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Citations de Martine Salucci (93)


Martine Salucci
À la sonnerie du départ, comment m’esquiver ? Une couvée de dossiers languissait sur mon bureau. Pour autant, rester en place désavouait mon souhait. Sans gaieté de cœur, j’ai achevé mes besognes avant de rejoindre la rue nappée de brume. Un air humide, pénible à respirer. Imbibée de pâleur diffuse, j’ai entamé une traversée égarée. La vue brouillée, contrainte d’évoluer dans un océan confus, je me croyais en un tableau de Monet.
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Martine Salucci
À la réalité ensuite de me ravir l’irréel. J’ai donc tapé une lettre au ralenti. Mouliner en accéléré était d’un ridicule ! N’en déplaise à de louables têtes pensantes, tout travail ne chasse pas l’ennui. Ces sommités se verraient-elles à ma place ?
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Martine Salucci
Réinstallé en vitrine, le trouble-fête s’est mué ensuite en point fixe. À mes doléances alors de se reporter ailleurs. M’attribuer un rôle de dactylo-messagère, quelle disgrâce ! Il y a un an en effet, j’avais accédé au faux nirvana de secrétaire. Loin de m’élever, depuis ma retombée, je partageais la déchéance de milliards d’humiliés.
En dernière heure, ma vigilance vacillait. Au réel donc de se brouiller pour laisser place à une contrée exotique. Un berceau d’orchidées m’a recueillie. À mes pieds fredonnait une source avant de s’égarer en Amazonie. Soudain, au ciel a jailli une envolée bleue, rouge et verte. Des quetzals ! De leur queue interminable, ces oiseaux mythiques balayaient l’air étonné. Ah ! les dessiner, en peindre les couleurs, en épouser l’harmonie. Mais j’étais malhabile.
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Martine Salucci
À la suite des paroles tranchantes, comment lécher la main de mon tue-bonheur ? Son ton avait guillotiné mon énergie. Passer outre, j’en ignorais la formule. En vain espérais-je voir surgir un libérateur. Et quelle hantise d’arriver au bout de la journée, au bout de moi-même !
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Martine Salucci
À cet instant est survenu l’imprévisible. Lors de sa ronde, le chef m’a effleurée au passage puis il a réitéré son manège. Devenir la pâture d’un séducteur répugnant, quelle ignominie ! À en juger par son embonpoint, ce satyre ne devrait-il pas pratiquer l’abstinence ? Sans contredit, son geste valait une gifle mais la prudence m’a soufflé de me tenir à carreau.
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Martine Salucci
J’étais injuste. Devant moi s’échinait la secrétaire vissée sur son siège. Sa masse noire de cheveux en frémissait. Mais soudain, sa tête-girouette a pivoté : « Hep, la nouvelle ! » a-t-elle glapi. « Notre chef est le meneur à suivre ! » S’étant levée, échauffée, elle caressait le bouc piqué sur son corsage. Comme je restais sans voix, elle a renchéri : « Du reste, il n’y a pas meilleur que lui ! » Stupéfaite, je lui ai décoché un regard incrédule. S’enticher du comique qui nous chapeautait, je n’en croyais pas mes oreilles. Si on en érigeait la statue, j’étais partante pour la peinturlurer. Jusque-là, avais-je ressenti le moindre engouement envers un supérieur ? Le respect suffisait dans l’exercice de mes fonctions.
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Martine Salucci
La première heure m’a vouée à des tâches léthargiques. J’avais grand mal à rester éveillée. Les autres dactylos sommeillaient. Quel tort d’avoir posé les pieds dans un dortoir ! Je m’en voulais de ce faux pas.
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Martine Salucci
Ces prémices achevées, l’heure était venue d’exercer ma vigilance. Une odeur de café infiltrée dans l’air émanait de la loge de verre. En cet abri illusoire, l’empêcheur de tourner en rond faisait le guet, l’œil rivé à sa montre. À neuf heures sonnantes, il a déboulé chez ses subordonnées afin de gâcher l’ambiance. Sans doute en avait-il reçu l’ordre, mais de ce zèle superflu, j’avais à redire.
Remisé sous verre, le nain grassouillet s’oubliait à distance. Reléguée au second rang, je voyais se découper sur ma gauche le profil alangui de Crin-jaune. Devant moi, Gros-nez me cachait à moitié. À côté, Yeux-ronds baillait à l’envi. Si on était du nombre des points cardinaux, nulle distraction prévue au programme. Il s’agissait de se mettre en quatre pour le service.
