Mais, et comme tant de fois quand on joue avec le temps d’un peu trop près et qu’on s’y brûle les mains, la linéarité de ces jours lyonnais s’était perdue, échevelée ; seules, de vingt-cinq années de distance, me reviennent des fulgurances soudaines, matraquantes, enfouies dix secondes plus tôt et incontestables soudain : « comme si c’était hier ». Et, sous la couche de monotonie des choses, sous les couvertures d’ennui, elles éclairent un temps toute l’étendue de l’existence ; oh ! des moments revenus qui, lorsqu’ils furent vécus, étaient sans charme particulier, sans génie, mais qui, colorés de passé, sont tout à coup dans le sublime, qui, enrobés par mon cœur, le temps, mon cœur dans le temps, deviennent féconds, galvanisés, de plénitude dans le souvenir.