Longtemps on se sent seul parmi les hommes, jusqu’à ce qu’un jour on débarque parmi ses propres morts. On éprouve alors leur présence discrète – ceux-là ne sont pas turbulents, mais constants… L’apport original de chacun à sa propre personnalité apparaît bien modeste au regard de l’héritage que nous lèguent les morts. Nombre de trépassés que je n’ai même jamais vus continuent à vivre en moi : ils s’agitent, ils travaillent, ils obéissent au désir et à la crainte.
Sándor MÁRAI
Les Confessions d’un bourgeois, 1934