Avoir frôlé la mort de si près, enfant, et être revenue à la vie m’a insufflé une forme d’inconscience, d’irresponsabilité, voire de folie face au danger. Je sais que l’inverse aurait pu se produire, que j’aurais pu devenir une personne inhibée par la peur, bloquée par le besoin de précaution. Au lieu de ça, je sautais de la digue du port. Je randonnais seule sur des sentiers de montagne perdus. Je prenais des trains-couchettes à travers l’Europe pour débarquer toute seule dans des capitales au beau milieu de la nuit, sans point de chute.