à tous ou les lycéennes et les lycéens ont réussi leur bac."

Principe 3 : "recourir aux accords traditionnels au lieu de l'accord au masculin qui l'emporte." le masculin l'emporte sur le féminin même si on parle de 100 femmes et un homme mince alors, c'est quoi cette règle absurde !?!

Principe 4 :"éviter de parler de l'homme quand on veut parler de l'espèce humaine tout entière. Dire l'évolution de l'humain ou les droits humains." Y'a du boulot en commençant par la déclaration des droits de l'homme et du citoyen...Où sont les femmes ? Avec leurs rires plein de larmes ? Et les citoyennes ?



On pardonne les petits écueils partisans et clivants, il faut bien en passer par là pour se tourner vers l'autre qui.ne voit pas



Je remercie les éditions 2eme époque, écritures de spectacle et Masse Critique Babelio pour l'envoi de ce livre écrit par Hélène Soulié et de nombreuses femmes intéressantes, dérangeantes, différentes et personnalisantes.

En avant la réflexion.







Commenter  J’apprécie          70
Erwin Motor, dévotion

Cette courte pièce de Magali Mougel « Erwin Motor, dévotion » a un titre à consonance américaine alors qu'il s'agit d'un texte centré sur une ouvrière de l'industrie automobile française. Mais c'est sans doute le terme de dévotion qui me fait dire ça parce que je viens de lire le dernier livre de Patti Smith intitulé « Dévotion ». Pourtant cela n'a rien à voir car la dévotion ici porte sur l'attachement au travail jusqu'à la soumission pour ne pas le perdre.

Cécile est ouvrière de nuit. Elle place des petits ressorts dans des Neiman pour un sous-traitant automobile. Ce travail, c'est sa façon de s'émanciper mais c'est sans compter sur les exigences d'esclavagiste de Madame Merteuil qui dirige l'entreprise familiale en dressant l'étendard de la délocalisation pour soumettre l'ouvrière.

J'aime beaucoup les textes de ce genre, minimaliste, avec peu de personnage et peu de détails. Les phrases sont répétées comme scandées. Pourtant, je ne vois pas l'intérêt de faire un parallèle avec « Les liaisons dangereuses » de Pierre Choderlos de Laclos, en donnant les mêmes noms aux personnages. C'est peut-être pour les abus sexuels et la manipulation de Cécile mais la transposition du roman épistolaire du 18eme siècle au monde du travail d'aujourd'hui est intéressante mais pas très convaincante.





Commenter  J’apprécie          40
Suzy Storck

Un texte court et puissant, un drame. La forme théâtrale se prête bien au sujet. Là où un roman se serait étalé sur des pages et des pages, la concision et les répétitions en font un cri, une litanie. (mai 2014)
Commenter  J’apprécie          30
Suzy Storck

Commenter  J’apprécie          20
Shell shock

Si Shell Shock a paru dans la collection "Théâtre" des éditions Espaces 34, je serais curieuse de voir comment il pourrait être mis en scène. L'écriture est hachée, ce qui n'est pas pour me déplaire, et rend particulièrement compte des failles (gouffres ?) entre la réalité et ce qui se déroule dans la tête de Rebecca. Nous sommes plongés dans la tension perpétuelle à laquelle elle est confrontée maintenant qu'elle est revenue d'Irak ; tout la renvoie à la guerre - jusqu'à la ferme pédagogique qu'elle offre à sa fille pour son anniversaire.



Une sorte de paranoïa habite l’œuvre : une odeur se dégage de ce que Rebecca a vécu, comme si elle s'était imprimée dans son corps. Elle se renifle sans cesse, poursuivie.



Cette sorte de monologue intérieur met en avant l'impossibilité de communiquer : je pense ainsi aux nombreuses questions qu'on a dû poser au personnage, journaliste, et qui sont regroupées dans un chapitre, sans réponse aucune, en majuscules, comme si elles résonnaient et hantaient Rebecca ; je pense aussi à sa discussion avec son patron, faite de mensonge et de non-dits, interrompue puisqu'elle lui raccroche au nez ; je pense enfin aux répétitions mécaniques de certaines mots, parfois empruntés, comme si Rebecca ne pouvait plus s'exprimer seule ("la ferme pédagogique [...] y'a des poules et des moutons ? [...] Vous êtes sûr, je ne voudrais pas me retrouver qu'avec des vaches", ainsi que l'a réclamé Samaraa, sa fille).

Et que dire de l'impression que l'on a d'être noyée dans les 1804 photographies que Rebecca se résout à titrer ? La question du silence est ouvertement posée à la fin de l'ouvrage.



Pour conclure, c'est une œuvre courte et frappante qui repose sur la récurrence de motifs forts. Si je ne mets "que" 3.5 étoiles, c'est parce qu'en dépit de toutes ces qualités que je lui reconnais, je n'ai pas eu de coup de cœur pour Shell Shock. Cependant, je ne doute pas que d'autres que moi lui rendront davantage justice ;).
Commenter  J’apprécie          10
Elle pas princesse, lui pas héros

C'est le titre qui m'a attirée dans cet ouvrage. "Elle pas princesse, lui pas héros", c'est plein de promesses pour lutter contre les clichés dès le plus jeune âge. Ce livre nous est annoncé comme une pièce de théâtre pourtant l'histoire est clairement racontée comme un roman, c'est étrange.

