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Citations de Maggie O’Farrell (496)


Les mariages se brisent non pas à cause de ce que l’on dit, mais de ce que l’on ne dit pas.
P504
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Lorsqu'on le lui demandait, la fille - une femme, désormais - retirait son gant de fauconnier, prenait la main des gens pendant quelques instants et pinçait leur chair entre le pouce et l'index, là où toute l'énergie de la main se concentre, avant de leur faire part de ce qu'elle ressentait. Ce geste, disaient certains, vous étourdissait, vous vidait, comme si la fille absorbait toute l'énergie contenue en vous ; d'autres le disaient revigorant, revivifiant, telle une pluie qui vous tombe dessus. Tout se déroulait sous les cercles que son oiseau décrivait dans le ciel, les ailes déployées, poussant des cris comme des avertissements.
Les gens disaient qu'elle se prénommait Agnes.
P68.
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Perdre votre sang-froid, c’est perdre la bataille. 
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Agnes, pendant longtemps, s'est représenté la mort sous la forme d'une salle éclairée de l'intérieur, plantée au milieu d'une lande. Les vivants habitent cette salle, tandis que les morts errent tout autour, pressant leurs mains, leur visage et leurs doigts contre ses vitres, cherchant à tout prix à y entrer, à rejoindre les leurs. Certains à l'intérieur de la salle peuvent les entendre et les voir; certains peuvent leur parler à travers les murs; mais la plupart n'en sont pas capables.

-p269-
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La certitude selon laquelle il nourrit le projet de la voir mourir est comme une présence à côté d'elle, un oiseau de proie au plumage sombre posé sur le bras de sa chaise.
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Lucrèce [Médicis] réfléchit à ce conseil prodigué par ce père désormais mort : sentiments, action nécessaire. Les deux, voudrait-elle demander, ne peuvent-ils pas coexister ? Une action nécessaire ne peut-elle donc jamais être dictée par une émotion ? 
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Les Polonais, néanmoins, sont doués pour tuer les rats. Leur extermination est pour eux un divertissement ; ils accrochent de la nourriture comme appât à une ficelle et attendent, tapis dans l'ombre, avec une énorme pelle. Quand les bêtes apparaissent - luisantes, le ventre pendant, gavées par les rations des matelots -, les Polonais leur sautent dessus en criant, en chantant, avant de les frapper à mort, éclaboussant murs et plafonds de cervelle et d'entrailles. Puis ils leur coupent la queue et la pendent à leur ceinture en buvant tour à tour au goulot d'une bouteille remplie d'un liquide transparent.
À vomir, hein ?