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Martine Salucci
Curieuse société où je m’étais fourrée ! S’offusquer pour une vétille ! Avais-je trop forcé sur l’ironie ? N’être pas un as de l’humour, honni soit qui mal y pense. Pour me venger, j’ai affublé les dactylos de sobriquets : Crin-jaune et Yeux-ronds assortis à Gros-nez. Quant au chef, il méritait l’anonymat.
En réalité, seule dans mon coin, je n’en menais pas large. Quelle erreur d’avoir ouvert la bouche ! Allait-on m’en vouloir à l’avenir ? Dans l’ignorance, j’ai égaré mon regard sur la moisissure des murs. Même indigence chez les humains. Mais eux, comment les améliorer ? Alors que Gros-nez échangeait des fadaises avec ses comparses, laissée-pour-compte, je gardais mes distances. En rupture avec mes compagnes, allais-je dévoiler ma part secrète ?
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Martine Salucci
Au détour d’une rue s’est profilée la bâtisse frangée de nuages sur un fond bleu layette. Ma mauvaise vue la croyait vaporisée en un flou délicat. Mais mon approche en a révélé la laideur. Rien à voir en principe avec sa vie interne. Le seuil franchi, d’humeur allègre, j’ai escaladé quatre étages.
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Martine Salucci
Dehors, les yeux mi-clos, j’ai humé un ciel assoupi. Ses vapeurs traînantes s’alliaient à ma léthargie. Mais un vent inquisiteur passait par là. À peine a-t-il soufflé sur moi que bien réveillée, le brouhaha de la rue est venu me troubler. Sur le trottoir gisaient des feuilles errantes. Les arbres étourdis avaient tort de se dévêtir en plein trottoir. Mais comment maîtriser les saisons ? Plus loin, je me suis arrêtée court. Au sol claudiquait une vieille corneille famélique auquel nul ne prêtait attention. Moi qui chérissais les oiseaux, cette scène m’a fendu le cœur. Mais évanoui le temps où je veillais sur leur existence organisée en rase campagne. Aujourd’hui, je devais passer outre et trottiner jusqu’à ma destination.
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Martine Salucci
À la fenêtre, j’ai porté mon regard au cœur d’un tableau inchangé depuis dix ans. Rester en place me privait de l’étonnement d’un lieu nouveau. La vue ne donnait pas sur la campagne mais sur une enfilade de toits hérissés de cheminées disparates. Nulle vie végétale ne tranchait avec cette chlorose humaine. L’ensemble surplombait une rue exiguë, le royaume des voitures bruyantes. Sans doute, le ciel s’affichait en haut mais ses nuages en loques évoquaient mes pensées en haillons.
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Martine Salucci
Au matin, un jour d’automne assassin tourmentait la métropole. Triste octobre ! Du haut de ma fenêtre, je lorgnais désappointée un ciel encrassé qu’aucune ivresse ne venait interrompre. À l’écart de la parade glorieuse du soleil, ce spectacle arborait une mine suspecte sans vergogne. Dimanche, jour de congé, jour de rien en ce qui me concernait.
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Martine Salucci
À la nuit suivante de prendre le relais. Lasse de vie verticale, j’ordonne à mon canapé de se changer en lit. Aussitôt, ma pièce à vivre se convertit en chambre. Ce prodige m’assure la coulée du présent. Mon corps frileux s’est vite blotti en chien de fusil. Mais au vu de la marche des aiguilles, je ne tarderai pas à prendre l’attitude du gisant même si je suis vivante au creux de l’ombre agrandie.
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Martine Salucci
Son exaltation retombée, une plainte sourde parcourt la forêt. Le vent… Laure tressaille en mesurant sa solitude. Les oiseaux se sont tus comme dans un endroit maudit. Elle qui rêvait de tranquillité, la voilà servie. Son chemin de traverse l’a fait atterrir en un lieu atroce, un territoire indigeste comme un grand désert. Ici, la présence humaine se résume aux va-et-vient des randonneurs. La campagne n’est pas assez peuplée. Loin du monde civilisé, est-elle mieux lotie qu’en pleine jungle ? Une terre hospitalière aurait garanti sa survie. Mais là sans point d’appui, hors circuit ! Egarée en ce labyrinthe végétal, tout lui échappe jusqu’à sa brebis perdue. La forêt est un rempart où s’écroulent ses rêves. Sa quête vide de sens n’a plus de raison d’être. Cette aberration prend toute la place. « Ah ! si j’avais su ! » s’écrie-t-elle. Coupable de son caprice, elle paye cher d’avoir présumé de ses forces.
