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Citation de Woland


Woland
02 septembre 2017
[...] ... Il s'était de nouveau tourné vers la mère et il restait devant elle attendant toujours ce signe de paix qu'elle ne pouvait pas lui faire. Et il riait toujours. Son visage disait un tel bonheur qu'on ne le reconnaissait plus. Jamais personne, avant, même Suzanne, n'aurait pu croire ce visage si résolument fermé, capable de s'avouer, de se livrer avec une telle impudeur.

- "Merde," répétait Joseph, "je te le jure, je reviendrai, je laisse tout, même mes fusils

- Tu n'as plus besoin de tes fusils. Pars, Joseph."

Elle avait de nouveau fermé les yeux. Joseph la prit par les épaules et se mit à la secouer.

- "Puisque je te le jure, même si je voulais te laisser, je ne pourrais pas."

Elle était sûre qu'il partait pour toujours. Seul lui en doutait encore.

- "Embrasse-moi," dit la mère, " et pars."

Elle se laissait secouer par Joseph qui s'était mis à crier.

- "Dans les huit jours ! Quand vous aurez fini de m'emmerder ! Dans huit jours je serai revenu ! On dirait que vous ne me connaissez pas."

Il se tourna vers Suzanne.

- "Dis-lui, Nom de Dieu, dis-lui !

- T'en fais pas," dit Suzanne. "Dans huit jours, il sera là.

- Pars, Joseph," dit la mère.

Joseph se décida à aller dans sa chambre pour aller chercher ses affaires. L'auto attendait toujours, les phares éteints maintenant. Tiens, elle n'avait pas klaxonné une deuxième fois. Elle laissait du temps à Joseph, son temps. Elle savait que c'était difficile. Elle aurait attendu toute la nuit, c'était sûr, sans klaxonner une nouvelle fois.

Joseph revint chaussé de ses sandales de tennis. Il portait un paquet de linge qu'il avait dû préparer à l'avance. Il se précipita sur la mère, la souleva dans ses bras et l'embrassa de toutes ses forces, dans les cheveux. Il n'alla pas vers Suzanne mais il se força à la regarder et dans ses yeux il y avait de l'effroi et peut-être aussi de la honte. Puis brusquement, il passa entre elles et descendit les marches de l'escalier en courant. Les phares s'allumèrent peu après sur la piste, en direction de la ville. Puis l'auto démarra très doucement, sans qu'on l'entendît. Les phares se déplacèrent, s'éloignèrent encore, laissant derrière eux une marge toujours plus large de nuit, puis on ne vit plus rien.

La mère, les yeux fermés, était toujours dans la même position. Le bungalow était tellement silencieux que Suzanne pouvait entendre sa respiration rauque et désordonnée. ... [...]
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