Je chante pour que tu reviennes
quand je chante
je chante pour que tu traverses tous les jours
des milliers de solitudes
pour essuyer mes larmes
Entre oranges et philosophes
Dans notre sang délavé par la mer
dans nos genoux séfarades
dans le destin boréal du pied
dans les archives vivantes de ton legs
dans l'enthousiasme de mon index
dans le parfum de Zambie et d'après-rasage
dans l'intuition de mes frères, dans les yeux
de mes filles je te revois père
te vouer à loisir à la contemplation et aux sourires
à ces exégèses dissimulées
en fin de repas, entre oranges et philosophes,
lorsque face à d'inquiets adolescents tu épluchais
le code de leur avenir :
soyez dans l'âme exacts, dans l'adhésion
imparfaits, dans l'attente audacieux.
Federico Italiano
Neige
Assis à la table d'un restaurant
nous nous étudiâmes à rebours
comme on relirait le manuscrit
de ses propres confessions, rougissant
de la générosité d'un adverbe,
glissant sur les omoplates d'un nom.
Du restaurant, nous en vînmes à la neige,
comme quittant le premier
feu de notre espèce. L'hiver
nous laissa tous ébahis près d'un portail
sombre, en fer, réchauffé par le lierre,
où ta loi enivrait plus que le vin.
Federico Italiano