Le fait d'avoir grandi au contact des "éléments" est-il un atout à vos yeux ?
(...) Ces lieux et ce milieu façonnent des gens un peu verticaux, austères et tenaces... C'est un fond dont je ne me suis jamais départie, et le travail d'écriture, depuis plus de vingt-ans, m'y confronte constamment. L'écriture, pour moi, n'est jamais un divertissement ; je ne cherche pas de sujets et n'exhume pas des histoires plus ou moins aimables auxquelles je donnerais un tour sympathique, habile, réconfortant. L'écriture est un exercice de vertige et de jubilation, profondément lié à ce noyau premier, séminal. C'est là que je vais chercher ,à l'os. Chaque auteur, il me semble, doit trouver son territoire, son "noyau dur", souvent lié, même si ça ne se voit pas forcément, au lieu et au milieu où il a commencé d'être. En ce qui me concerne, ce nord du Cantal, ce pays perdu à 1 000 mètres d'altitude, est fondateur; et le sauvage n'est jamais loin; il palpite sous l'écorce des choses (p. 72)