Les personnages de Leili et Nils sont intéressants, mais je n'ai absolument pas réussi à m'attacher à Cédric. Quelques réflexions sont percutantes mais dans l'ensemble l'histoire est trop courte pour vraiment prendre de l'ampleur. Dommage.
Commenter  J’apprécie          10
Erwin Motor, dévotion

Reprise avec un angle assez inattendu des "Liaisons Dangereuses". M. Mougel s'intéresse ici à la domination classiste que le couple Merteuil/Valmont exerce sur une Cécile ouvrière de nuit. Dommage qu'on échappe pas à quelques clichés sexistes (récurrence des mots "putes" et putains, obsession latente pour la sexualité féminine) et classistes qui desservent le propos plus qu'ils ne le servent.

Dommage aussi de noter l'absence de ponctuation, chère à de nombreux auteurs contemporains et qui affadit un peu toute production à mon sens (mais pour le coup, peut-être faudrait-il le voir en jeu). Les références sont aussi très évidentes et pas assez intégrées au récit (notamment les citations du "Quartett" d'Heiner Müller).

En somme, pas un très bon moment de lecture, mais je ne pense pas être le public visé.
Commenter  J’apprécie          10
MADAM : Manuel d'Auto-Défense A Méditer

Livre assez bien écrit relatant le quotidien patriarcal de quelques femmes auxquelles on peut facilement s'identifier. Il amène à une réflexion quant au féminisme décrit dans ce bouquin de manière assez subtile mais qui permet l'ouverture d'esprit et une meilleure compréhension du ressenti et du mal être que peuvent ressentir certaines femmes de notre époque.
Commenter  J’apprécie          00
MADAM : Manuel d'Auto-Défense A Méditer

MADAM - Manuel d’auto-défense à méditer est une oeuvre assez difficilement genrable littérairement. Si vous cherchez une oeuvre féministe à part, pleine de rire, de rage, de poésie, de déconstruction des traditions, et le tout lié avec une pensée écologique et anticapitaliste, ce livre est fait pour vous.
Commenter  J’apprécie          00
Shell shock

Je remercie tout d'abord les Editions espaces 34 et Babelio pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de l'opération masse critique.

S'il est considéré comme du théâtre, je prends plutôt ce livre comme un beau et long poème sur les conséquences de la guerre sur les personnes qui y assistent : les journalistes, grands reporters, photographes.

C'est beau et très prenant, un peu moralisateur sur la fin, ce qui n'était pas nécessaire.

La description de la tragédie du retour, de la tentative de réadaptation alors que les autres, ceux qui sont restés, attendent "simplement" les photos, était largement suffisante.



Une belle découverte.

Commenter  J’apprécie          00
Shell shock

« A chaque fois que je referme un livre en me disant que ce qui se passe au-delà des frontières de mon petit pays, ce sont des histoires exotiques de barbares, je prends partie pour le camp des bourreaux.

L’indécence commence là.

(…)

Si tu peux te coucher, ce soir, en te disant qu’il faut passer à autre chose, c’est avouer que chacune de ces morts n’a rien de politique.

Ne me demande pas alors de passer à autre chose.»

Les relents de la mort vont et viennent, incessants. Ils ricochent, ils tachent, ils imprègnent irrémédiablement les synapses, ils obnubilent ; enfin ils aliènent. Comment revenir d’entre les morts ? Quel pouvoir a l’image face à l’horreur que l’on refuse de voir ? Peut-on, doit-on faire sauter la chape de plomb qui nous écrase les paupières ? Toutes ces questions nous éclaboussent à la lecture de Shell Shock, elles nous sautent à la gorge avec la même violence que les mots qui nous mettent à terre. Magali Mougel écrit pour le théâtre, pour la scène. Pour dire, pour mettre en voix ce que l’on voudrait taire, pour que prenne corps l’indicible.

Rebecca est revenue d’outre-tombe. Depuis qu’elle a bouclé son reportage en Irak, depuis les cadavres et l’horreur, depuis l’insoutenable, elle tente de surnager. De préparer l’anniversaire de sa fille, d’organiser son quotidien comme si tout allait bien, tout en étant incapable de fermer les yeux. Les rétines imprégnées du visage de Hayat, cette fillette restée là-bas, tombée là-bas, elle devient sourde aux relances de son rédacteur, elle est assaillie par les fantômes de Bagdad, rongée par l’injustice et le silence.

Shell Shock est un texte polymorphe, tantôt monologue lancinant, tantôt mélopée polyphonique. La structure est abstraite, sèche et virulente. Magali Mougel a le verbe martelé, le rythme au bout de la plume. Ecrite pour la scène, cette œuvre est intrinsèquement vivante ; elle est aussi dure que juste. Elle prend au corps, frappe en plein cœur.

Ouvrage reçu dans le cadre d’une masse critique Babelio, que je remercie du fond du cœur, ainsi que les éditions Espace 34, qui ne cessent de m’impressionner par la pertinence et la force de leurs choix éditoriaux.

Commenter  J’apprécie          00
Elle pas princesse, lui pas héros

La grande maîtrise théâtrale de Magali Mougel s’appuie pour l’édition papier sur le talent d’Anne Sophie Tschiegg dont les couleurs vives proposent une vision crédible des personnages, dynamique et sensible.
Lien : http://www.ricochet-jeunes.o..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Magali Mougel (61)Voir plus

Quiz Voir plus

Fantômes

Dans quelle pièce de W. Shakespeare le héros est confronté avec le spectre de son père ?

Le marchand de Venise
Richard II
Hamlet
Titus Andronicus

10 questions
146 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}