P199
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[…] la maison d’Henley street fonctionne comme une structure hiérarchique : il y a d’abord les parents, puis les fils, la fille; viennent ensuite les cochons de la porcherie, les poules du poulailler, l’apprenti et, pour finir, tout en bas de l’échelle, les bonnes. Agnès dirait que sa position, en tant que nouvelle belle-fille, est encore floue, se situe entre l’apprenti et les poules.
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....Parce qu'elle se mit à pleurer, avec une urgence telle qu'elle fut incapable de parler. Jamais je n'ai vu ma mère pleurer ainsi. Ma mère n'était pas une émotive, une pleurnicheuse : un calme mystérieux l'habitait constamment. La voir secouée de sanglots, voir ces larmes se déverser sur son visage fut un choc horrible, viscéral. Je crois avoir dit, Pardon, je crois avoir dit, Maman, je crois avoir dit je t'en supplie. Mais peut-être n'ai-je rien dit du tout.
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Tous ces gens ne voient pas les serviteurs, ne les reconnaissent pas comme abritant, eux aussi, une raison, des émotions. Une bonne en robe de bure ne vaut pas mieux qu'une table ou qu'un chandelier sur un mur.
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Sa spécialité. Se rendre absente au monde, se faire disparaitre. Mesdames et Messieurs, regardez bien. Surtout, il importe d’être immobile. Le simple fait de respirer peut leur rappeler votre présence, donc, des respirations très courtes, très superficielles. Juste de quoi rester en vie. Pas plus. Ensuite, il faut s’imaginer tout en longueur. C’est le plus difficile. Penses que tu es mince, étirée, transparents, à force d’avoir été malaxée. Concentre-toi. Concentre-toi vraiment. Il faut atteindre un état où ton être, le quelque chose qui fait de toi ce que tu es et te rend bien visible, en trois dimensions dans une pièce, peut s’envoler de ton crâne, jusqu’au moment où, mesdames et messieurs, ce stade sera dépassé… P 94
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La peur commença à l’envahir comme la mousse envahit une pierre. Elle sentait que quelqu’un ou quelque chose s’était glissé derrière elle, là, dans son dos. Elle resta immobile devant son assiette vide tandis que l’angoisse montait. C’était une chose sombre, gélatineuse, aux contours incertains et changeants ; elle n’avait pas d’yeux, seulement une bouche béante et mouillée d’où sortait un souffle humide, gazeux. Cette chose – Lucrèce le savait sans même avoir besoin de se retourner – était sa mort. Si ce mariage se réalisait, elle mourrait, comprit-elle, peut-être pas tout de suite, mais bientôt. Jamais plus ce spectre, fantôme de sa propre déchéance, ne la quitterait.
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C’est à cet instant, agrippée au rebord de la fenêtre, qu’elle la découvrit : une forme effilée, sinueuse, se mouvant d’un bout à l’autre de la cage. La tigresse ne semblait pas marcher, mais couler, comme si son essence même était fluide, bouillonnante, telle la lave d’un volcan. Dans le noir, les barreaux de la cage en regard des rayures de son pelage semblaient presque invisibles. La tigresse était orange, couleur de vieil or, feu fait chair ; elle était puissance et colère, elle était exquise et féroce. Elle portait sur son corps les barres verticales d’une geôle, comme marquée pour ce sort précisément, comme destinée à la captivité depuis le départ.
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Ce muscle, entre le pouce et l’index, est une chose irrésistible pour elle. Il possède la particularité de pouvoir s’ouvrir et se fermer comme le bec d’un oiseau, de renfermer la force de la main tout entière, toute la force des doigts qui serrent.
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Cette démangeaison, ce désagrément, cette éruption, cette inflammation, ces rougeurs, tous ces symptômes infernaux, aliénants : tout cela n’est pas lui. Il y a lui et il y a sa maladie. Lui et sa maladie sont deux entités, forcées de cohabiter dans un même corps. P 72
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Iris voit la femme tourner tout d'abord la tête, puis le cou et enfin le corps. On dirait qu'il lui faut très longtemps, et Iris pense à un chat roulé en boule qui se réveille et s'étire.
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Il s'agit, je vous l'assure, d'un état assez commun chez la gent féminine. Votre épouse, je me permets de le dire, porte en elle trop de chaleur. Son sang est trop chaud, ce qui excite l'esprit femelle. Il s'agit, bien entendu, d'un problème qu'il m'est possible de traiter. Je préconiserais une série de saignées avec ventouses, et des décoctions à base de plantes et de minéraux. Je veillerai moi-même à les préparer. Elle ne devra plus manger que des aliments froids, un peu de volaille, des légumes verts, de la viande rouge, fromage et lait chaque jour. Plus d'épices, de bouillon, de poivre ou de tomates. Elle devra par ailleurs être entourée d'images douces et fruitées. Ces bêtes sauvages sur ces murs devront être retirées. Ces ossements, ces plumes et ses curieux artefacts également. Des activités précises devront lui être proposées, chaque jour, suivies d'une période de repos après chaque repas, au lit, et après le réveil. Pas d'excitation, de danse, de musique, de loisirs créatifs, de lecture, en dehors des textes religieux.
-Fort bien.
-J'ai la certitude que l'événement que vous attendez arrivera prochainement.
(p.369-370)
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Ceux qui disent d’un mort qu’il est parti « paisiblement », « en glissant », n’ont jamais été témoins de ce qui se passe vraiment, pense Eliza. La mort est une chose violente, une lutte. Le corps s’accroche à la vie comme du lierre sur un mur, refuse de lâcher, de se rendre sans combattre.
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Avoir un bébé vous incite sans doute à revivre votre enfance, se dit-il. Les choses auxquelles on ne pense jamais refont soudain surface.
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Ce qui est donné peut être repris, à n'importe quel moment. La cruauté la dévastation vous guettent, tapies dans les coffres, derrière les portes, elles peuvent vous sauter dessus à tout moment, comme une bande de brigands. La seule parade est de ne jamais baisser la garde. Ne jamais se croire à l'abri. Ne jamais tenir pour acquis que le cœur de vos enfants bat, qu'ils boivent leur lait, respirent, marchent, parlent, sourient, se chamaillent, jouent. Ne jamais, pas même un instant, oublier qu'ils peuvent partir, vous être enlevés, comme ça, être emportés par le vent tel le duvet des chardons.
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