Citations de Marie Féraud (29)
Même dans les villes, si indifférentes, si populeuses, les gens n’admettent pas qu’on puisse vivre autrement qu’eux. On ne brave pas impunément leurs préjugés, leurs coutumes !…
Il a d'abord fallu que je gagne le droit d'être comme tout le monde pour ensuite gagner le droit d'être moi-même. (p.19)
La comparaison n’est peut-être pas indiquée, mais il faut reconnaître que sur nos routes de France par exemple, bien rares sont les gens qui s’arrêtent pour en secourir d’autres, même lors d’un accident grave…
L’hospitalité à l’égard des étrangers était une vertu essentielle, surtout respectée chez les musulmans du Sud, très religieux. La parole de Mahomet avait pour eux force de loi. Le Prophète n’affirmait-il pas, dans le Livre Sacré, le Coran, que « l’homme qui ouvre sa maison à l’étranger sera lui-même accueilli par Allah dans son paradis ? »
Le regard des hommes dans la rue est une atteinte à la liberté. A toi d'y échapper en restant en prison. Tu vois le paradoxe, hein ? (p.148)
Je me rappelle que, la veille de mon départ, ma mère m'avait mise en garde d'une manière assez obscure, que je n'avais pas bien comprise sur le moment. Elle m'avait dit :
- On va te poser des questions sur notre vie ici. Sois honnête, mais ne raconte pas nos difficultés et la misère des gens comme nous... Oublie ça pour parler des bonnes choses.
- Pourquoi, Mà, pourquoi ? lui avais-je demandé.
- Parce qu'ils ne comprendraient pas qu'on reste en acceptant... tout ça ! Elle avait hésité avant d'ajouter : ... Et aussi parce qu'ils penseraient qu'on a quitté le pays pour être plus heureux... et qu'on a échoué. (p.122)
Médecin de campagne, institutrice de campagne ! Ils étaient tous devenus dingues à vivre ainsi hors du temps, hors du progrès, hors de la vraie vie.
La vraie vie ? Ah ! Et puis non ! Il n’allait pas, lui aussi, se mettre à délirer ! Paris l’attendait, son travail à l’hôpital, ses amis, les spectacles, les concerts…
Une litanie amoureuse qui ne s’achève que lorsqu’elle lui tend ses lèvres, qu’il redécouvre leur douceur incroyable et le plaisir aigu de cet accord entre eux.
Les fausses croyances commencent toujours ainsi, par de petits actes sans conséquence…
Il faut comprendre que dans ce pays la haine s’engendre comme la descendance : de génération en génération.
- On commence par constater... Et on finit par croire qu'en supprimant les conséquences, on s'attaque aux causes, refrain connu... (p.89)
Le racisme, je connais assez bien. Je me le suis injecté toute seule, pendant des années, sans même m'en apercevoir, pour rester dans les normes de l'intégration. (p.61)
J'ai grandi sans jamais penser à l'Algérie autrement que comme une province d'origine très lointaine. Un peu à la manière des Parisiens de naissance quand ils pensent à la Bretagne ou à l'Alsace des parents. (p.29)
Le jour où j'ai décidé de m'appeler Anne, c'était au lycée et j'entrais en seconde. (p.9)
La femme arabe ne se mêle pas des affaires des hommes.
Au contact des Berbères, les anciens pillards du désert étaient devenus ces fellahs (Paysans) sédentaires qui avaient construit les remparts. Puis Rome et l’Islam avaient inscrit dans la pierre et dans le cœur des hommes du village les lois archaïques qui réglaient encore leur vie quotidienne.
Seules, les grandes cuisines concentrent encore la vie, accueillent les rythmes quotidiens dans l’isolement extrême des fermes. La télévision s’impose, maîtresse des lieux, anachronisme d’un pays qui mélange toutes les époques.
La vie ici, pour moi, est comme un jeu dont les cartes seraient un peu truquées.
On ne se sert pas impunément de la sorcellerie comme alibi ! A moins de bien la connaître et de la pratiquer de longue date pour continuer à s’en servir comme bouclier, après l’action !…
Si les fermiers possédaient un minimum de connaissances vétérinaires, on sauverait deux fois plus de bêtes.