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Citation de le_Bison


Elle revenait de la rue Viger et , parce qu'elle était épuisée, elle a décidé de prendre le métro. A la station Berri, comme il y a toujours du monde, elle s'est installée près du tunnel d'où la rame émerge. Elle écoutait une chanson de Sting sur son baladeur quand le métro est arrivé. C'est là qu'elle l'a vu. Comme un ralenti au cinéma. Un ralenti avec la musique de Sting, des visages stupéfiés sur la musique de Sting, et ce garçon, ce jeune homme qui saute, qui bondit comme un taureau dans l'arène, qui fait face au métro qui ne ralentit pas, pas assez, pas assez vite, les yeux d'un jeune homme décidés, butés et son corps qui vacille d'avant en arrière comme pour fournir sa part d'élan à l'impact. Elle l'a vu regarder la mort, elle l'a vu défier, attendre le métro, déterminé, les yeux fixes, les épaules rentrées, le front tendu contre le choc. Elle avait l'impression que si elle tendait le bras, elle pourrait freiner le wagon qui fonce, elle pourrait briser le mouvement dément, faire cesser le bruit atroce des freins inefficaces.
Elle n'a rien entendu d'autre, aucun son pour accompagner l'éclaboussement d'un corps projeté contre du métal bleu, rien, ni cri ni bang, seulement tout ce corps devenu liquide qui gicle partout sur la musique de Sting. Toute cette chair éparpillée, sanglante et tous ces yeux muets, fascinés. C'est en effleurant la tache rose sur son t-shirt qu'elle s'est mise à hurler. Comme une bête, gueule ouverte, elle hurlait sans pouvoir s'arrêter, pliée en deux, penchée au-dessus du gouffre à vomir son cri, vissée à même le sol qu'on tentait de lui faire quitter.
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