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Critiques de Marie-Hélène Prouteau (24)
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La vibration du monde



Quand la poésie rencontre la peinture...

En général, des peintres, des dessinateurs, illustrent des textes, romans, contes ou fables. Cette fois, c’est la poésie qui illustre la peinture. Il y a une dizaine d’années, un 18 mars, Journée internationale des droits de la femme, Marie-Hélène Prouteau et Isabelle Thomas, Isthme de son nom d’artiste, se sont retrouvées au conseil départemental, à Nantes, autour d’une table ronde pour discuter de la place des femmes dans la vie artistique.






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Madeleine Bernard - La Songeuse de l'invisi..

À travers les tableaux d’Émile Bernard (1868-1941), de Paul Gauguin (1848-1903), de Louis Anquetin (1861-1932), la présence troublante de Madeleine captive l’attention. Quelques photographies de la jeune fille complètent cette approche visuelle. L’effacement est bien souvent le lot commun des muses dont nous ne connaissons que l’image immobile dessinée, peinte ou sculptée. Ainsi, Madeleine Bernard était restée une belle et mystérieuse inconnue, une inspiratrice majeure dont nous ne savions presque rien : la sœur du peintre Émile Bernard. Qui était-elle vraiment ?



Marie-Hélène Prouteau, nous révèle la personnalité de Madeleine Bernard, une jeune fille sensible, généreuse et éprise de liberté.



Il s’agit d’une biographie littéraire, non romancée, étayée par les recherches très fouillées menées par l’auteure qui a exploré les lettres écrites par Madeleine Bernard à son frère Émile, à ses parents, à sa grand-mère, à son amie Charlotte Joliet. Elle s’est tout autant intéressée à la correspondance adressée par Émile Bernard à sa sœur Madeleine, à ses parents, à ses amis artistes, ainsi qu’aux lettres adresses par Gauguin et Van Gogh à Émile Bernard. De nombreux tableaux d’Émile Bernard et de ses contemporains ponctuent l’évocation de la vie de Madeleine et l’émergence artistique de ce frère dont elle est si proche.



Marie-Hélène Prouteau trace les portraits d’Émile et de Madeleine, unis par une « secrète complicité ». Sur le fil des émotions, nous découvrons la personnalité attachante de la jeune fille, entièrement dévouée à son frère, jeune peintre en quête d’idéal. Cette jeune femme cultivée fuit les mondanités et apprécie la simplicité, le bonheur de l’instant. Elle a vécu d’heureuses escales en compagnie de son frère à Pont-Aven et à Saint-Briac.



Anticonformiste, Madeleine l’est assurément.

Madeleine étudie afin de pouvoir « travailler et avoir un état ». Madeleine écrit à son frère : « Accepte tout de moi. Je ne désire nullement me marier, je ne veux qu’une chose, c’est me rendre indépendante afin de t’aider. » Madeleine est la muse moderne d’une peinture avant-gardiste qui bouleverse le regard.



Elle a fait le choix difficile de l’indépendance qui l’a conduite à la rupture définitive avec sa famille, à l’exil à Genève, en compagnie de son amie Charlotte. Marie-Hélène PROUTEAU écrit : « Madeleine chemine dans la neige, là où il n’y a plus de chemin tracé. »



Alors qu’elle venait de rejoindre son frère Émile, parti pour de lointains ailleurs, elle disparaît au Caire, à l’âge de 24 ans.


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Madeleine Bernard - La Songeuse de l'invisi..

Madeleine Bernard La Songeuse de l’invisible, Marie-Hélène Prouteau, éditions Hermann, 2021, 19 euros, 150 pages.



