Découpés en autant de chapitres que de débats, Idées reçues sur l’homoparentalité aborde l’ensemble des sujets sur lesquels on se pose des questions, de manière fondée ou pas, sur ce domaine. Prenant pour titre une idée préconçue mais que l’on entend pourtant systématiquement dans les médias, chacune des parties de l’ouvrage s’applique à déconstruire chacune de ces idées reçues de façon scientifique. Ainsi l’on pourra lire que l’homoparentalité ne concerne pas que l’adoption d’enfant par des homosexuel-le-s, que dans un couple gay il n’y a généralement pas « un homme qui fait la mère et un autre le père » ou que la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe n’a pas supprimé les difficultés rencontrées par des couples homosexuels pour être parents. Tout ceci assorti d’une petite phrase préliminaire savoureuse qui rappelle le genre de poncifs ridicules que l’on a pu entendre ces dernières années.
La rigueur scientifique d’Idées reçues sur l’homoparentalité est assez remarquable. Martine Gross use de l’ensemble des méthodes scientifiques pour éviter de rentrer dans des querelles stériles. Ainsi les statistiques sont usées à bon escient afin de légitimer un discours, tout en prenant soin de préciser systématiquement les populations concernées et les éventuelles limites que l’on peut fonder sur une absence de recul, en soi naturelle puisque l’on dispose de relativement peu de données et de séries longues. Des études qualitatives complètent ces premières données, et l’ensemble des champs des sciences humaines sont convoquées : sociologie, psychologie (souvent comportementale), psychanalyse, anthropologie, etc. Et une fois de plus, l’auteure prend soin de citer ses sources, et, bien que partisane, et militante, de donner une place aux arguments opposés.
Dans le fond, Idées reçues sur l’homoparentalité n’a rien de choquant : l’ouvrage ne fait qu’objectiver des principes de base que l’on devrait tous intégrer. Ainsi l’ensemble des chercheurs qui travaillent dans le domaine du développement de l’enfant n’ont de cesse de répéter que les enfants qui grandissent au sein de couples homoparentaux ne développent pas plus de traumas que ceux qui sont élevés par « un papa, une maman ». L’argument phare développé par Martine Gross est en particulier qu’aujourd’hui la plupart des situations familiales sont « atypiques » : monoparentalité, beaux-parents et divorces sont les lots communs de nombreuses familles contemporaines. Autoriser la PMA et la Gestation pour autrui (GPA) ne ferait que réglementer des pratiques qui se font actuellement de façon illégale, donc n’assurant pas de protection juridique. Soyons donc pédagogues et déconstruisons ensemble ces idées reçues.
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