Marine Matisse

Les yeux noirs de Rosa étaient toujours plongés dans ceux d’Antonio et elle sentait son corps bouillir, comme désireux de laisser exploser toute la haine qu’il retenait depuis trop longtemps et qui la consumait.

Elle ferma les yeux lorsqu’elle sentit toute la force de l’homme pénétrer en elle. Relevant légèrement la tête, elle fut éprise d’une jalousie immense lorsqu’elle vit une femme embrasser sauvagement l’homme dont elle s’occupait. Rosa était possédée par l’homme qui était derrière elle. Son corps bougeait sauvagement en accord avec le rythme de ses coups. Doucement, la main qui tenait sa tête la libéra de son emprise et se posa sur celle de la jeune femme qui se tenait à côté d’elle. Elle la vit se mettre à genoux, lui faisant presque face.

Dans l’un de ses rêves, elle l’imagina se réveiller et se ruer sur elle pour lui faire l’amour sauvagement. Dans un second, elle la vit quitter sa chambre d’hôpital sans même se retourner vers elle, sans lui adresser un mot. Dans un autre, elle sentit Rosa lui serrer la main et eut la présence d’esprit de comprendre qu’elle n’avait pas rêvé. Dans le dernier rêve qu’elle fit avant de sursauter, Rosa s’était réveillée et Alfonso était venu l’éliminer avant qu’Adriana ait le temps de riposter.

La main posée dans son cou attira Rosa plus près de la bouche d’Adriana. Elle sentit une passion dévorante l’envahir alors que le souffle chaud de ses lèvres caressait presque celles d’Adriana. Elles fermèrent les yeux, se laissant flotter par l’amour incommensurable qu’elles ressentaient. Rosa sentit le délicat toucher de sa bouche chaude avant d’être violemment percutée par la matraque d’un policier. Sa tête heurta le sol et sa vision se troubla quelque peu.

Rosa sentit un frisson parcourir ses cuisses avant qu’elle n’insère ses doigts en elle. Rosa leva la tête, haletant à chaque mouvement, dérobant les lèvres de la femme dans une frénésie avide de volupté. Elle sentit son corps se raidir et elle saisit la main de la femme pour qu’elle la pénètre plus profondément. Elle lui mordit la lèvre lorsqu’elle atteint le plaisir ultime et la libéra de son étreinte quelques secondes plus tard.

Elle ne prit pas le temps d’exprimer sa fierté et courut vers elle, bousculant tous les individus se mettant en travers de son chemin. Elle ne vit pas Antonio frapper un homme ni Mario en pousser un autre. Elle ralentit sa course lorsqu’un nouveau mouvement de panique fit courir une dizaine d’hommes dans sa direction. Elle se protégea du mieux qu’elle le pouvait, mais elle fut frappée par un individu et se cambra sous la douleur.

Chacun de ses hurlements l’aurait habituellement pétrifiée sur place, mais pour une raison inconnue, Rosa n’avait jamais couru aussi vite. Elle était agile et la peur semblait lui donner des ailes. Elle s’éloignait de sa maison, vive comme le vent, laissant derrière elle des années de calvaire. Perdue dans la nuit noire, elle s’arrêta un instant pour reprendre son souffle, se jurant de ne plus jamais retourner d’où elle venait.

Des hommes dans les tribunes en bois hurlaient, tenant des liasses de billets dans leur main. D’autres applaudissaient, certains cachaient leur visage de leurs deux mains, pleurant probablement. Au centre de la pièce se trouvait une énorme cage en métal. Mario se mit sur la pointe des pieds pour tenter d’assister au spectacle. Il se fit bousculer par un homme qui hurlait en sautant, encourageant les participants.

Le baiser langoureux qu’ils s’échangeaient appelait le désir de l’autre. Rafael lui faisait ressentir toute sa force dans des mouvements sauvages sans ménagement. Son corps se tordait de plaisir et les fils du tapis s’arrachaient un à un sous le mouvement de sa main ferme. Elle sentit son plaisir atteindre l’apogée, mais il ne s’arrêta pas, comme brûlant de lui en offrir encore plus.

Tout ce qui l’importait, c’était d’obtenir des réponses. Elle lui lança une bouteille d’eau fraîche qui explosa lorsqu’elle tomba au sol. Elle fixa Camila froidement, sans bouger. Aucun mot ne sortait de sa bouche et pourtant, la jeune femme était pétrifiée. Malgré toutes les fois où elles avaient été amenées à se confronter, Rosa ne l’avait jamais regardé d’une telle manière.