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Martine Salucci
Le jour de l’enterrement, des sans-gêne dévorent les Blanchard des yeux. Au cours de l’homélie, le Père Mathieu ne manque pas d’éloquence pour chasser les mauvais esprits. Mais quel pouvoir a-t-il contre les ragots ? Tandis que les murmures enflent, l’assistance perd de sa discipline. Des dévotes s’assoient au lieu de se relever, d’autres s’agenouillent par distraction. Au cours du dernier hommage, la mère Fayot se tient debout les bras ballants. Morts d’impatience, les hommes examinent leur montre ou pétrissent leur casquette entre leurs doigts. Les pleurs sont jugés de bon ton. Si Mathilde en connaît un rayon pour capter l’attention, rien de sincère n’est décelé chez Laure. Pourtant, celle-ci se tourmente. Ce désordre en elle, son cauchemar de l’autre nuit…Voir Honorine étrangler Théodore ! Son décès serait-il un châtiment ? Ses soupçons lui causent un mal-être profond.
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Au grincement des gonds, la jeune fille tressaille. On dirait un appel, un gémissement lointain. Serait-ce Segundo ? Impossible. Il ne reste de lui aucun symbole, nulle ombre fugitive. Avant de s’éloigner, l’Indien ne lui a confié ni photo ni même de hierba buena. Désireux de rouler sa bosse ailleurs, ce personnage illusoire ne lui a laissé que des regrets. Une distance les sépare que les kilomètres n’expliquent pas. Avec le temps, son souvenir se muera en fiction, en mythe douloureux peut-être. Que vaut l’imaginaire qui n’existe qu’en soi ?
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Martine Salucci
Lorsque Segundo arrête ses pas, les adieux sont proches. Instant inexprimable. L’éclat du ciel n’adoucit pas la séparation. « Cet homme va sortir de ma vie ! » se dit Laure. Au dernier serrement de main, elle répond par une pression légère. En s’éloignant, elle se retourne, une force l’y contraint. Les bras croisés, telle une statue de bronze, la figure fière n’a pas bougé. Ses yeux d’oiseau de proie scrutent le ciel comme pour y pénétrer. Troublée, la jeune fille revient sur ses pas.
« N’est-ce pas que tu avais oublié… » commence l’Indien d’un ton grave.
« Segundo » l’interrompt une voix changée. « Demain… à quelle heure repars-tu ? »
« A l’heure où le ciel jaillit hors de la nuit ! » déclare le Jivaro qui ajoute : « Cette fois, à mon tour de te poser une question. Crois-tu que le village qui t’a vu naître suffira à ton bonheur ? » Les prunelles de l’Indien palpitent. Au fond se dérobe une énigme. Mais pour Laure, comment abolir la peur, briser les interdictions ?
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Martine Salucci
Sur la route du retour, Laure se bat pour retrouver sa lucidité. Bercée par le ronron du moteur, elle soupire. Sa rencontre, était-ce le fruit du hasard ? Dire qu’au réveil, elle ne soupçonnait rien ! En elle, quelque chose a changé à présent. Finis, les regards échangés et le flux bienveillant des paroles. Evanouie la hierba buena et la saveur du silence. Et cette connivence qui se perçoit sans mots. N’avoir fait aucune avance au pèlerin ! La jeune fille s’en mord les doigts. Pourtant, un soupçon de coquetterie l’aurait mise en valeur. Ah ! bien connaître les règles du jeu. Désormais, elle devra mener une conversation en tête à tête avec elle-même. Accablement, silence. Tout rebâtir. Le vrombissement de la voiture engourdit sa conscience.
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Martine Salucci
Lorsque Segundo arrête ses pas, les adieux sont proches. Instant inexprimable. L’éclat du ciel n’adoucit pas la séparation. « Cet homme va sortir de ma vie ! » se dit Laure. Au dernier serrement de main, elle répond par une pression légère. En s’éloignant, elle se retourne, une force l’y contraint. Les bras croisés, telle une statue de bronze, la figure fière n’a pas bougé. Ses yeux d’oiseau de proie scrutent le ciel comme pour y pénétrer. Troublée, la jeune fille revient sur ses pas.
« N’est-ce pas que tu avais oublié… » commence l’Indien d’un ton grave.
« Segundo » l’interrompt une voix changée. « Demain… à quelle heure repars-tu ? »
« A l’heure où le ciel jaillit hors de la nuit ! » déclare le Jivaro qui ajoute : « Cette fois, à mon tour de te poser une question. Crois-tu que le village qui t’a vu naître suffira à ton bonheur ? » Les prunelles de l’Indien palpitent. Au fond se dérobe une énigme. Mais pour Laure, comment abolir la peur, briser les interdictions ?
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