Madeleine Bernard tient sa place dans l’histoire de l’art, une place congrue. On la reconnaît sur quelques œuvres, principalement Madeleine au Bois d’amour d’Émile Bernard, un portrait au revers de « La Rivière de Blanche » de Paul Gauguin, un autre Portrait de Madeleine Bernard de Louis Anquetin. Présence connue de la jeune femme qui a fait partie du petit monde et du moment artistiques de Pont-Aven. Présence connue, signalée dans « la vie et l’œuvre » d’autres reconnus. Tout cela est bien documenté et Marie-Hélène Prouteau a puisé à toutes les sources disponibles : les œuvres, les images photographiques, les correspondances. Mais il n’est pas question ici d’un livre ajoutant à l’histoire de l’art, ne serait-ce qu’au prisme du modèle ou de l’inspiratrice. Au regard des références abondantes rappelées en bibliographie, la recherche exhaustive de l’auteure reste discrète ; la connaissance ici a pour vocation d’irriguer le récit et ses détails, non pas de forcer le cercle académique. Madeleine, la femme d’à côté, sœur, amie, aimée, muse, modèle. Madeleine, la femme d’entre-deux hommes, Émile Bernard et Paul Gauguin. Madeleine, dans le rayon d’Isabelle Eberhardt… Son existence semble tenir au fil des autres. La sortir l’ombre, sortir la jeune femme de l’ombre portée des autres, c’est ce qu’a entrepris Marie-Hélène Prouteau. Elle nous conte sa vie brève. Madeleine s’éteint à l’âge de 24 ans. L’autonomie, elle la conquiert lentement, constamment rappelée à la véritable mission qui l’anime à servir la vocation de son frère Émile. Même lorsqu’elle prend du champ, poussée par toutes sortes de circonstances, elle se résoud péniblement à abandonner celui dont la fortune d’artiste, d’abord stimulée, est mise à mal par la compétition qui agite le groupe de ses frères en peinture. Son émancipation sera l’affaire de ses dernières années. Mais ici l’exercice biographique apparaît rapidement prétexte à l’entreprise avant tout littéraire de Marie-Hélène Prouteau. La voie empruntée est celle de la recomposition du point de vue de Madeleine, davantage encore, sa subjectivité.



De l’enfance à l’étape ultime, les remous de la vie familiale, l’engagement auprès du frère, les rencontres, les retenues et les excitations, rien ne manque à la biographie. Vue de très près, la jeune femme a mené une existence mouvementée mais jamais le récit n’emprunte les ressorts de la dramatisation. Comme dans d’autres compositions littéraires de l’auteure, on rencontre les chocs de la vie avec une même distance. Auprès de Marie-Hélène Prouteau, on a l’impression que le monde chuchote ou s’exprime à bas bruit, en toutes circonstances. Le spectacle du monde passe par une catalyse, après avoir séjourné dans l’intimité de l’auteure ; les moments de crise n’élèvent pas le ton. Par exemple, lorsqu’Émile reçoit la condamnation cinglante par son ami Vincent Van Gogh de ses premières toiles d’art religieux, le regard de Madeleine filtre la violence de la scène. En dépit des sentiments exceptionnels qui la lient à son frère, Madeleine apparaît comme témoin distancié. Moment de violence plus aiguë encore et qui lui est directement adressée par sa mère, sa révolte reste silencieuse. A-t-on affaire là à l’affirmation de l’autonomie, de l’altérité de Madeleine ou au filtre de l’auteure ? C’est la question qui accompagne la lecture de l’ouvrage, semble-t-il.



Ce point de vue de Madeleine, Marie-Hélène Prouteau offre de le saisir, dès l’enfance. En promenade, sur les bords de la Deûle, les jeux de l’air et de l’eau, les bateliers croisés, font autant d’événements ou plutôt se fondent dans les yeux de l’enfant en objets de contemplation. Madeleine est toute promesse de la songeuse de l’invisible, comme l’a nommée Marie-Hélène Prouteau. Petite contient déjà, celle qui traversera les péripéties du groupe de Pont-Aven est curieuse, aventureuse par petites gorgées, observatrice. L’affaire avec Gauguin semble reçue comme un hommage, ses sentiments soumis aux silences qui conviennent et à sa place de modèle. Le peintre, pour sa part, lui applique les couleurs vives du désir ; le portrait de séductrice qu’il a produit d’elle n’efface pas l’insaisissable chez Madeleine. Ce petit geste partout représenté de la pensive : la main où s’appuie la tête de la jeune femme signe sa personnalité. Même Émile doit faire une place à l’irréductibilité de ce geste lorsqu’il la peint en gisante, bloc bleu barrant le premier plan de Madeleine au Bois d’amour, bois figuré à la façon d’un papier peint. L’étrangeté de ce visage qui se détourne, appuyé sur sa main ajoute à l’étrangeté de cette réalisation hybride du médiéval et du japonisant. C’est la marque de Madeleine.



