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Citation de Nemorino


Je réunis plusieurs citations en une seule à la manière de Chagall lui-même qui place ses souvenirs et visions sur la même toile en éventail :

Muni de mes vingt-sept roubles, les seuls que j’aie reçus de mon père dans ma vie (pour mon enseignement artistique), je m’enfuis, toujours rose et frise, à Pétersbourg, suivi de mon camarade. C’est décidé.

Je m’appelle Marc, j’ai l’intestin très sensible et pas d’argent, mais on dit que j’ai du talent.

Seule la grande distance qui sépare Paris de ma ville natale m’a retenu d’y revenir immédiatement… C’est Louvre qui mit fin à toutes ces hésitations… Ici, au Louvre, devant les toiles de Manet, Millet et d’autres, j’ai compris pourquoi mon alliance avec la Russie et l’art russe ne s’est pas nouée. Pourquoi ma langue, elle-même, leur est étrangère.

À commencer par le marché où, faute d’argent, je n’achetais qu’un morceau d’un long concombre, l’ouvrier dans sa salopette bleue, les disciples les plus zélés du cubisme, tout témoignait d’un goût net de mesure, de clarté, d’un sens précis de la forme.

Mais mon art, pensais-je, est peut-être un art insensé, un mercure flamboyant, une âme bleue, jaillissant sur mes toiles.

Personnellement, je ne crois pas que la tendance scientifique soit heureuse pour l’art. Impressionnisme et cubisme me sont étrangers. L’art me semble être surtout un état d’âme.

Époque qui chante des hymnes à l’art technique, qui divinise le formalisme

Mes tableaux enflaient dans la Potsdamerstrasse, tandis que tout près on chargeait les canons.

Vitebsk est « un pays bien à part ; une ville singulière, ville malheureuse, ville ennuyeuse »

Vous avez vu chez moi ce vieillard en prière ? C'est lui. C'était bien, lorsqu'on pouvait travailler tranquillement. Parfois ce tenait devant moi une figure si tragique et si vieille, qu'elle avait plutôt l'air d'un ange. Mais je ne pouvais pas y tenir plus d'une demi-heure... Elle puait trop.

Elle (Bella, épouse de Chagall), matin et soir, portait dans mon atelier de doux gâteaux de sa maison, du poisson grillé, du lait bouilli, diverses étoffes décoratives, même des planches qui me servaient de chevalet. J’ouvrais seulement la fenêtre de ma chambre et l’art bleu, l’amour et les fleurs pénétraient avec elle. Toute vêtue de blanc ou tout en noir, elle survole depuis longtemps à travers mes toiles, guidant mon art.

Vêtu d’une chemise russe, une serviette de cuir sous le bras, j’avais bien l’allure d’un fonctionnaire soviétique.

Je pense que la révolution peut être grande tout en conservant le respect de l’autrui.

Ce qui d’abord m’a sauté aux yeux, c’était une auge. Simple, carrée, moitié creuse, moitié ovale. Une auge de bazar. Une fois dedans, je la remplissais entièrement.

Le cirque est un spectacle magique, qui passe et fond comme un monde.

L’essentiel c’est l’art, la peinture, une peinture différente de celle que tout le monde fait. Mais laquelle ? Dieu, ou je ne sais plus qui, me donnera-t-il la force de pouvoir souffler dans mes toiles mon soupir, soupir de la prière et de la tristesse, la prière du salut, de la renaissance ?
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