AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Alzie


Alzie
04 novembre 2015
[•••] Au temps de Guernica, il m'a dit, dans ce même atelier : les fétiches ne m'ont pas influencé par leurs formes, ils m'ont fait comprendre ce que j'attendais de la peinture. Il tient et regarde l'idole-violon des Cyclades. Son visage naturellement étonné redevient le masque intense qu'il a pris quand il regardait les photos. Changement instantané. Télépathique. (Braque m'a parlé de "son côté somnambule") Il n'a pas fait un geste, il continue à parler ; la lumière et l'atmosphère sont les mêmes ; des bruits continuent à monter de la rue. Mais il vient d'être pris d'une angoisse et d'une tristesse communicatives. Je l'écoute, et j'entends une phrase qu'il disait au temps de la guerre d'Espagne : "Nous les Espagnols, c'est la messe le matin, la corrida l'après-midi, le bordel le soir. Dans quoi ça se mélange ? Dans la tristesse. Une drôle de tristesse. Comme l'Escurial. Pourtant je suis un homme gai, non ?" Il semble gai, en effet. [•••]
André Malraux. La Tête d'obsidienne, Gallimard 1974.

Témoignages et documents (p. 134)
Commenter  J’apprécie          50





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}