Ce qui s’affirme surtout, dans cette biographie littéraire, c’est l’approche singulière de la subjectivité de la jeune femme. À la lecture, l’on reconnaît la langue, les images, l’univers sensible de l’auteure ; elle se livre à une sorte de fusion avec la sensibilité du sujet Madeleine qu’elle restitue. Non seulement parce que c’est l’auteure qui détient les mots pour le dire mais parce que l’on reconnaît son regard dans celui de Madeleine. L’imagination créatrice confine ici à la délégation ; Marie-Héléne Prouteau et Madeleine apparaissent souvent sœurs en contemplation. Ainsi, parmi d’autres moments :



« Elle veut garder en elle ces belles sensations. La lumière qui flotte sur la baie tramée de vent. Les mares chaudes brillant comme des cristaux. ».



Madeleine a en commun avec Marie-Hélène Prouteau d’avoir les sens en éveil, de capter les événements minuscules qui font vibrer les paysages et appellent la contemplation ; chez elle, les résonances s’orientent vers le mysticisme. Peut-être les expressions de Madeleine que Marie-Hélène Prouteau a reconnues dans sa correspondance ont-elles éveillé le sentiment d’une proximité ? Ainsi, dans une lettre à ses parents :



« Les champs entourés d’arbres longs et feuillus jusqu’en haut et les petits pommiers bien échevelés qui sont çà et là dans les blés et les grands horizons de la mer et de la campagne, les belles étendues de blé noir en fleurs qui sont toutes blanches. »



Madeleine est-elle un sujet ou un motif ? L’une des formes données à la subjectivité de Madeleine prend un tour qui s’apparente à un travail sur le motif, au sens de la peinture. Une littérature peinture qui emprunte des circulations en ricochets : la sensibilité de Madeleine est décrite, dessinée pourrait-on dire, avec une palette colorée, aux façons d’aquarelle ; parfois également, Madeleine contemple à la manière d’un peintre :



« Il y a l’eau du fleuve dans son étreinte végétale, quelques bâtisses et toits de briques, des bouquets d’arbres, un champ d’herbes hautes. (…), Plongée dans sa rêverie, elle pressent qu’Émile le peindra un jour ce paysage de la fenêtre de Courbevoie. »



Peintre par procuration, car le peintre, c’est son frère. Il y aurait une circulation des perceptions, des représentations entre Madeleine, son frère et Marie-Hélène Prouteau. Emblématique de l’empathie extrême de l’auteure pour son sujet est cette célébration picturale de Madeleine :



« Longue et mince silhouette. Telle une aile de lumière, elle flotte sur le ciel bleu. »



On envisage aussi que l’auteure trouve en la personne de Madeleine le truchement pour traverser un passé de cette Bretagne qui ne cesse de l’inspirer. Creuset d’un moment de l’histoire artistique et culturelle où fermente une mixture de liberté subversive et de christianisme traditionnel. Émile Bernard en incarne la figure extrême : d’abord exalté par l’explosion des couleurs, puis par les représentations christiques, antisémite enthousiasmé par les thèses d’Edouard Drumont. Bretonnes au champ, en costume, figurations d’un bon peuple au labeur, fût-il représenté sous des formes inédites. Madeleine, pétrie de cet enracinement, est gagnée par des aspirations mystiques, trouve la force de la rupture et de l’exil, s’extraie finalement de l’emprise familiale et locale. Ancrages et échappées, une dualité qui anime la prose poétique de Marie-Hélène Prouteau, prêtée cette fois à Madeleine Bernard.



©Corinne Welger- Barboza




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Madeleine Bernard - La Songeuse de l'invisi..

La biographie littéraire de Madeleine Bernard, où l'écriture se fait épitaphe, offre une déambulation littéraire et picturale dans le temps retrouvé de l’Ecole de Pont Aven .
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