L'IMPARFAIT DE L'INVISIBLE
Il conjuguait sa vie à l'imparfait de l'invisible, au subjonctif
présent, à l'infini – auquel nul n'est tenu. Des messages cryptés
lui parvenaient depuis les confins du sommeil, calcinés, ahuris,
enchevêtrés à d'obscènes graffiti. Le fantôme de Dieu hantait
l'arrière-pays, offrant des morts aux fleurs sous l'aspect d'un
héron blanc occupé à aiguiser sur l'onde son image. Et soudain,
le poème, becqueté à cœur, frétillait hors du courant, étincelant
de toutes ses écailles dérobées à la lumière.
p.198