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Citation de nadejda


Avec La Chevelure de Bérénice une voie s’ouvre pour moi dans le texte de Claude Simon, un chemin se fraie qui donne accès, le verbe se fait chair ; c’est la clef tachée de sang, de sueur ou de semence, la clef de la chambre secrète où pantèlent dans l’ombre les corps luisants.
(...)
La mer respire, on l’entend. Des odeurs montent, monteront. La phrase avance comme un navire, son étrave fend la page, elle draine dans son sillage la puissante coulée. On n’arrête pas la phrase, elle s’enroule, monte, halète, mugit, gémit, se tend, s’apaise, reprend. Elle pourrait ne pas finir, elle aurait toujours déjà été là, depuis toutes les nuits, et tous les crépuscules, et toutes les aubes, sur toutes les plages vides où des femmes aux cuisses laiteuses apparaissent dans le bleu gris des commencements. On est pris. Je suis prise.
Le monde surgit, il s’incarne, convoqué, épais, fluide, immédiat, suave et impérieux. Le texte ne s’épuise pas, le monde non plus, ils s’affrontent et s’emmêlent, moi je me contente d’être là, traversée, empoignée. C’est la mêlée majuscule, au centre du terrain, poils peau os sang sueur. Ce serait une crucifixion délicieuse, un écartèlement exquis qui voudrait ne pas finir.
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